L'Ukraine dérive vers la guerre civile

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Les affrontements entre les manifestants et la police durent depuis le 19 janvier et les experts estiment qu’il est temps pour les médiateurs internationaux, notamment l'UE et la Russie, de s’impliquer dans le règlement de la crise ukrainienne, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

Les affrontements entre les manifestants et la police durent depuis le 19 janvier et les experts estiment qu’il est temps pour les médiateurs internationaux, notamment l'UE et la Russie, de s’impliquer dans le règlement de la crise ukrainienne, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

Les événements récents en Ukraine poussent à tirer une triste conclusion : les parties en conflit n'arriveront pas à sortir de l'impasse et à éviter le pire des scénarios – la guerre civile – sans aide extérieure. Du côté des autorités comme de l'opposition les belligérants se comportent de manière confuse et incohérente.

L'équipe du président Viktor Ianoukovitch adopte, pour une raison qu'on ignore, des lois très sévères, discutables et loin d'être au point qu'elle est même incapable de faire appliquer - comme le montrent les événements qui ont suivi leur adoption. Alors pourquoi avoir voté ces lois qui ont jeté de l'huile sur le feu presque éteint de la place de l’Indépendance ? Pourquoi cette hâte ?

L'approche de l'opposition n’est pas plus rassurante. Même les leaders modérés
(Vitali Klitchko semble faire partie des plus sensés) ne semblent pas très convaincants.
Ce dernier accepte d'abord de dialoguer avec les autorités, s'entretient avec le président Ianoukovitch à deux reprises, puis annonce sa sortie des négociations et dénonce les combattants radicaux en les qualifiant de provocateurs, avant d'imiter finalement le néonazi Oleg Tiagnybok en poussant la foule rassemblée sur le Maïdan à scander "Gloire aux héros !".

Il n'y a aujourd’hui en Ukraine qu’un semblant de dialogue. Pendant ce temps le pays dérive chaque jour un peu plus vers la guerre civile. Ce mouvement suicidaire vers le gouffre doit être stoppé. Si les politiciens ukrainiens n'ont plus d'instinct de survie, il est probablement temps que les voisins de l'Ukraine lui viennent en aide. La Russie et l'UE en premier lieu mais pas ceux qui, jusqu'à présent, ont défini la politique de l'UE en Europe de l'est, ni les Polonais, ni les pays baltes, ni le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt car l'Ukraine est pour eux un champ de bataille géopolitique contre Moscou.

Aujourd'hui, la voix des poids lourds européens, des fondateurs de l'UE, est plus importante que jamais. Avant tout celle de l'Allemagne et de la France, qui ont une approche différente des jeunes pays européens : la stabilité sur le continent est importante à leurs yeux et la provocation d'une nouvelle Guerre froide ne fait partie de leurs projets, qui plus est au prix de la division de l'Ukraine. Seules les puissances européennes responsables et impartiales pourront proposer aux autorités et à l'opposition ukrainiennes un plan réaliste de sortie de crise, appuyé par leur autorité.

La Russie pourrait également rejoindre l'élaboration de ce plan, sachant qu'elle ne doit pas forcément afficher sa participation et jouer le premier rôle. Si sa présence suscitait un certain antagonisme auprès de l'une des parties en conflit, elle pourrait se retirer dans l'ombre. Après tout, l'important n'est pas de remporter des lauriers diplomatiques mais d’atteindre un objectif : stopper la guerre qui éclate et empêcher Kiev de suivre l’exemple de Damas.

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