Pour la deuxième fois en deux ans l'agence Standard & Poor's (S&P) a baissé la note de crédit de la France, l’éloignant encore du club des puissances AAA, écrit lundi le quotidien RBC Daily.
Les réformes mises en œuvre par le président François Hollande sont insuffisantes pour accélérer la croissance économique et les mesures décisives sont impossibles en raison du record d’impopularité du président français, explique l'agence. Les analystes craignent que la France se transforme en sous-puissance européenne.
La note souveraine de la France a été abaissée d'un cran, de AA+ à AA. "Nous pensons que les réformes fiscales du gouvernement français et les mesures prises sur le marché des produits, des services et du travail, n'amélioreront pas significativement les perspectives de croissance de la France à moyen terme", explique l'agence. Selon ses prévisions, après une croissance proche de zéro cette année, en 2014-2015 le PIB du pays ne gagnera pas plus de 1%. Ces 18 derniers mois la France a perdu sa note - la plus élevée - auprès des trois principales agences de notation et S&P a été la première à revoir encore cette note à la baisse avec une perspective "stable", signifiant que la probabilité d'une nouvelle baisse est de 1/3.
Depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande en mai 2012, la France a augmenté les impôts de 30 milliards d'euros. Cependant S&P ne critique pas le président pour son incapacité à réduire les dépenses publiques qui représentent 57% du PIB – l'indice le plus élevé par rapport à tous les autres pays de la zone euro. Sur les 18 milliards d'euros d'économies prévue pour l'an prochain, les réductions des dépenses représenteront 14 milliards d'euros. Malgré cela, selon le pronostic de la S&P, d'ici deux ans elles ne seront pas inférieures à 56% du PIB. "Tous les efforts doivent être concentrés sur la réduction des dépenses", a récemment déclaré Christian Noyer, président de la Banque de France.
Hollande ne pourra certainement pas renverser la situation actuelle car la "possibilité politique" de nouvelles réformes a diminué suite à la "désapprobation populaire croissante" des mesures fiscales du gouvernement français. Ces derniers mois Hollande a été contraint de renoncer aux mesures déjà validées visant à augmenter les impôts sur les produits d'épargne et à instaurer une taxe écologique pour les camions, après des manifestations nombreuses de la population.
"Actuellement Hollande est le président le plus impopulaire de l'histoire de France. Il recule face aux manifestations de rue, comme ce fut le cas récemment en Bretagne. C'est un signal politique inquiétant", analyse l'économiste Holger Schmieding de Berenberg Bank. Le sondage CSA publié vendredi a montré que la popularité du président français avait encore chuté, passant de 26 à 25% d’opinions favorables. Selon Holger Schmieding, la faiblesse économique de la France risque de transformer le pays en sous-puissance européenne, qui n'aura plus qu'à regarder l'Allemagne et la BCE changer les règles du jeu dans la région.
Le rendement des obligations publiques françaises n'a pratiquement pas changé suite à la décision de la S&P. Les autorités françaises ont quand même critiqué l'agence. Le ministre des Finances Pierre Moscovici a déploré "les jugements critiques et inexacts portés par l'agence de notation Standard and Poor's" et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a fait remarquer qu'il n'accordait aucun crédit à la S&P. "En poussant cette logique à l'absurde, je pense que les Etats devraient se mettre à noter les agences de notation. Et je pense que nous aurions beaucoup de cancres à mettre au piquet avec des bonnets d'âne", a déclaré Montebourg.
