Morsi pousse l'Egypte vers la guerre civile

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L'ultimatum lancé par les forces armées égyptiennes au président Mohamed Morsi prend fin aujourd’hui.

 

L'ultimatum lancé par les forces armées égyptiennes au président Mohamed Morsi prend fin aujourd’hui. Le chef d'Etat n'a aucune envie de céder mais contrairement à l'année dernière, il ne peut plus compter sur un soutien massif des Egyptiens : depuis leurs arrivée au pouvoir les Frères musulmans ont perdu leurs partisans politiques et ont complètement ruiné l'économie du pays, écrit mercredi le quotidien RBC Daily. 

Dimanche le pays a vu éclater de nouvelles protestations réunissant des milliers de personnes contre le gouvernement actuel. Les manifestants - en principe les jeunes et les libéraux - exigent des élections anticipées et la démission de Morsi. Ils accusent ce dernier pour sa gestion peu efficace, l'islamisation du pays et la violation de ses promesses électorales. Les activistes affirment avoir recueilli près de 22 millions de signatures contre lui, soit presque le double du nombre d’Egyptiens qui avaient voté pour lui l'année dernière. Lundi, le général Abdel Fattah El Sissi, ministre de la Défense et commandant des forces armées égyptiennes, a offert à Mohamed Morsi deux jours pour remplir les exigences des manifestants et régler la crise politique. Au contraire de quoi les militaires pourraient présenter leur propre plan d'actions. Le soutien de l'armée est crucial pour les opposants car elle a joué un rôle décisif dans la chute de l'ancien président Hosni Moubarak. 11 ministres démissionnés ont critiqué la politique des Frères musulmans dès le début des contestations. L'Occident fait également pression sur l'Egypte : le président Barack Obama a notamment appelé Morsi à se soumettre aux exigences des manifestants.           

Selon Vaguif Gousseinov, directeur de l’Institut d’évaluation stratégique et d’analyse, le règne des Frères musulmans était voué à l'échec dès le début car ils n'avaient aucun projet concret de modernisation de l'économie. "Morsi et ses collaborateurs ont probablement espéré obtenir une aide financière du Qatar ou de l'Arabie saoudite - à mon avis la déclaration récente du président égyptien concernant la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie a été dictée par Doha ou Ryiad en échange de l'augmentation de l'aide financière - mais le Qatar n'est pas en mesure de nourrir l'Egypte et ses 80 millions d'habitants. Dans ce contexte le président a suivi la seule stratégie qui lui semblait efficace : visiter des pays différents pour demander de l'agent", remarque-t-il.     
Quoi qu'il en soit les investisseurs fuient l'Egypte. Suite à l'effondrement du régime de Moubarak l'indice boursier local EGX 30 a chuté de 45%. Morsi a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international il y a près de deux ans mais n'arrive toujours pas à s'entendre avec ce dernier sur les conditions d'octroi d'une aide de 4,8 milliards de dollars, qui devrait servir à combler le déficit budgétaire (plus de 10% du PIB). De plus, des postes gouvernementaux importants ont été transmis à des islamistes radicaux, peu compétents dans la gestion du pays. En conséquence le chômage est passé de 9% en 2010 à 13% en 2013. L'industrie touristique, l’un des secteurs les plus lucratifs dans le passé, subit également une pression très sérieuse de la part des radicaux, qui ont limité la vente d'alcool et proposent actuellement d'établir un code vestimentaire pour les étrangers - ou même de faire sauter les pyramides.

Dans ces conditions, les militaires pourraient jouer un rôle décisif. "Seul un coup d'Etat militaire pourrait prévenir un affrontement beaucoup plus important entre les forces civiles. Reste à savoir s'il y a, parmi l'armée, des leaders capables de le mettre en œuvre", explique Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient. 

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