Crise politique en République tchèque

S'abonner
Le gouvernement tchèque est tombé. Le premier ministre Petr Necas a dû donner sa démission hier, entraînant derrière lui tous ses ministres de centre-droit. Une crise politique inattendue a éclaté dans le pays. A l'échelle tchèque elle fait l’effet d’une bombe, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 18 juin 2013.

Le gouvernement tchèque est tombé. Le premier ministre Petr Necas a dû donner sa démission hier, entraînant derrière lui tous ses ministres de centre-droit. Une crise politique inattendue a éclaté dans le pays. A l'échelle tchèque elle fait l’effet d’une bombe, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 18 juin 2013.

La directrice de cabinet de Necas, Jana Nagyova, a été placée en garde à vue samedi pour corruption et abus de fonctions. Elle n'est pas la seule : l'ex-ministre de l'Agriculture Ivan Fuksa et son ancien adjoint Roman Bocek, les ex-députés Petr Tluchor et Marek Snajdr ont été également arrêtés, ainsi que l'ex-chef du renseignement militaire, le général Ondrej Palenik. Seul le général Milan Kovanda, actuel patron du renseignement militaire, a reconnu sa négligence et a été relâché.

Avant ces arrestations une opération nocturne impliquant 400 policiers avait été menée, visant à perquisitionner la résidence du premier ministre, le ministère de la Défense et la mairie de Prague. De plus, les unités de lutte contre le crime organisé ont fouillé les bureaux et les villas de nombreux entrepreneurs proches du parti au pouvoir. La police a déclaré que les perquisitions avaient permis de saisir 150 millions de couronnes en liquide et plusieurs dizaines de kilogrammes d'or.

Le scandale implique également une figure du Parquet de Prague : l'enquête a donc été transférée au Parquet d'Ostrava. D'après le procureur général Ivo Istvan, le nombre d'accusés pourrait encore augmenter.

Selon la presse tchèque, cette histoire est extraordinaire sur tous les plans, notamment moral et politique. On se demande tout de même comment cette directrice de cabinet s’est retrouvée à gérer le renseignement militaire du pays. Ou comment, à l'initiative de Nagyova, les officiers de cette unité du ministère de la Défense espionnaient des civils, y compris la femme du premier ministre. Aujourd'hui le ministre de la Défense tchèque affirme qu'il n'en savait rien et que les généraux pensaient, soi-disant, que l'ordre venait directement du premier ministre.

Dans le contexte tchèque Nagyova est comparable à Elena Vassilieva dans l'affaire impliquant l'ex-ministre de la Défense russe Anatoli Serdioukov. Les deux étaient des personnes de confiance auprès de leurs chefs directs - mais la société Oboronservis s'est enlisée dans les magouilles de ventes et de pots de vin tandis que la directrice de cabinet du premier ministre tchèque trempait dans la corruption politique. Lorsqu'un projet de loi du gouvernement était sur le fil du rasoir, Jana Nagyova a convaincu trois députés qui s'y opposaient de renoncer à leurs mandats en échange des postes haut placés dans des entreprises publiques. Ces mandats ont été récupérés par les partisans du projet, ce qui a assuré son vote par le parlement. Toutefois, cet épisode est loin d'être le seul chef d'inculpation contre Jana Nagyova, connue comme l’"éminence grise" de l'équipe de Necas.

Le scandale et la crise n'ont pas pu être évités à Prague. Petr Necas a d’abord refusé d'évoquer sa démission, jusqu'à ce que le président Milos Zeman fasse une déclaration sur la gravité des accusations réunies par le procureur. Le premier ministre n'avait plus d'autre choix que d'annoncer son départ, y compris du poste de président du Parti démocratique civique.

Necas a déjà reconnu sa responsabilité dans les filatures et les écoutes et a présenté ses excuses à toutes les personnes concernées. Il a également renvoyé sa directrice de cabinet. L'élite dirigeante tente de minimiser la gravité du scandale. La coalition a déclaré que l'abandon des mandats parlementaires est une pratique courante au parlement, qui n'a rien à voir avec la corruption. Du même côté, on entend des accusations concernant des actions infondées du Parquet, qui a insisté sur l'arrestation des suspects.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала