Une heure a suffi à la police pour démanteler en pleine nuit le campement des manifestants.
Les tentes et les barricades de bois construites par les opposants ont été démontées sous les cris des manifestants, écrit jeudi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Certains d'entre eux s'étaient abrités sur les marches de la cathédrale située à proximité mais la police les en a rapidement expulsés. 20 individus ont été interpelés au cours de cette opération de police.
Non, il ne s'agit pas du compte-rendu de l'opération de police ukrainienne contre les manifestants qui occupent actuellement le centre de Kiev. C'est comme ça que s'était déroulé le démantèlement du campement de manifestants d'Occupy Wall Street à Londres en février 2012.
Autre chronique, cette fois américaine, datant de novembre 2011 : les opérations de police pour le démontage des campements d'Occupy Wall Street à St. Louis, Denver et Oakland ont conduit à l'arrestation de dizaines de manifestants. Les autorités ont justifié leurs actes par la violation du "couvre-feu" dans les parcs et les squares. La municipalité de New York a déclaré que les activistes de ce mouvement transgressaient les normes sanitaires et que leur campement était une "menace à la santé et à la sécurité" des entreprises et des habitants. Plusieurs centaines d'agents des forces spéciales avaient cerné le campement d'Occupy Wall Street sous la lumière de projecteurs à 1 heure du matin et avaient commencé à les faire partir sans autoriser les journalistes à les rejoindre. 70 personnes avaient été arrêtées. Le maire de New York Michael Bloomberg avait approuvé ce "nettoyage" et accusé le campement d’activistes du mouvement d'être une gêne pour les New-yorkais.
Ni le secrétaire d'Etat ni le vice-président américain n'avaient pris la défense des manifestans. L'Union européenne n'avait pas non plus remarqué de violation des valeurs démocratiques par les policiers britanniques et américains.
Mais la réaction des dirigeants européens et américains a été très différente quand le ministère ukrainien de l'Intérieur a décidé d'appliquer la décision du tribunal sur la libération des établissements administratifs et le démantèlement des barricades érigées par les manifestants.
La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères Catherine Ashton, arrivée d’urgence en Ukraine, a déclaré : "Les autorités ne doivent pas agir sous couvert de la nuit pour commencer à parler avec les gens".
Ashton ne s'était jamais rendue dans les "points chauds" en Europe et aux USA pour rencontrer les manifestants. Autre inspiratrice de l'opposition ukrainienne : la sous-secrétaire d'Etat Victoria Nuland, qui a immédiatement été à la rencontre des représentants de l'opposition dès son arrivée à Kiev.
En 2013 la Maison blanche avait alloué 100 millions de dollars pour le "soutien des processus démocratiques" en Ukraine. Par conséquent la rencontre entre Nuland et les leaders des partis d'opposition était en fait un compte-rendu des exécutants des manifestations devant le principal sponsor des événements à Kiev. Il est à supposer qu'un consensus ait été trouvé – à en juger par les sourires paisibles des leaders de l'opposition et le commentaire de Nuland en personne, qui a qualifié l'entretien avec l'opposition de "fructueux".
Voici un autre détail révélateur. Une table ronde sur la sortie du pays de la crise politique devait se tenir à Kiev tandis que les leaders de l'opposition s'entretenaient avec les représentants de l'UE et des USA. Mais contrairement aux représentants du gouvernement, aucun opposant n'a assisté à cette table ronde. Les politiciens européens, qui appelaient à l'unanimité et sommaient le président Viktor Ianoukovitch d'entamer un dialogue avec les opposants politiques, ont en réalité tout fait pour que ce dialogue n'ait pas lieu.
