Les Etats-Unis craignent de perdre le Proche-Orient

© RIA Novosti . Vladimir FedorenkoNezavissimaïa gazeta
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Les Etats-Unis s'inquiètent de l'expansion des puissants émirats arabes dans les pays postrévolutionnaires du Proche-Orient, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 17 juillet 2013.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry va discuter aujourd'hui en Jordanie avec ses homologues arabes de la question israélo-palestinienne, du conflit syrien et de la situation en Egypte : tous ces points de tension sont liés par une chaîne d'intérêts géopolitiques mondiaux et régionaux. Cette visite de Kerry est déjà la sixième depuis mars 2013.

"Les Etats-Unis veulent conserver leur rôle-clé dans la région, estime Vladimir Sotnikov, chercheur en chef de l'Institut d'études orientales auprès de l'Académie russe des sciences. Washington craint que le Proche-Orient tombe sous l'influence des monarchies arabes mais aussi de la Russie. Les Etats-Unis n'ont aucun moyen d'influer sur cette dernière mais disposent, par contre, de mécanismes de pression sur les pays du Golfe".
D’où cette nouvelle visite du secrétaire d'Etat John Kerry dans la région. Il tente ainsi d’attirer l'attention d'Israël - son souci principal est actuellement le programme nucléaire iranien - et des pays arabes qui s'ingèrent dans les crises égyptienne et syrienne sur le conflit israélo-palestinien.

Même si les négociations ne se solderont sûrement pas positivement, la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki souligne tout de même que "le secrétaire d'Etat ne serait pas revenu dans la région sans sentir une possibilité réelle de progrès sur cette question". Quoi qu'il en soit, les analystes et les diplomates de la région doutent d'une reprise du processus de paix.

Et il est difficile de les contredire : l'Egypte, médiateur-clé dans ce processus de paix sous Hosni Moubarak et Mohammed Morsi, a aujourd'hui quitté le jeu. La dernière initiative de Morsi a été de commencer à réconcilier les groupes palestiniens du Fatah et du Hamas. Avant de se mettre à la table des négociations avec les Israéliens, le leader palestinien Mahmoud Abbas avait effectivement besoin du soutien des deux mouvements mais le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, n'a aucune envie de se réconcilier avec Israël à des conditions acceptables pour le Fatah. Le Caire a mené des négociations difficiles avec Ramallah et Gaza mais a actuellement d'autres soucis. De plus, les radicaux de Gaza n'apprécient pas du tout le nouveau pouvoir égyptien : ils appellent les Egyptiens à lutter pour la restitution du président islamiste. Le nœud de problèmes au Proche-Orient comprend donc les crises égyptienne et syrienne, le programme iranien, les ambitions de l'Arabie saoudite et de ses "collègues" du Golfe, aussi bien que les intérêts d'Israël.

L'Egypte revient aujourd'hui au premier plan de la politique régionale des Etats-Unis : Washington s'appuie traditionnellement sur ce pays qui contrôle le canal de Suez, a signé un accord de paix avec Israël et été pendant des décennies l’un des principaux alliés américains au Proche-Orient. La Maison blanche a donc envoyé William Burns, secrétaire d'Etat adjoint, dans ce pays bouillonnant suite à la destitution du président Morsi.

Selon Vladimir Sotnikov, les intérêts de Washington sont politiques et financiers. "Les Etats-Unis restent toujours le donateur le plus important de l'Egypte et craignent que les monarchies du Golfe reprennent la main, analyse-t-il. Les USA veulent garantir que l'Egypte évite une guerre civile et que les militaires s'orientent toujours vers les Etats-Unis et pas vers le Golfe. Dans ce cas-là elle pourra financer l'Egypte sans angoisse".

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