Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a rencontré mardi à Moscou les entrepreneurs français, écrit jeudi 19 septembre le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
C'est un paradoxe : les Français admirent la Russie mais la position de cette dernière sur la question syrienne leur est absolument incompréhensible. Pour l'instant, il semble impossible d’abattre ce mur. "Paris chérit l'amitié avec Moscou. Nos relations ne souffrent d'aucune crise.
Il faut comprendre que la France n'est pas contre la Russie, sa position sur la question syrienne n'a pas pour but d'offenser Moscou. Simplement notre pays a depuis longtemps une dent contre la famille Assad et elle la fera partir", déclare un homme d'affaires français.
Paradoxe sur paradoxe. Les Français sont probablement, plus que toute autre nation européenne, sujets au "charme modeste des stéréotypes". Ils sont très réticents à se séparer des clichés datant de leur enfance. A leurs yeux, tous ceux qui portent le nom Assad sont des criminels. Moscou soutient Damas : pas étonnant dès lors que 64% des Français aient une attitude négative envers la Russie, d'après un sondage récent. N'ont-ils toujours pas digéré la fuite de Napoléon ? Un peu d'humour ne fait jamais de mal.
Toutefois, une étude prouve que les Français préfèrent tout vérifier de leurs propres yeux et sont sensibles aux changements. Seulement un quart des entrepreneurs français qui n'ont jamais été en Russie seraient prêts à y investir. Mais la situation change radicalement lorsqu'il s'agit des hommes d'affaires qui ont déjà travaillé en Russie. 80% d'entre eux, de retour au pays, reconnaissent qu'ils seraient prêts à investir de nouveau en Russie. Ils reconnaissent être rarement confrontés à la corruption mais maudissent la bureaucratie. Or elle est partout. Même si dans certains pays la bureaucratie est bien pire.
Les entrepreneurs "votent euro". Les représentations de près de 1 200 compagnies françaises travaillent en Russie. Neuvième en 2008, en 2012 la France est montée à la 3ème place des pays investisseurs en Russie : au cours de cette période Paris y a investi 12 milliards d'euros.
Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe, note que "ces milliards d'euros des centaines de compagnies françaises "protègent" la poursuite des investissements en Russie du gouvernement français". Les entrepreneurs ont demandé au ministre où en était la simplification du régime de visas et Fabius a laissé entendre que cette question était activement discutée.
Conclusion de la réunion : il est préférable d'abattre le mur de méfiance et de stéréotypes par une expérience de coopération. Dans ce sens, une couverture appropriée de la Russie dans la presse française est primordiale. Depuis quelque temps certains commentateurs français connus changent d'attitude. La plupart d'entre eux ont salué l'initiative russe sur la Syrie. Ce changement de point de vue a été particulièrement notable parmi les Français de droite et les catholiques qui sont très sensible à la protection des chrétiens en Orient, ainsi qu’à gauche parmi ceux qui prônent une politique indépendante de la France.
