Crise: le FMI reconnaît ses erreurs en Grèce

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Le Fonds monétaire international (FMI) a reconnu avoir commis des erreurs dans le plan de sauvetage de la Grèce, écrit le quotidien Vedomosti du 6 juin 2013.

Le Fonds monétaire international (FMI) a reconnu avoir commis des erreurs dans le plan de sauvetage de la Grèce, écrit le quotidien Vedomosti du 6 juin 2013.

Le rapport publié sur le site du FMI annonce qu'en 2010 le fonds a signé son premier accord d’aide financière à Athènes (110 milliards d'euros) en sous-estimant la gravité de la crise. En particulier, le Fonds s'est trompé au sujet de la rapidité de la relance économique du pays, a mal calculé les conséquences de la réduction des dépenses budgétaires, a été trop optimiste dans l'évaluation des perspectives du retour de la Grèce sur le marché des prêts et a tardé à restructurer la dette publique du pays par le biais des créanciers privés.

Le FMI reconnaît également avoir enfreint ses propres règles afin de reconnaître la dette grecque comme surmontable : on se rend compte aujourd’hui que le pays ne répondait pas à trois critères sur quatre pour recevoir un tel jugement. Néanmoins il était nécessaire de sauver la Grèce, écrivent les auteurs du rapport : cela a permis de remédier au risque d’un défaut de paiement incontrôlé et à la propagation de la crise dans d'autres pays de la zone euro. "On le referait si c'était à refaire", a déclaré l'ex-médiateur du FMI pour la Grèce, Poul Thomsen, signataire de l’accord.

Le Wall Street Journal rappelle que les représentants du FMI, dont la directrice actuelle Christine Lagarde, annoncent depuis trois ans que la charge de la dette grecque était "élevée mais surmontable" et que le pays rembourserait ses dettes dans les temps. D'après le rapport, l'incertitude autour du programme de sauvetage était si grande en 2010 que les spécialistes du FMI ne pouvaient pas affirmer que la Grèce pourrait maîtriser la hausse de la dette publique. Deux anciens employés du FMI ont déclaré au WSJ que le directeur du département juridique du FMI Sean Hagan avait averti à plusieurs reprises cette année-là que l'aide à la Grèce ne répondait pas aux exigences du Fonds. Au final, le FMI a adopté des "conditions spéciales" d'accès à ses ressources avec des exigences à la baisse envers l'emprunteur pour accorder cette aide à la Grèce.

Le Financial Times pense que ces conclusions serviront de modèle à toutes les grandes décisions futures du FMI à l'égard des économies nationales. Il est plus que probable que le Fonds exigera désormais immédiatement de "taxer" les investisseurs privés, des pronostics réalistes de la dette et de la croissance économique, ainsi qu'une plus grande dépendance aux autorités supranationales.

Les auteurs du rapport indiquent clairement que le programme d'échange d’obligations grecques entre les mains des investisseurs privés aurait dû être lancé bien avant octobre 2011. "Ecarter le problème des obligations détenues par les investisseurs privés a engendré - à un stade précoce de la crise - des doutes sur l'aptitude de la zone euro à maîtriser ne serait-ce qu'un défaut de paiement limité et cela a probablement aggravé la situation de la Grèce, écrit le FMI. Une restructuration rapide et déterminée aurait été bénéfique pour la Grèce mais elle n'a pas été approuvée par les partenaires européens. Au final, une partie des investisseurs ont pu mettre les actifs grecs sur le dos de l'Etat."

Avant la signature de l'accord en 2010 le FMI prédisait une chute du PIB du pays de 5,5% d'ici 2012, alors qu'elle s'élève déjà à 17%.

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