Le sommet USA-Russie à Moscou n'aura pas lieu en raison de l'absence de progrès dans les relations bilatérales, a annoncé hier la Maison blanche, écrit jeudi 8 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Cependant, le président américain Barack Obama n'a pas changé ses plans concernant sa participation au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg les 5 et 6 septembre. Auparavant, il était supposé se rendre à Moscou les 3 et 4 septembre. Selon les experts, le froid dans les relations russo-américaines repoussera la prise de décisions importantes jusqu'à une nouvelle "fenêtre d'opportunités" qui ne s'ouvrira pas avant un voire deux ans.
"Après une analyse minutieuse commencée en juin, nous avons conclu de l'absence d'un progrès suffisant ces derniers temps dans l'ordre du jour bilatéral avec la Russie pour organiser le sommet USA-Russie début septembre", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche Jay Carney.
Le refus de Washington d'organiser le sommet initialement prévu pour les 3-4 septembre est dû à la déception de la Maison blanche suite à l'octroi de l'asile à Edward Snowden par les autorités russes. De plus, ce refus reflète le mécontentement de Washington vis-à-vis de la position de Moscou sur d'autres problèmes : le bouclier antimissile (ABM), la réduction des arsenaux nucléaires, le conflit syrien, les droits de l'homme en Russie. Précédemment, Obama avait confirmé sa participation au sommet du G20 sans mentionner un éventuel entretien avec Vladimir Poutine. Il s'est plaint que Moscou restait "attaché à la mentalité de la Guerre froide".
"Les Etats-Unis ne sont toujours pas prêts à construire les relations de manière équitable", a déclaré un représentant du Kremlin. La Russie estime qu'il est abusif d'associer la perspective du sommet au sort de l'ex-analyste de la CIA et de la NSA. "L'administration américaine remet en question le contact bilatéral au plus haut niveau à cause de l'affaire Snowden. Je pense que c'est une altération totale de la réalité, c'est une vision du monde à travers un miroir déformant", déclare
Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères.
L'annulation du sommet n'a pas eu d'impact sur les plans de la rencontre bilatérale "2+2" entre les ministres des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et John Kerry, et les ministres de la Défense Sergueï Choïgou et Chuck Hagel. La porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki a déclaré qu'hormis l'affaire Snowden, les ministres évoqueraient l'accord sur la réduction des armements nucléaires, la situation en Afghanistan, le programme nucléaire iranien et les efforts pour le règlement du conflit syrien.
"La crise dans les relations russo-américaines n'a pas pu être évitée, a déclaré Sergueï Rogov, directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'Académie des sciences de Russie. La décision d'Obama d'annuler le sommet bilatéral est une occasion manquée de donner un coup de pouce à un nouvel ordre du jour pour les relations bilatérales. Dans ces conditions, la réunion de demain entre les quatre ministres n'apportera très probablement aucun résultat, car son objectif consistait à préparer la rencontre entre les deux présidents."
"Si Snowden avait quitté la Russie, la situation aurait pu se normaliser en dépit d'autres sérieux problèmes et différends, explique Sergueï Rogov. Snowden est un facteur absolument incontrôlable, il n'a agi ni sur ordre d'Obama, ni sur ordre de Poutine. Or la Russie en a endossé la responsabilité. Ce qui n'était pas forcément nécessaire. Les Chinois s'en sont rapidement débarrassé, mais la Russie n'a pas réussi et n'a pas voulu le faire. Cette fois, c'est un problème pour la Russie et un motif pour une crise dans les relations russo-américaines."
