Nucléaire iranien: Paris bloque l’accord international

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Réunis à Genève, les six médiateurs internationaux et l'Iran n’ont pas trouvé de compromis sur le programme nucléaire de la République islamique, écrit lundi 11 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Réunis à Genève, les six médiateurs internationaux et l'Iran n’ont pas trouvé de compromis sur le programme nucléaire de la République islamique, écrit lundi 11 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

La France s'est opposée à la signature d’un accord, se disant préoccupée par les réserves d'uranium enrichi à 20% dans le pays et le réacteur de plutonium d'Arak. La prochaine étape des négociations se tiendra le 20 novembre et Israël fait l'impossible pour maintenir les sanctions économiques qui pèsent contre l'Iran.

La rencontre s'est déroulée au niveau des ministres des Affaires étrangères, à l'exception de la Chine représentée par un vice-ministre. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, est celui à cause de qui les négociations n’ont mené à rien, selon une source occidentale anonyme. "Les Américains, l'UE et les Iraniens ont travaillé pendant des mois sur cette proposition et Fabius a voulu se donner de l'importance à une étape tardive des négociations", juge la source.

Le principal intéressé s’en défend : "Nous n'avons pas pu conclure d’accord parce qu'il y a encore des questions à traiter". Selon le New York Times, Fabius s’est opposé à l'accord car selon lui, il était insuffisant pour dompter l'Iran qui possède de l'uranium enrichi à 20% et dispose d'un réacteur à eau lourde à Arak.

Daryl Kimball, directeur exécutif d'Arms Control Association, estime qu'il est possible de remettre le sort de l'usine d'Arak à plus tard car une année sera nécessaire pour que le réacteur puisse produire du plutonium et une année encore pour obtenir une quantité suffisante à la fabrication de la bombe.

La situation inquiète particulièrement Israël mais aussi l'Occident : l'Iran n'a aucun besoin industriel en plutonium et cette production laisse donc planer un grand doute sur la nature pacifique du programme nucléaire iranien. Téhéran rétorque que l'eau lourde est une source supplémentaire d'énergie pacifique. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui avait promis à Israël de prendre en compte tous ses problèmes, a déclaré à la conférence de presse finale que les restrictions concernant le réacteur d'Arak devaient figurer dans l'accord initial. Le fait est qu'il est très difficile de stopper un tel réacteur par la force militaire car la pollution radioactive de l'environnement serait inévitable. Si l'an prochain le réacteur était prêt, le rapport de forces pencherait sérieusement en faveur de l'Iran pendant les négociations. Ce qu'il est préférable d'éviter selon les Occidentaux.

Toutefois, Kerry estime que cette rencontre n'a pas été inutile : "Nous avons réussi à progresser pour régler ces questions". Il pense qu'il sera possible de surmonter dans les semaines à venir les problèmes techniques évoqués pendant ces trois jours. "Nous travaillons activement pour surmonter la méfiance mutuelle entre les USA et l'Iran", a reconnu le secrétaire d'Etat.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, ne semble pas être troublé par le fait que le document n'ait pas été signé : il aurait été surprenant de ne pas avoir de différends sur les détails. "C'était une bonne réunion. Je cherchais la volonté politique, la détermination, la volonté et la bonne foi pour terminer l'étape actuelle et passer à l'application de la première phase", a-t-il déclaré. La réunion de Genève était, selon lui, la "mise en place d'une base pour avancer". Il a ajouté que tous les interlocuteurs étaient sur la même longueur d'onde.

Le président iranien Hassan Rohani a également livré dimanche ses conclusions sur les négociations de Genève. Le droit d'enrichir de l'uranium est selon lui une "ligne rouge", a-t-il déclaré au Parlement iranien, assurant qu'il ne renoncerait pas à ce principe en dépit des menaces qui pourraient être proférées. Il a affirmé que la délégation iranienne avait agi "avec rationalité et tact" pendant les négociations de Genève, cite Reuters. Les négociations se poursuivront le 20 novembre à Genève.

Israël a déjà averti avant la reprise des négociations qu’il cherchera à persuader les congressistes américains du caractère inadmissible de la paix avec l'Iran.

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