Trois ex-chanceliers allemands critiquent la politique des sanctions

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En fin de semaine dernière, le troisième gouvernement de la chancelière Angela Merkel fêtait ses 100 jours. La "phase d'accélération" de la nouvelle grande coalition CDU/CSU-SPD s'est déroulée dans une atmosphère tendue, écrit le lundi 31 mars le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

En fin de semaine dernière, le troisième gouvernement de la chancelière Angela Merkel fêtait ses 100 jours. La "phase d'accélération" de la nouvelle grande coalition CDU/CSU-SPD s'est déroulée dans une atmosphère tendue, écrit le lundi 31 mars le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'Ukraine, la Crimée, la réaction des Etats-Unis et de l'Union européenne, ainsi que la question des sanctions contre la Russie ont figuré au premier plan dans le débat. Le gouvernement fédéral s'est retrouvé dans une position délicate. La logique de bloc exigeait que Berlin se rallie à la "ligne dure" menée par Washington. Mais cela ne coïncidait pas avec la volonté de la grande majorité des députés allemands, qui plus est avec les intérêts de l'économie allemande.

La récente interview de l'ex-chancelier Helmut Schmidt, publiée dans l'hebdomadaire Zeit, a suscité de nombreux échos, majoritairement positifs. Sur fond de propagande généralisée, le public a été déboussolé par les déclarations de cet homme politique, figurant parmi les plus respectés d'Allemagne, qui affirmait que les actions du président Vladimir Poutine en Crimée étaient "totalement compréhensibles", et taxait de "ridicule" l'idée d'adopter des sanctions contre la Russie, qui porteraient tout autant atteinte à l'Occident. Selon Schmidt, au lieu d'annuler le sommet de Sotchi, l'idéal serait de se réunir immédiatement: "En tout cas, cela aurait davantage servi la cause de la paix que les menaces de sanctions". Schmidt estime que l'Occident commet une erreur en présentant l'invasion de l'est de l'Ukraine par la Russie comme inévitable.

L'ex-chancelier Gerhard Schröder a également fustigé à plusieurs reprises la politique de l'UE dans la crise ukrainienne. Et en ce qui concerne les accusations de violation du droit international émises contre Moscou par les pays occidentaux, il a suggéré d'éviter de soulever la poussière en rappelant que l'Allemagne avait envoyé des avions bombarder la Serbie avec l'Otan sans autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies.

L'ex-chancelier et "père" de la réunification allemande Helmut Kohl, à son tour, a appelé les Allemands à faire preuve de retenue. Il reproche également à l'Occident sa négligence en Ukraine, ainsi que son "manque d'attention dans les relations avec le voisin russe, notamment avec Poutine". Helmut Kohl rappelle: "Nous ne devons pas oublier que la guerre n'est pas un outil de la politique. Nous souhaitons vivre dans une Europe en paix, dans une atmosphère de confiance mutuelle".

Ces derniers jours, la position des milieux d'affaires, qui s'opposent activement aux sanctions et à la dégradation des relations avec la Russie, suscite tout autant de commentaires. Une attention particulière a été accordée à la visite à Moscou du PDG de Siemens Joe Kaeser, qui a été reçu par le président Vladimir Poutine. Ce "capitaine" de l'économie allemande a souligné que Siemens avait l'intention d'accroître ses investissements dans le cadre de la coopération traditionnelle avec la Russie. La presse allemande n'a pas omis de souligner que Kaeser avait également rencontré le PDG des Chemins de fer russes Vladimir Iakounine, qui figure sur la liste noire des USA. Ce détail ne semble pas non plus effrayer le président de Deutsche Bahn Rüdiger Grube. Lui aussi rencontrera prochainement son homologue russe. Selon Rüdiger Grube, ce partenariat est le fruit de décennies d'efforts et les chemins de fer allemands n'ont pas l'intention de renoncer à leur profit annuel en Russie, qui atteint 250 millions d'euros.

D'après la revue Spiegel, le comportement du PDG de Siemens est symptomatique des "capitaines" de l'économie allemande vis-à-vis de la crise entourant la Crimée. Le PDG d'E.ON Johannes Teyssen, le président du groupe Volkswagen Martin Winterkorn, le coprésident du conseil d'administration de la Deutsche Bank Jürgen Fitschen, et bien d'autres, se sont exprimés récemment sur la confrontation entre Poutine et l'Occident. Leur avis se résume ainsi : "Les déclarations se suivent et se ressemblent. Des sanctions? Il vaudrait mieux l'éviter! Elles ne mèneraient qu'à l'exacerbation du conflit, ce que personne ne souhaite".

La chancelière fédérale Angela Merkel a également déclaré vendredi dernier qu'elle espérait éviter des sanctions économiques. Par ailleurs, son propre gouvernement a été préoccupé par sa déclaration concernant la révision totale de la stratégie énergétique à venir. Cette inquiétude est même partagée par le vice-chancelier et ministre de l'Economie Sigmar Gabriel. Ce dernier est convaincu qu'il n'existe aucune alternative au gaz russe dans un avenir prévisible. Il a également rappelé que la Russie avait tenu ses engagements "même durant les années les plus sombres de la Guerre froide".

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