Menaces terroristes: le Royaume-Uni en état d'alerte

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Le père d'Edward Snowden est arrivé à Moscou. Cet événement coïncide avec la reprise des débats à Londres au sujet des révélations de son fils, ex-analyste de la CIA, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le père d'Edward Snowden est arrivé à Moscou. Cet événement coïncide avec la reprise des débats à Londres au sujet des révélations de son fils, ex-analyste de la CIA, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le chef du service de renseignement  MI5 a donné le ton des discussions en accusant Snowden et le Guardian d'avoir fait un cadeau aux terroristes par leurs révélations. Pour lui, la principale menace vient aujourd'hui des rebelles syriens détenant des passeports britanniques qui vont revenir dans le pays. Le rédacteur en chef du Guardian, Alan Rusbridger, a rétorqué en disant que la surveillance des citoyens avait atteint une ampleur que même l'auteur du roman 1984, George Orwell, n'avait pas imaginé. Contrairement à Londres, Washington s'est dit prêt à examiner l'envergure de l'ingérence de l'Etat dans la vie privée de la population.

Si quelqu'un s'inquiétait pour la santé et la sécurité de Snowden en Russie, il peut pousser un soupir de soulagement. L'avocat Anatoli Koutcherena, qui a accueilli son père à l'aéroport, a confié aux journalistes qu'Edward était placé sous protection - il reste pourchassé par les USA, la plus grande puissance du monde – mais que ses économies étaient épuisées. Il est toutefois susceptible de décrocher un travail bien rémunéré. A en juger par les déclarations de son père, Edward Snowden devrait rester longtemps en Russie.

Cette nouvelle ne réjouira certainement pas les anciens employeurs de Snowden mais le président américain Barack Obama a reconnu que l'ampleur de la surveillance préoccupait la population et qu'il convenait d'organiser un débat à ce sujet. Suite à cette déclaration les chefs de la NSA et d'autres services américains sont devenus plus prudents dans leurs sorties publiques.

Au Royaume-Uni le ton est différent : les renseignements sont l'une des vaches sacrées du pays. Le nouveau chef du MI5 Andrew Parker a ainsi mis en garde les Britanniques contre les conséquences des révélations de Snowden, qui selon lui ont causé un immense préjudice aux renseignements et ont "profité aux terroristes".

Dans son discours devant le personnel du brain trust (groupe de conseillers proches du pouvoir) en charge de la défense et de la sécurité, Parker a qualifié "d'inepties" les affirmations selon lesquelles le GCHQ, centre britannique d'interception des télécommunications, "écoute tout le monde et lit tous les messages".

Selon lui la surveillance est soumise à un contrôle très strict : "Loin de fouiller dans tous les recoins de la vie privée de nos citoyens, nous limitons étroitement notre travail à ceux qui présentent une menace".

Les technologies aident les gouvernements à devancer les terroristes, affirme Parker. Et la révélation des méthodes du renseignement par le Guardian permet aujourd'hui aux fanatiques d'échapper au piège. En ce alors que des milliers d'extrémistes islamiques vivent dans le pays et veulent l'attaquer. Surtout les citoyens britanniques qui combattent dans les rangs des rebelles syriens : de retour à la maison ils pourraient commettre des attentats.

Le Kremlin avait également pointé cette menace émanant des rebelles syriens mais Londres s'est empressé de prendre ses distances quant à une éventuelle coopération avec Moscou dans la lutte antiterroriste. Succédant à Parker à la tribune, Malcolm Rifkind, président du Comité parlementaire sur le renseignement et la sécurité (ISC), a déclaré qu'il ne fallait pas comparer les renseignements britanniques aux services russes ou chinois : "Dans ces pays, les renseignements sont des instruments politiques de répression en l'absence d'un organisme de surveillance".

Slon lui, le public devrait faire confiance aux espions britanniques. Après tout, les pouvoirs de l'organisme dirigé par Rifkind ont été élargis. Le MI5 et le MI6 - qui s'occupe du renseignement extérieur - ne tiennent évidemment pas le comité informé de leurs opérations. Mais il a une vision générale de leur travail.

Le rédacteur en chef du Guardian Alan Rusbridger rejette toutes ces accusations. "Les données de Snowden ont montré que la NSA américaine et son partenaire britannique GCHQ disposaient de capacités techniques dépassant largement tout ce qu'a décrit Orwell dans 1984.  Ces derniers mois, ces organisations analysaient, entre autres, les conversations téléphoniques et les correspondances électroniques des journalistes pour identifier leurs sources. Le comité parlementaire chargé de la surveillance ne sait certainement pas de quoi il retourne", conclut Rusbridger.

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