Tunisie: la position fragile des islamistes

S'abonner
Les islamistes au pouvoir en Tunisie ont fait une concession sans précédent aux dizaines de milliers de manifestants qui protestent contre la politique du gouvernement, écrit mercredi 7 août le quotidien Kommersant.

Les islamistes au pouvoir en Tunisie ont fait une concession sans précédent aux dizaines de milliers de manifestants qui protestent contre la politique du gouvernement, écrit mercredi 7 août le quotidien Kommersant.

Le chef du parti au pouvoir Ennahdha Rachid Ghannouchi a annoncé qu'il était prêt à organiser un référendum pour régler la crise dans le pays. La date de sa tenue pourrait coïncider avec les législatives de décembre. Les experts prédisent que les islamistes risquent d'échouer.

A la veille d'une marche de commémoration en hommage à l'opposant Chokri Belaïd tué six mois plus tôt, le chef des islamistes tunisiens Ghannouchi a reconnu que le pays était divisé. Selon lui, un référendum pourrait constituer une issue de la crise. Le référendum concernera le maintien des structures gouvernementales établies en 2011 après le renversement du président Ben Ali.

A l'époque de Ben Ali, les islamistes étaient persécutés en Tunisie et étaient contraints à la clandestinité. Beaucoup ont interprété leur victoire aux législatives en octobre 2011 comme une récompense méritée pour les nombreuses années de persécution. Toutefois, l'auréole du martyr d'Ennahda s'est rapidement dissipée. Contrairement aux promesses de construire un état de droit moderne, le parti a cherché à intégrer à la constitution des normes de la charia et des restrictions aux droits des femmes. La politique d'islamisation accélérée a divisé une Tunisie où existait l'un des régimes les plus laïques du monde arabe et où les idées extrémistes n'avaient jamais été populaires.

Le journaliste tunisien Karim Ben Saïd affirme que "deux ans auparavant, beaucoup d'espoir reposait sur le gouvernement d'Ennahda, mais Ghannouchi n'a jamais réussi à répondre à ses attentes". Selon lui, les islamistes n'ont pas réussi à arriver au compromis avec les partisans d'une politique laïque.

En parallèle, on perçoit de sérieux différends au sein même du camp islamiste. Les partisans d'une politique modérée sont opposés aux salafistes radicaux qui cherchent à imposer à la société leur idéologie.

La promesse d'organiser un référendum est, pour l'instant, l'unique concession des autorités aux manifestants qui protestent depuis plus de deux semaines. L'opposition exige la démission du gouvernement, mais le premier ministre Ali Larayedh exclut une telle éventualité – du moins jusqu'aux législatives prévues pour le 17 décembre.

Selon les experts, l'une des causes de la crise en Tunisie est l'absence jusqu'à présent de nouveaux organismes administratifs postrévolutionnaires. Le travail sur le projet de nouvelle constitution qui avançait déjà très lentement s'est complètement arrêté après l'assassinat, fin juillet, de Mohamed Brahmi, député de l'opposition et chef du Mouvement populaire.

En réponse aux manifestations à slogans antigouvernementaux, les islamistes ont fait descendre sur la place centrale de la capitale leurs partisans – plus de 200 000 personnes, d'après Ennahda. Rachid Ghannouchi a affirmé que le scénario égyptien, lorsque l'armée a évincé les islamistes au pouvoir, ne se répéterait pas en Tunisie et que le gouvernement resterait au pouvoir. L'opposition n'est pas de cet avis et a déjà promis d'organiser de nouvelles manifestations encore plus grandes.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала