Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine se présenteront à nouveau aux législatives européennes de 2014. Les experts pensent qu’ils décrocheront leur poste de député dans la mesure où, depuis quelque temps, les sentiments nationalistes ont pris de l'ampleur dans la région, écrit jeudi 19 septembre le quotidien Izvestia.
"Les eurosceptiques, c'est-à-dire les nationalistes qui s'opposent au pouvoir de Bruxelles, sont souvent des populistes qui accusent le gouvernement européen de tous les problèmes. Et en période de crise économique la population est sensible à la critique du système. C'est pourquoi ils votent davantage pour ceux qui leur semblent être une alternative : les eurosceptiques, déclare Olivier Costa de l'Université libre de Bruxelles. Il est possible qu'à terme plus de 30% des députés soient critiques envers Bruxelles."
En Espagne ces idées ont poussé les partisans de l'indépendance de la Catalogne à s'activer. En Grèce cela a permis à 18 représentants du parti néonazi Aube dorée d'accéder au parlement. Et en France la chef du Front national, qui s'oppose à l'Union européenne et prône le rétablissement des frontières nationales entre ses membres, a réussi à obtenir 20% des voix à la dernière présidentielle de 2012.
"Bruxelles n'a pas le droit de nous imposer tel ou tel accord ou engagement. Nous sommes pour la priorité nationale, déclare Marine Le Pen. Il est temps pour la France de cesser beaucoup de choses, notamment le fait d'accorder une aide médicale et des prestations sociales aux clandestins, au détriment des intérêts des Français".
Jean-Marie Le Pen, 85 ans, et sa fille Marine comptent sur ce genre de déclarations pour gagner le cœur des électeurs. Marine Le Pen a même déclaré qu'elle comptait remporter le scrutin.
"Si au niveau national les citoyens ne le leur permettent pas pour l'instant, aux législatives européennes - qui ont moins d'importance pour les Français - les nationalistes cherchent à se libérer du sentiment d'insatisfaction", estime Nicolas Lebourg, historien des mouvements d'extrême-droite à l'université de Perpignan.
Selon lui, la dynastie Le Pen sera soutenue par les Français aussi bien à droite qu’à gauche. Les premiers voudront punir le gouvernement pour son libéralisme culturel excessif - comme la légalisation du mariage homosexuel - et les seconds voteront pour les représentants du FN pour exprimer leur colère contre le libéralisme, les autorités économiques et l'UE.
"Les nationalistes comme la famille Le Pen transforment l'Union européenne en cheval de Troie de la mondialisation, en prônant les idées populaires de souveraineté nationale, culturelle et législative, analyse Lebourg. Par conséquent, il est possible que les Le Pen remportent la course électorale."
Toutefois, pour continuer à promouvoir leurs idées ils devront franchir un autre palier : celui du Parlement européen de Strasbourg.
"Bien que sur les 736 députés du parlement 150 soient déjà eurosceptiques, jusqu'à présent ils ne sont pas parvenus à coordonner leurs actions et définir un programme commun, déclare Costa. Leur principal problème ? L'organisation.
Certains députés des partis nationalistes ne sont presque jamais présents aux réunions. D'autres pratiquent un vote protestataire contre toutes les initiatives, ce qui réduit à néant toute possibilité de promouvoir leurs propres idées. Enfin, les plus modérés votent mais se mettent ainsi dans une position contradictoire car en prenant part à l'activité de l'institution européenne ils en légitiment l'existence.
