Sanctions contre la Russie: un effet-boomerang pour l’Occident?

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Moscou devra tenir compte des sanctions économiques de l'Occident. Il y a quelques jours le président Obama a approuvé des mesures concrètes visant des citoyens et des organisations russes "représentant une menace à la sécurité et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Les Européens préparent des mesures similaires, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Moscou devra tenir compte des sanctions économiques de l'Occident. Il y a quelques jours le président Obama a approuvé des mesures concrètes visant des citoyens et des organisations russes "représentant une menace à la sécurité et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Les Européens préparent des mesures similaires, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Jusque-là l'UE s'était limitée à suspendre les négociations sur la levée du régime de visas et un nouveau traité de coopération. Mais d’autres leviers de pression économiques sur la Russie existent, notamment des plans en trois étapes pour la suspension des relations économiques avec Moscou, qui ont déjà été annoncés. Du côté de Bruxelles, dont les relations économiques avec la Russie sont plus étroites que Washington, certaines mesures ont déjà été identifiées : le Parlement européen suggère d'instaurer un embargo sur certains produits russes. Le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger parle même de bloquer à Gazprom l'accès au gazoduc OPAL qui passe en Allemagne et relie le Nord Stream aux autres réseaux gaziers, contrairement aux accords convenus, et prône la fermeture des plans pour la construction du South Stream. On peut donc affirmer que Bruxelles n'a pas attendu pour passer directement au troisième stade, qui implique l'instauration d'un embargo, même s'il ne s'agit que d'un seul produit pour l'instant – le gaz naturel.

Cependant les économistes et les entrepreneurs allemands sont prudents à l'égard des restrictions économiques contre Moscou annoncées par Bruxelles. Selon l'économiste Hans-Werner Sinn, président de l'institut Ifo, "l'Allemagne ne peut pas se permettre de telles sanctions". Après tout, l'abandon des centrales nucléaires et thermiques pour passer aux énergies renouvelables est irréalisable sans augmenter les livraisons de gaz russe. Evidemment à terme la Russie pourrait être remplacée dans ce domaine mais cela demandera beaucoup de temps et d'investissements. De plus, des perturbations des livraisons de gaz russe aujourd'hui pourraient faire chuter la conjoncture et mettre un terme à la croissance économique de l'UE qui commence à peine à se relancer.

Certains experts estiment que le Kremlin pourrait difficilement renoncer aux exportations d'hydrocarbures vers l’UE car l'état de son budget en dépend. Et aucun autre commerce entre l'UE et la Russie n'a autant d'envergure que la vente de gaz et de pétrole. Les 6 000 sociétés allemandes travaillant en Russie pourraient être prises en otage de ces sanctions économiques, sans compter les nombreuses compagnies néerlandaises et britanniques. Il ne faut pas non plus oublier les sociétés des pays baltes, qui sont en grande partie orientées sur le transit entre l'UE et la Russie. Il est donc évident que des sanctions économiques toucheraient non seulement Moscou mais entraîneraient aussi une profonde crise en Europe. Dans le contexte d'une conjoncture mondiale instable, la crise pourrait se propager vers d'autres pays du monde occidental et atteindre une envergure mondiale.

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