Il est pratiquement incontestable qu'aujourd'hui, Vladimir Poutine exprime son avis personnel sur plusieurs questions stratégiques de la politique mondiale et personnifie la position de la Russie, écrit jeudi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Il prend également la responsabilité de défendre le point de vue d'une grande partie de la population des pays émergents et même industriels, parmi lesquels figurent d'ailleurs des pays traditionnellement opposés à la Russie sur la scène internationale.
La sphère médiatique mondiale a établi cette situation inédite qui permet aujourd’hui de parler de l'apparition d'un nouveau leader mondial, d'un individu capable d'endosser la responsabilité de décisions impopulaires demandant de faire preuve de volonté politique en dépit de la résistance d'autres acteurs influents. Le tout en poussant ces acteurs à agir dans le cadre légal, en conformité avec les accords et ententes existants, ce qui est plutôt un signe de conservatisme sain.
En un an le gouvernement russe a réussi à progresser considérablement dans les relations internationales, de sa gestion du dossier syrien à la suspension de l'intégration européenne de l'Ukraine.
La position ferme et pesée annoncée par Poutine avant le déclenchement des manifestations de grande échelle à Kiev a refroidi certaines "têtes brûlées", aussi bien en Ukraine qu'en UE.
Au final, Poutine fait partie des rares hommes politiques qui appellent à dépolitiser le conflit entre les autorités et l'opposition en regardant la situation d'un point de vue pragmatique.
Cet appel a d'ailleurs été parfaitement entendu par les forces raisonnables d'autres pays.
Le président russe a notamment appelé à régler le problème de manière trilatérale en omettant les spéculations politiques : personne n'empêche l'Ukraine souveraine de s'intégrer à l'UE, cependant ce processus ne peut pas se dérouler uniquement dans les intérêts de cette dernière. En fin de compte, tous les acteurs du processus doivent en sortir gagnants, du moins trois d'entre eux : l'Ukraine, l'UE et la Russie.
Par ailleurs, Poutine n'a pas caché qu'il agissait avant tout pour protéger les intérêts économiques de la Russie et les producteurs nationaux, comme il se doit pour un chef d'Etat : sincèrement et ouvertement, sans se cacher derrière des notions humanitaires ou une morale pharisaïque.
Les sondages montrent que cette position est largement soutenue par les Russes, qui sont plus de 70% à penser qu'il est important que le dirigeant d'un pays soit populaire auprès de la population d'autres Etats.
Il faut d’ailleurs souligner que la hausse de popularité de Poutine au niveau international n'est pas le résultat des efforts de promoteurs de l'image du président ou de stratèges politiques, mais principalement de sa propre activité intensive.
Par exemple, la proposition de Poutine de détruire les arsenaux chimiques syriens a été soutenue par le monde entier et a permis d'empêcher un conflit militaire d'envergure au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
L'amélioration temporaire des relations entre les USA et l'Iran après la participation personnelle du président russe aux pourparlers a permis de relancer les négociations sur le programme nucléaire iranien. Il est dont à supposer que Barack Obama, lauréat du prix Nobel de la Paix en 2009, ne donnera pas en fin de compte sa bénédiction à l'agression contre l'Iran jusqu'à la fin de son mandat présidentiel.
Enfin, certains experts pensent que seule l'autorité de Poutine permettrait de continuer à faire avancer les négociations de paix entre la Corée du Nord et du Sud. Il s'agit d'un processus de négociations très complexe que beaucoup d'acteurs cherchent à empêcher pour en tirer des intérêts politiques propres.
