Kiev reporte la signature d'un accord d'association économique avec l'UE

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L'Europe doit choisir entre la guerre froide et la douche froide. Le sommet des dirigeants de l'UE qui s'est ouvert jeudi pour deux jours devrait montrer si l'Union européenne est prête à rester réaliste sur les questions géopolitiques, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

L'Europe doit choisir entre la guerre froide et la douche froide. Le sommet des dirigeants de l'UE qui s'est ouvert jeudi pour deux jours devrait montrer si l'Union européenne est prête à rester réaliste sur les questions géopolitiques, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

L'UE préférera-t-elle une douche froide - l'intégration de la Crimée à la Russie - à une nouvelle guerre froide ? Les dirigeants européens n'ont pas caché qu'au-delà des problèmes économiques, ils comptaient évoquer la crise en Ukraine et se consulteraient sur l'adoption de sanctions contre la Russie. Cet ordre du jour reflète clairement le doute qui plane à Bruxelles : faut-il faire monter le degré de la confrontation avec Moscou ?

Les déclarations les plus fortes ont été entendues dès le début du sommet. La Lettonie a exigé de ses collègues de l'UE des indemnités financières de plusieurs milliards, étant donné que les éventuelles restrictions économiques à l'égard de la Russie affecteraient son économie. La France n'a pas l'intention de rompre unilatéralement les contrats pour la fourniture des porte-hélicoptères Mistrals et compte éviter l'adoption de sanctions contre Moscou dans le secteur

militaro-technique. Le Royaume-Uni, quant à lui, s'oppose à des sanctions susceptibles de détériorer ses interactions avec la Russie dans le secteur banquier et financier.

L'Allemagne a significativement assoupli sa rhétorique antirusse. Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a appelé ses collègues à engager des actions raisonnables vis-à-vis de Moscou. Il a déclaré que la "réaction face à la Russie ne peut être que paneuropéenne". Cette remarque est avant tout adressée à Washington, qui exige justement de Berlin qu’il dirige un mouvement de sanctions. Mais comme ces questions sont très sensibles et épineuses pour les affaires allemandes Berlin a refusé d'être ce leader, rejetant la responsabilité d’éventuels problèmes économiques du Vieux Continent sur tous les membres de l'Union européenne sans exception.

Les problèmes actuels de l'Europe résident dans l'imprévisibilité absolue de ses nouveaux partenaires ukrainiens. Les extrémistes nationalistes arrivés au gouvernement de Kiev provoquent par leurs déclarations des réactions de la Russie, tout en cherchant à impliquer l'Occident dans le conflit.

La signature d'un accord d'association politique entre l'Union européenne et l'Ukraine est prévue le 21 mars mais le premier ministre Arseni Iatseniouk a préalablement déclaré qu'aucun document d'association économique ne serait ratifié. Selon lui, cette position s’explique par le fait qu’il faille "prendre en compte les inquiétudes et les craintes concernant les conséquences négatives de la zone de libre échange pour les régions industrielles, notamment l'est de l’Ukraine". C'était justement l'argument du président légitimement élu, Viktor Ianoukovitch, pour expliquer le refus de signer un accord d'association avec Bruxelles. Puis a eu lieu le Maïdan… Et aujourd'hui Iatseniouk prend la même décision. Mais l'Occident n'organise aucune démarche à ce sujet. Le Maïdan reste, lui aussi, silencieux.

Il est aussi inutile de parler des doubles-standards de l'Occident que d'essayer de prouver que la Terre est ronde ou que Washington est la capitale des Etats-Unis. Cela ne surprend pas.

En revanche, tandis que les politiciens européens s'efforcent de convenir du montant de l'aide économique pour Kiev, les sondages montrent que 57% des Allemands et 64% des Français ne souhaitent pas aider les Ukrainiens financièrement. Plus de 62% des Allemands et plus de 71% des Français ne souhaitent pas voir l'Ukraine au sein de l'UE. Les hommes politiques occidentaux doivent tenir compte de ces chiffres. Il est évident que si en raison des sanctions adoptées contre la Russie suite aux événements en Ukraine des dizaines d'Européens perdaient leurs emplois, cela n'améliorerait pas leur attitude envers Kiev.

Autre détail éloquent : avant d'évoquer le problème ukrainien les participants au sommet de Bruxelles ont rencontré les employeurs et les syndicats européens. C'est-à-dire ceux qui seraient directement touchés par d’éventuelles sanctions contre Moscou.

Les politiciens de Bruxelles devraient écouter l'avis de l'ex-ambassadeur des Etats-Unis en URSS (1987-1991) Jack Matlock, qui suggère d'accorder aux régions ukrainiennes les mêmes droits que les Etats américains, et à la langue russe le même statut que l'ukrainien.

 

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