Les Américains ferment leur base au Kirghizstan

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Le président kirghiz Almazbek Atambaev a rompu par décret l'accord passé avec les Etats-Unis pour la location de l'aéroport de Manas, utilisé à des fins militaires depuis 2001, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

Le président kirghiz Almazbek Atambaev a rompu par décret l'accord passé avec les Etats-Unis pour la location de l'aéroport de Manas, utilisé à des fins militaires depuis 2001, écrit vendredi le quotidien Kommersant. D'après ce décret tous les soldats américains doivent quitter la base de Manas d'ici un an. La rupture de l'accord avec Washington - sous pression russe - est probablement la plus grande victoire de Moscou en termes d'influence dans cette région d'importance stratégique depuis le début de l'opération antiterroriste des USA en Afghanistan.

Le décret en question fixe un ultimatum d'un an – jusqu'au 11 juillet 2014, date à laquelle tous les militaires américains devront avoir quitté Manas. Après l'échec des tentatives américaines de prolonger l'accord, le gouvernement kirghiz avait suggéré de le suspendre. Le projet de loi pour renoncer au bail avec les USA avait été soumis au parlement kirghiz en mai et le 20 juin, les députés ont voté pour le retrait de la base militaire.

Pendant huit ans - jusqu'en 2009 - Manas a servi d'aérodrome pour les chasseurs et les bombardiers de la coalition antiterroriste en Afghanistan dans le cadre de l'opération Enduring Freedom (Liberté Immuable) chapeautée par les Etats-Unis. A l’été 2009 la base avait été convertie en centre de transit. Depuis, les USA ont réduit la liste des opérations militaires réalisées sur le territoire kirghiz – seuls les avions de transport et les ravitailleurs KC-135 volaient en Afghanistan. Chaque mois, jusqu'à 30 000 soldats américains faisaient des allers-retours Washington-Bichkek-Kaboul.

Par ailleurs, les Américains n'ont pas toujours respecté l'accord stipulant que la base serait utilisée uniquement pour le transport du personnel militaire : des négociations avec les leaders de l'opposition afghane se seraient notamment déroulées à la base. De plus, l'aéroport de Manas a servi au transit de talibans prisonniers. Ainsi, dans la nuit du 28 mai 2012, quatre Afghans menottés et cagoulés sont sortis d'un avion qui avait atterri à Manas. Sous couvert de l'immunité diplomatique, les Américains avaient refusé de communiquer aux autorités kirghizes des renseignements sur ces hommes.

En dépit de ces incidents désagréables qui réchauffaient la discussion sur l'utilité du maintien de la présence militaire américaine dans le pays,  les opposants à la rupture de l'accord pensent que le gouvernement et le président Atambaev sont allés trop vite en besogne. "Les USA ont annoncé qu'ils quitteraient le Kirghizstan fin 2014 quoi qu'il arrive. Le Kirghizstan n'avait pas besoin de pousser les Américains à partir et pouvait rester en bon terme avec eux", estime le député Omourbek Abdrakhmanov.

"La rupture de l'accord avec Washington - sous pression russe - est probablement la plus grande victoire de Moscou en termes d'influence dans cette région d'importance stratégique depuis le début de l'opération antiterroriste des USA en Afghanistan ", explique l'expert du centre PIR Vadim Koziouline. Toutefois, selon lui, cette victoire n’a été possible que lorsque l'intérêt des Américains pour la base de Manas s'est nettement réduit dans la perspective du retrait des troupes d'Afghanistan d'ici 2014. Washington a fait comprendre à Bichkek qu'il souhaiterait continuer à utiliser cette base gratuitement.

"Vu que le Kirghizstan ne pouvait plus gagner d'argent à Manas, son gouvernement a décidé d'en faire une affaire de principes tout en montrant sa loyauté envers Moscou, comptant sur les dividendes russes - notamment l'aide militaire promise dépassant 1 milliard de dollars", a déclaré Vadim Koziouline.

Mais le maintien de la présence américaine n’est pas tout à fait évacué. "La signature du président ne signifie pas encore que le Kirghizstan cessera de coopérer avec les USA dans le secteur militaire", souligne le politologue Mars Sariev. "L'aéroport de Manas pourrait être loué à la Turquie, allié des USA à l'Otan, pour le mettre à disposition des Américains sans la participation du gouvernement kirghiz", a-t-il déclaré.

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