Syrie : l'Occident n'exige plus le départ du président Assad

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Le revirement occidental a poussé les diplomates saoudiens à déclarer que leur pays réglerait le problème syrien "sans l'aide de personne", écrit jeudi 19 décembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

C’est un tournant politique majeur: l'Occident n'exige plus le départ immédiat du président syrien et ne conteste plus sa participation à la prochaine élection présidentielle en 2014, ont annoncé les "Amis de la Syrie" après leur réunion à Londres la semaine dernière. Le revirement occidental a poussé les diplomates saoudiens à déclarer que leur pays réglerait le problème syrien "sans l'aide de personne", écrit jeudi 19 décembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

"Nous amis occidentaux ont laissé entendre qu'Assad ne pouvait pas partir aujourd'hui car, selon eux, sa démission mènerait au chaos et les rebelles islamistes s'empareraient du pouvoir.

Certains semblent oublier qu'Assad a utilisé des armes chimiques contre sa propre population et ne contestent plus sa présentation à la présidentielle l'an prochain", a déclaré à Reuters une source de la Coalition nationale syrienne, proche de l'Arabie saoudite.

Par ailleurs, la minorité alaouite demeure centrale au sein de l'administration qu'il est prévu de former à Genève-2, ont déclaré les "Amis de la Syrie" aux représentants de la Coalition.

Selon Reuters, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont à l'origine de ce changement d'attitude envers Assad. Cette démarche pourrait rapprocher les positions de l'Occident et de la Russie et renforcer les divergences entre ces derniers et les monarchies pétrolières orientales, qui s'offusquent de la réticence des USA à bombarder la Syrie après l'attaque au gaz sarin dans la banlieue de Damas le 21 août 2013. Reuters rapporte que Riyad avait un envoyé un diplomate de bas rang à la conférence de Londres du 13 décembre. D’une manière générale le royaume est indigné par la normalisation des relations avec l'Iran, son concurrent chiite dans la région, ainsi qu'avec la Syrie – alliée de Téhéran.

Le document final de la réunion condamne les forces qui "sapent le processus de Genève-2, menacent l'intégrité territoriale de la Syrie, ainsi que la sécurité internationale et régionale". Reuters suppose qu'il s’agit ici des jihadistes. Le communiqué suggère également que Bachar al-Assad pourrait difficilement se défaire seul des extrémistes.

Cependant Riyad n'est pas d'accord avec les "Amis de la Syrie" et se dit prêt à régler la crise "sans l'aide de personne", comme l'a déclaré hier le prince Mohammed Nawaf Al Saoud, ambassadeur d'Arabie saoudite au Royaume-Uni. "Les idées avancées par les USA ne tiennent absolument pas compte de l'intérêt des autres. Le flirt de l'Occident avec l'Iran et
Bachar al-Assad ne mènera à rien de bon", a-t-il averti.

Ce changement radical de position de l'Occident est dû au renforcement d'Al-Qaïda et d'autres organisations jihadistes par rapport aux groupes modérés de l’opposition syrienne, ainsi qu’à la prise d'un QG et des dépôts d'armements de l'Armée syrienne libre (ASL) par le Front islamique la semaine dernière.

Les USA ont proposé au Front islamique d’entamer des négociations mais les rebelles ont refusé hier. Chuck Hagel, chef du Pentagone a déclaré que "les récents événements ont montré à quel point la situation était complexe et dangereuse. Nous connaissons le Front al-Nosra, Al-Qaïda, le Hezbollah – ce sont des groupes extrémistes et terroristes impliqués dans le conflit. Il ne s'agit pas d'un choix facile entre les bons et les mauvais". Tout cela contraint l'Occident à changer d'attitude envers Assad.

"Nous sommes très préoccupés par l'établissement de plus en plus solide du terrorisme international en Syrie", a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui cherche depuis longtemps à persuader l'Occident du danger du soutien des extrémistes. Il a souligné que le gouvernement syrien et l'opposition devaient s'unir pour combattre le terrorisme, et peu à peu les partenaires occidentaux prennent conscience de la tâche principale. C'est probablement la première fois que Sergueï Lavrov se réjouit des nouvelles provenant de la conférence des "Amis de la Syrie".

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