Catastrophes naturelles: les pays émergents demandent d'être indemnisés

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Des débats enflammés risquent d'avoir lieu aujourd'hui pour le dernier jour de la conférence de Varsovie sur le climat. Et pourraient même la faire échouer, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Des débats enflammés risquent d'avoir lieu aujourd'hui pour le dernier jour de la conférence de Varsovie sur le climat, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Beaucoup de questions restent sans réponse mais le sujet le plus explosif est l'exigence des pays émergents de créer un fonds pour indemniser automatiquement les dommages causés par les catastrophes naturelles, qu'il s'agisse du typhon Haiyan aux Philippines ou de la sècheresse en Afrique.

Ce fonds devra être approvisionné par les pays développés, étant donné qu’ils sont responsables de la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère pendant toute l'histoire de l'ère industrielle. Or il existerait un rapport direct entre les catastrophes naturelles et les changements climatiques.

L'objectif de cette 19ème conférence annuelle des pays de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est de préparer un nouvel accord mondial pour succéder au Protocole de Kyoto en 2020. Son adoption est prévue pour 2015 et devrait avoir lieu à Paris. Le texte n’en est pour l’instant qu’à l’état de brouillon.

Jusqu'à présent les pays émergents exigeaient des pays développés une aide financière pour mettre en œuvre leur transition vers une économie à faibles émissions de CO2, ce qui a fait l'objet des principaux différends. A cet effet sera créé le Fonds vert pour le climat qui, d'ici 2020, devrait s'élever à 100 milliards de dollars (il ne sera pas ouvert avant septembre 2014). Les canaux de financement de ce fonds restent flous.

Par ailleurs, un autre problème insoluble est apparu à Varsovie : l'indemnisation des catastrophes naturelles. Il a pris une toute autre envergure suite au puissant typhon Haiyan aux Philippines, qui a emporté des milliers de vies. Le délégué des Philippines Naderev Sano a déclaré que le typhon avait été provoqué par les effets du changement climatique. Les pays émergents exigent donc la création d'un fonds d'assurance protégeant des dommages et des dégâts causés par la montée du niveau de la mer, les tempêtes destructrices et la sécheresse dévastatrice.

Les pays pauvres sont convaincus que les pays riches doivent payer. Mais l'Union européenne, l'Australie, les Etats-Unis et d'autres pays développés ont refusé d'examiner sérieusement la question des indemnisations et ont suggéré d'y revenir après 2015. Ainsi, selon la presse, les délégués australiens mangeaient pendant la réunion, se comportaient de manière irresponsable, avant de réduire à néant tous les acquis du dialogue productif qui avait précédé.

Au final, les représentants des pays émergents - le "Groupe des 77 et de la Chine" (sur 132 pays au total) - ont quitté les négociations de manière ostentatoire. Par leur absence de trois heures ils ont ainsi fait reprendre leurs esprits aux participants.

Les pays émergents ont laissé entendre qu'ils ne quitteraient pas Varsovie avant de convenir d’un mécanisme d'indemnisations automatiques pour le préjudice causé par les catastrophes naturelles. Après avoir difficilement réussi à inscrire cette question à l'ordre du jour au cours de la conférence de Doha en 2012, ils sont prêts à aller jusqu'au bout. La Russie ne soutient pas cette initiative et estime que cette question doit être réglée dans le cadre des mécanismes existants (le Fonds vert pour le climat par exemple) au lieu de créer un nouveau fonds spécial.

Comme le soulignent les observateurs, les efforts de l'Onu semblent paradoxaux. On arrive à peine à réunir 100 milliards de dollars pour le Fonds vert alors que les subventions pour les combustibles fossiles atteignent 2 000 milliards de dollars par an. La situation devient encore plus contradictoire quand on sait que seulement 90 compagnies sont responsables de 63% des émissions toxiques sur la planète, sachant que 20 d'entre elles sont responsables de 30% de la pollution. Selon la revue Climatic Change, 83 géants énergétiques figurent dans la liste, tels que Chevron, Exxon, BP, Royal Dutch Shell et Gazprom, c'est-à-dire les producteurs de pétrole, de gaz et de charbon. Les sept restants sont des producteurs de ciment. Entre 1751 et 2010, ces 90 compagnies ont émis 914 gigatonnes de dioxyde de carbone. La moitié de ces émissions concerne les 25 dernières années – en pleine période de lutte contre les changements climatiques.

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