Afghanistan: le désaccord entre Moscou et l’Otan s'accentue

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De hauts représentants de la Russie et de l’Otan ont discuté à Moscou de l'avenir de l'Afghanistan ainsi que des efforts conjoints pour assurer la sécurité régionale, écrit lundi 16 décembre le quotidien Kommersant.

De hauts représentants de la Russie et de l’Otan ont discuté à Moscou de l'avenir de l'Afghanistan ainsi que des efforts conjoints pour assurer la sécurité régionale, écrit lundi 16 décembre le quotidien Kommersant.

Leurs positions sur le sort de l'Afghanistan au lendemain du retrait de la majeure partie du contingent international en 2014 se distinguent radicalement. Moscou craint une aggravation de la situation tandis que l'Alliance espère que le pire sera évité.

La Russie et l'Otan sont aussi divisées sur le potentiel de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC): Moscou est convaincue des capacités du bloc militaro-politique qu'elle supervise, alors que l'Alliance le considère comme "sous-développé".

Le centre PIR et le bureau d'information de l'Otan ont donc organisé à Moscou un séminaire international intitulé "Comment construire la coopération entre l'Otan et la Russie pour l'Afghanistan à partir de 2014 ?". Ce forum n'a toutefois pas répondu à la question principale car les participants se sont enlisés dans les débats sur la situation actuelle en Afghanistan et sur son avenir.

D'après les représentants russes, tout va mal en Afghanistan. "Il y a une certaine complaisance suite à la décision de l'Otan de réduire sa présence militaire dans ce pays. Nous ne partageons pas cette approche – nous sommes très préoccupés par l'évolution de la situation en Afghanistan", a expliqué Albert Khorev, chef de la section Afghanistan du second département pour l'Asie auprès du ministère russe des Affaires étrangères (MAE).

Selon lui la violence dans le pays a triplé en 2013 par rapport à 2012, et les rebelles de l'opposition armée ont étendu leur contrôle sur une grande partie du territoire, profitant du départ progressif du contingent militaire international. La production de drogues, qui a augmenté de 50% cette année, contribue également à la montée de l'influence des rebelles, selon le diplomate. L'avenir est tout aussi sinistre à ses yeux : "Les rebelles ont l'intention de déployer tout leur potentiel pendant l'élection présidentielle de 2014".

De son côté Robert Pshel, directeur du bureau d'information de l'Otan en Russie, pense que les appréciations pessimistes de la situation en Afghanistan sont injustifiées car "elles ne s'appuient pas sur des faits réels – seulement 15% des Afghans soutiennent les talibans".

Nicolas Williams, chef de la section des opérations de l'Otan, a même supposé que Moscou souhaitait l'échec de la mission de l'Alliance en Afghanistan sans avoir conscience des conséquences éventuelles pour la Russie. Selon lui, l'Afghanistan a encore besoin d’une dizaine d'années pour devenir un "pays en développement normal", et pendant cette période la communauté internationale doit lui accorder son soutien, y compris financier.

Les perspectives de coopération ne font pas non plus l’objet d’un consensus. Les Russes n'ont pas manqué de rappeler aux représentants de l'Alliance un problème de longue date : la réticence de l'Otan à coopérer avec l'OTSC.

Le représentant permanent de la Russie auprès de l’OTSC, Viktor Vassiliev, résume ainsi ses efforts pour établir des relations avec l'Alliance : "C’est comme frapper dans la porte avec la tête depuis 10 ans". Selon la Russie, les deux blocs militaro-politiques pourraient coopérer de manière productive en Afghanistan : l'Otan pourrait lutter contre la production de drogues dans le pays, et l'OTSC prendrait en charge la lutte contre le trafic des stupéfiants à la périphérie.

Cependant Nicolas Williams rappelle que l'Alliance n'a jamais reçu de l'OTSC aucune "proposition concrète". Il a qualifié le bloc supervisé par Moscou de "sous-développé" et "en phase embryonnaire de formation".

Selon lui, seule la Russie appelle à la coopération entre les blocs, tandis que les autres membres de l'OTSC n'y témoignent aucun intérêt. D'après le discours du représentant de l'Alliance, l'Otan est pleinement satisfait par la coopération bilatérale sur la question afghane – aussi bien avec la Russie qu'avec ses partenaires de l'OTSC.

 

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