Moscou retrouve un vieil ami au Proche-Orient

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Après que les Etats-Unis ont réduit leur aide militaire à l’Egypte, le Caire espère que la Russie va l’aider à résister à cette pression qui fait suite au renversement du président islamiste par les généraux, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Après que les Etats-Unis ont réduit leur aide militaire à l’Egypte, le Caire espère que la Russie va l’aider à résister à cette pression qui fait suite au renversement du président islamiste par les généraux, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Une délégation de politiciens égyptiens représentant le nouveau gouvernement militaire du pays était justement à Moscou en fin de semaine dernière à cet effet, et a promis que le Caire ferait la promotion des intérêts de Moscou au Moyen-Orient et serait prêt à accueillir des "sites amis russes" sur son territoire en échange de cette aide.

Cette seconde visite en deux mois des émissaires égyptiens à Moscou, qui se qualifient de "diplomates populaires", était appelée à "redonner aux relations bilatérales leur nature stratégique – comme à l'époque soviétique".

Autre objectif, plus terre-à-terre : préparer le terrain pour les négociations à venir au Caire au format 2+2 (entre les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou, et leurs homologues égyptiens, Nabil Fahmy et Abdel Fattah al-Sissi).

Cette délégation de membres de la révolution de janvier - y compris les représentants du parti de l'ancien commandant de l'armée de l'air Ahmed Shafiq - a rencontré plusieurs dirigeants russes, dont les représentants du président russe pour le Proche-Orient et pour l'Afrique Mikhaïl Bogdanov et Mikhaïl Marguelov.

Les Egyptiens suggèrent à la Russie qu’elle reprenne son rôle de "leader au Moyen-Orient".
"Le Caire apprécie particulièrement le soutien que le président Poutine a apporté à la révolution du 30 juin", a déclaré Ahmed al-Fadali, membre de la direction du parti al-Istiqlal – bien que le président russe ne se soit jamais ouvertement prononcé pour le soutien du dernier coup d'Etat militaire en Egypte.

"La Russie a ses intérêts dans la région, elle a besoin d'un nouvel ami et d'un allié puissant.
Les Frères musulmans étaient en faveur du jihad en Syrie mais aujourd'hui l'Egypte soutient entièrement la position de Poutine sur ce dossier. Nous estimons qu'il doit s'agir d'un règlement politique et nous attendons donc la conférence de paix Genève-2. Le Caire a également besoin d'un ami fiable : nous espérons que Moscou nous aidera à résister à la pression occidentale", a souligné l'ex-ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohammed al-Orabi, évoquant la coopération future entre les deux pays.

En octobre, les USA ont annoncé une réduction considérable de l'aide militaire annuelle de l'Egypte, qui s’élevait jusque là à près de 1,4 milliard de dollars. Le Caire a notamment perdu ses livraisons d'hélicoptères Apache pour plus de 500 millions de dollars, de chasseurs F-16 et de missiles antinavires Harpoon, de pièces détachées pour chars et son aide financière de 250 millions de dollars.

Bien que les experts soient sceptiques au sujet d'un véritable partenariat stratégique entre Moscou et le Caire, et que même les Egyptiens reconnaissent ne voir aucune alternative aux USA, la Russie pourrait en tirer certains avantages. Les interlocuteurs égyptiens n'ont pas écarté la possibilité de voir apparaître des "sites amis russes" sur leur territoire. Le thème central des négociations 2+2 au Caire pourrait porter sur les fournitures d'armes russes : la presse égyptienne parle de contrats pour 4 milliards de dollars.

L'agence russe d'exportation d'armements Rosoboronexport ne fait aucun commentaire sur le montant des futurs contrats mais confirme son intérêt pour la remise en état de l'ancien matériel soviétique et la vente de nouveaux armements à l'Egypte, qui au cours des dernières décennies coopérait presque exclusivement avec les USA dans ce secteur. Moscou est surtout préoccupé par la solvabilité du Caire mais il est prêt à étudier la possibilité de lui accorder un prêt.

Les interlocuteurs égyptiens ont affirmé que de ce côté le Caire comptait plutôt sur l'aide des pays du Golfe (hormis le Qatar qui a soutenu les Frères musulmans). Cet été, l'Arabie saoudite avait accordé à l'Egypte 12 milliards de dollars d'aide et a promis en octobre 5 milliards de dollars supplémentaires.

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