Le Caire achètera des armes en Russie

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Des négociations russo-égyptiennes ont eu lieu au Caire entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays. Ce format était une première dans les relations bilatérales, écrit le vendredi 15 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Des négociations russo-égyptiennes ont eu lieu au Caire entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays. Ce format était une première dans les relations bilatérales, écrit le vendredi 15 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Il s'agit de la première visite du ministre russe de la Défense au Caire depuis 40 ans. Une attention particulière a été accordée aux exportations d'armes russes à l'Egypte. En effet, la Russie passe à l'offensive, profitant du retrait temporaire des Etats-Unis du marché de l'armement égyptien.

L'ensemble des contrats potentiels pourrait atteindre 4 milliards de dollars, selon certains experts. Toutefois Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse stratégique et technologique et membre de la délégation du ministère de la Défense qui a participé aux négociations en Egypte, a mentionné un montant plus modeste : "Il s'agira de plusieurs centaines de millions de dollars, voire d'un milliard".

Selon lui, l'Egypte est avant tout intéressée par l'achat de systèmes antiaériens et d'avions militaires : "Je pense qu'ils n'auront pas suffisamment d'argent pour les S-300, et nous en avons nous-mêmes besoin. Les Egyptiens ont déjà reçu les systèmes de courte et moyenne portée Tor-M2 et Buk-M2. Par le passé ils en achetaient à doses homéopathiques par manque de moyens, aujourd'hui ils peuvent en acheter un plus grand nombre. Bien sûr, nous voudrions vendre aux Egyptiens des chasseurs MiG-29. Ils seront également promus sur le marché égyptien".

Actuellement, 60% de la défense antiaérienne égyptienne est d'origine soviétique. Le parc aérien de la république arabe comporte notamment des MiG-21 mais ils sont obsolètes. D'après les experts, le Caire est également intéressé par les chasseurs Su-30, les avions d'entraînement et de combat Iak-130, les hélicoptères de transport militaires Mi-17 et les vedettes lance-missiles.

Les dépenses pour la défense pourraient, par ailleurs, être prises en charge par l'Arabie saoudite qui avait soutenu le renversement des Frères musulmans représentés par l'ex-président Mohamed Morsi. Selon certains analystes, Riyad pourrait régler la facture du Caire à la société russe Rosoboronexport. Et même si Riyad refusait de le faire, la Russie étudierait la possibilité d'accorder un crédit à l'Egypte.

La présence, au sein de la délégation du ministère de la Défense, de personnalités comme Andreï Boïtsov, directeur général adjoint du Service fédéral pour la coopération militaro-technique, et Ivan Gontcharenko, directeur général adjoint de Rosoboronexport, n’est pas anodine. Cela signifie qu'on parle actuellement de choses concrètes.

L'aspiration de l'Egypte à diversifier ses achats d'armements s'explique par les récents problèmes dans la coopération militaro-technique avec les USA. Washington a décidé de sanctionner les autorités militaires égyptiennes pour leur "antidémocratie" en renonçant à la livraison de pièces détachées et d'armements pour l'armée égyptienne, ainsi qu'en suspendant son aide annuelle de 1,5 milliard de dollars. Après cette annonce le ministre égyptien de la Défense al-Sissi avait dévoilé ses projets de trouver une alternative en Russie.

Le Caire ne souhaite certainement pas renoncer complètement aux armements américains mais voudrait montrer à Washington qu’il est capable de diversifier ses sources de livraisons. De plus, ces contrats permettraient de renforcer la légitimité des autorités militaires égyptiennes grâce à cette confiance accordée par la Russie.

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