L’extrême droite française profite du sentiment anti-européen

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Tout en se préparant pour les élections municipales françaises en mars, le Front national marque des points pour les législatives européennes de mai. Un récent sondage de l’institut OpinionWay montre qu’en termes d’intentions de vote le parti de Marine Le Pen devance le PS et talonne l'UMP, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Tout en se préparant pour les élections municipales françaises en mars, le Front national marque des points pour les législatives européennes de mai. Un récent sondage de l’institut OpinionWay montre qu’en termes d’intentions de vote le parti de Marine Le Pen devance le PS et talonne l'UMP, écrit lundi le quotidien Kommersant.

La dernière étude en date de l'institut OpinionWay met en évidence la profonde désillusion des Français vis-à-vis de l'Union européenne : pour 45 %, le premier mot qui vient à l'esprit quand on leur parle de la construction européenne est "déception", très loin devant les 18 % qui pensent d'abord à "espoir". 7% des personnes interrogées ont d’abord un sentiment de "rejet" et 4% en ont "peur". Seulement 3% en sont satisfaits. Plus précisément, on remarque que l'Europe est davantage défendue par les jeunes et les personnes diplômées, alors que les Français qui n'ont pas fait d'études après le baccalauréat, les générations adultes et âgées s'y opposent.

54% des personnes interrogées ne pensent pas que l'UE est une menace pour l'identité du pays et 53% s'opposent à l'abandon de l'euro et au retour au franc. L'idée même d’intégration européenne n'est donc pas remise en question. En revanche, cet état d'esprit des électeurs promet de sérieux changements dans la politique intérieure de la France. A choisir entre les intérêts nationaux et européens, 68% se sont prononcés en faveur des intérêts nationaux.

Cette attitude se reflète sur le choix des citoyens français pour les 74 sièges de députés européens : plus les candidats sont "eurosceptiques", plus ils suscitent de sympathie. Si les élections avaient lieu aujourd'hui, 22% auraient voté pour l'UMP et seulement 16% pour le PS. Une troisième force a fait son apparition : 20% des Français sont actuellement disposés à voter pour le FN. Le parti de Marine Le Pen dépasserait ainsi les socialistes aux législatives européennes, juste derrière l'UMP.

L’humeur des Français a certainement été influencée par les résultats du référendum suisse du 9 février, où la majorité du pays s'est prononcée en faveur d’une limitation de l'immigration en provenance d'autres pays d'Europe. Si la Suisse, prospère et membre de l'espace Schengen, peut fermer ses frontières, alors pourquoi la France ne suivrait pas son exemple ? D'après les sondages, six Français sur dix prôneraient la "solution suisse".

Marine Le Pen ne se cache donc plus pour affirmer que la majorité de la population réclame "plus de France et moins d'Europe". Elle a conscience du fait que les idées antieuropéennes lui apportent des partisans en France et renforce la critique de l'UE, tout en lui permettant de créer avec d'autres partis nationalistes une coalition antieuropéenne au Parlement européen.

En avançant le Front national comme défenseur des valeurs françaises sur l'arène internationale, les électeurs renforcent inévitablement ses positions en politique nationale. Ce sondage sur les élections de mai influencera très probablement le résultat des municipales de mars.

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