Les marchands d'armes européens ont versé des pots-de-vin au ministère grec de la Défense

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Nouveau scandale de corruption : les hauts fonctionnaires du ministère grec de la Défense ont acheté des armes inutiles pour leur pays contre des pots-de-vin, écrit lundi 10 février le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Nouveau scandale de corruption : les hauts fonctionnaires du ministère grec de la Défense ont acheté des armes inutiles pour leur pays contre des pots-de-vin, écrit lundi 10 février le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Un ex-haut responsable du ministère a reconnu avoir reçu 16 millions d'euros de pots-de-vin de la part d’entreprises étrangères en échange de la signature de contrats. Il a déjà rendu 7 millions d'euros à l'Etat mais a reconnu avoir accepté tellement d'argent qu'il était incapable de se souvenir qui le soudoyait et pourquoi. Des enquêtes sont également en cours dans les pays impliqués.

Quand Antonis Kantas, directeur général adjoint aux armements du ministère grec de la Défense de 1997 à 2002, s'était opposé en 2001 à l'achat de chars allemands, le représentant de l'usine qui les produisait avait laissé dans son bureau une mallette contenant 600 000 euros, écrit le New York Times. D'autres producteurs d'armes versaient des paiements via le système bancaire international en ouvrant des comptes de dépôt à son nom dans des banques étrangères. Kantas n'avait pas le pouvoir de prendre des décisions autonomes sur la majorité des achats de ce genre, mais pouvait s'y opposer. La corruption au sein du ministère de la Défense était d'une telle ampleur que même un fonctionnaire d’influence relativement modeste pouvait gagner près de 19 millions de dollars en cinq ans de service. Quand Christine Lagarde, directrice du FMI, avait dévoilé la liste des Grecs possédant des comptes en Suisse, Kantas avait rapidement transféré la majeure partie de ses fonds à Singapour.

Les hauts fonctionnaires n'avaient encore jamais révélé aussi largement ce système de corruption du ministère. En garde à vue depuis le 18 décembre 2013, Kantas a reconnu avoir touché de l'argent sur douze contrats : six contrats avec des compagnies allemandes, deux contrats avec la France, et autant de la part des vendeurs suédois et russes. Les Grecs ont déjà entendu beaucoup d’histoires de corruption. Mais ils ont été tout de même impressionnés : Kanas a déclaré qu'il avait accepté tellement de pots de vin qu'il était incapable de se souvenir des détails.

L'enquête a permis de découvrir que les fabricants d'armes allemands, français, suédois et russes distribuaient librement des pots-de-vin pour vendre à Athènes des armes, à des tarifs souvent élevés. La Grèce a notamment acheté à la compagnie allemande Krauss-Maffei Wegmann 170 chars Leopard-2 pour 2,3 milliards de dollars. Le bureau du procureur de Munich vérifie actuellement ces informations et le scandale prend de l'ampleur en Allemagne. Selon le journal Deutsche Welle, Dimitris Papachristos, ex-représentant de cette compagnie, a déclaré avoir versé à Kantas 750 000 euros afin qu’il signe un contrat pour la livraison de 24 canons automoteurs PzH-2000. D'après le Süddeutsche Zeitung, le scandale implique également les compagnies Rheunmetall et Atlas Elektronik, qui ont reçu des commandes pour la modernisation des
sous-marins Poseidon achetés auparavant par Athènes. Le contrat a également été approuvé par le parlement grec. Le tout en pleine crise, alors qu’on ignorait même si la Grèce resterait dans la zone euro. Le Frankfurter Rundschau écrit que les représentants du brésilien Embraer et du suédois Saab soudoyaient la promotion des avions de détection avancée.

L'indignation contre l'Allemagne grandit en Grèce, puisque Berlin avait fermement condamné le pays pour ses spéculations financières, alors que l'Allemagne est elle-même impliquée dans le processus. En 2009 Athènes dépensait 4% de son PIB pour l'armement, principalement pour des contrats avec des compagnies étrangères. Ce chiffre est plus élevé les dépenses de tous les autres pays de l'UE. On estime que ces dépenses du ministère de la Défense sont l'une des causes qui expliquent pourquoi la Grèce avait demandé une aide financière à l'UE et au FMI. La Grèce fait partie des pays les plus corrompus de l'Union européenne mais l'UE elle-même n'a pas réussi à guérir de cette maladie grave. Selon un récent rapport, la corruption coûte120 milliards d'euros par an à l'économie de l'UE.

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