Les chiites irakiens partent en Syrie

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Un nouvel acteur pourrait renverser le cours du conflit syrien : les troupes irakiennes chiites, qui combattent aux côtés des forces gouvernementales et leur ont déjà permis de remporter plusieurs grandes victoires, écrit le lundi 21 octobre le quotidien Kommersant.

Un nouvel acteur pourrait renverser le cours du conflit syrien : les troupes irakiennes chiites, qui combattent aux côtés des forces gouvernementales et leur ont déjà permis de remporter plusieurs grandes victoires, écrit le lundi 21 octobre le quotidien Kommersant. Les experts s’alarment car le retour des chiites irakiens à Bagdad pourrait être "explosif".

Les chiites irakiens viennent de se joindre au conflit syrien pour s'opposer aux sunnites radicaux du Front al-Nosra et d'autres organisations du même type. Grâce à leur soutien les troupes gouvernementales ont récemment remporté plusieurs grandes victoires, reprenant notamment la main sur deux banlieues stratégiques de Damas – al-Tiabiya et Husseiniya, contrôlées jusque là par l’opposition. Les combats pour s’emparer de ces quartiers comptent parmi les plus sanglants de ces derniers mois : l'opposition syrienne parle de "pertes humaines colossales" et de la "puissance inouïe des tirs de snipers".

Le nombre de combattants irakiens a significativement augmenté cet été, après que les sunnites radicaux ont attaqué Sayyida Zaynab, la banlieue de Damas où repose la fille du fondateur du mouvement chiite Ali ibn Abi Talib. Après cette offensive plus de 60 chiites soutenant le président Bachar al-Assad avaient été tués au nord-est de la Syrie, dans la province de Deir ez-Zor.

La réaction est venue d'Irak. "Après les événements de Deir ez-Zor, des milliers de jeunes chiites irakiens et du monde entier partiront faire la guerre en Syrie", avait promis à l'époque Hadi al-Amiri, chef de l'organisation pro-iranienne Al-Badr et ministre irakien des Transports. Selon certaines informations, les brigades Al-Badr – l'aile armée de cette organisation – constituent aujourd’hui la principale force chiite combattant en Syrie. Al-Amiri a également rappelé que les forces gouvernementales syriennes avaient eu "besoin de seulement 300 combattants du Hezbollah libanais pour remporter la plus difficile bataille pour la ville de Qousseir". "Les chances de victoire de Damas seraient bien plus grandes si les jeunes irakiens partaient en Syrie", avait averti le ministre irakien.

L'orientaliste Alexandre Chichkine, qui vit aux Emirats arabes unis, a déclaré que Bagdad avait intérêt à "pousser les milliers de jeunes chômeurs du pays à combattre en Syrie, dans la mesure où la situation économique est dans l’impasse". Pour lui cette stratégie s’explique aussi par le fait que "l'Irak, qui traverse une crise grave, cherche à se débarrasser du "facteur inflammable" sur son territoire. L'expert est persuadé qu'après avoir appris la guerre en Syrie ces individus deviendront un "facteur explosif" pour l'Irak.

Les intérêts stratégiques de l’Iran expliquent aussi cet afflux croissant de chiites irakiens en Syrie. La république islamique soutient en effet le renforcement des positions chiites en Irak et le régime alaouite dirigeant en Syrie car ils sont proches de Téhéran. "Les autorités iraniennes cherchent à mener indirectement la guerre en Syrie. Notamment aujourd'hui, alors que le nouveau gouvernement du pays cherche à se forger une nouvelle image et à montrer sa solidarité avec les Etats-Unis, déclare Alexandre Chichkine. Une guerre menée par le biais des chiites irakiens assure à l'Iran la possibilité d'une manœuvre politique et permet de régler l'une de ses tâches prioritaires – apporter de l'aide à Bachar al-Assad afin qu'il reste au pouvoir."

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