L'Algérie court le risque de déstabilisation et d'islamisation

S'abonner
La longue absence du président Abdelaziz Bouteflika, actuellement soigné en France, pourrait provoquer une grave crise politique en Algérie, écrit le quotidien Kommersant du 28 mai 2013.

La longue absence du président Abdelaziz Bouteflika, actuellement soigné en France, pourrait provoquer une grave crise politique en Algérie, écrit le quotidien Kommersant du 28 mai 2013.

En attendant un éventuel changement de gouvernement, ce pays-clé du monde arabe risque la déstabilisation et l'islamisation. Le gouvernement laïc algérien est aujourd’hui considéré comme le plus fervent adversaire des musulmans radicaux, qui ont considérablement renforcé leurs positions dans la région après les révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye.

Il est certain que le temps d'Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, touche à sa fin.

Le président âgé de 76 ans a lui-même laissé entendre qu'il n'avait pas l'intention de se représenter pour un quatrième quinquennat et qu'il prendrait sa retraite après la présidentielle de 2014.

Cependant, les experts pensent que le gouvernement pourrait changer plus tôt en raison de sa maladie.

Il y a un mois le président algérien a été admis à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, avant d’être transféré la semaine dernière au centre de réhabilitation de l'armée française. Selon la version officielle, Bouteflika aurait subi un AVC mineur mais beaucoup d'Algériens sont convaincus qu'en réalité il souffre d'un cancer de l'estomac. Les documents publiés par WikiLeaks confirment également cette version des faits.

En l'absence de communiqués officiels, la tension monte dans le pays. Il y a une semaine la police a notamment saisi les revues du quotidien Mon Journal en arabe et en français. Les autorités ont réagi ainsi suite à l'article annonçant que le président était revenu en Algérie mais qu'il se trouvait dans un coma profond.

"Les Algériens sont au courant de la maladie du président et on ne peut pas dire qu'ils sont aussi inquiets pour lui que l'étaient les Vénézuéliens concernant Hugo Chavez, a déclaré Mansouria Mokhefi de l'Institut français des relations internationales (IFRI). La population est indignée par l'auréole du secret et l'ignorance totale dans laquelle les autorités la tiennent."

La question centrale porte sur le transfert du pouvoir. Tout dépend de la capacité des autorités à maintenir le statu quo jusqu'à la présidentielle de 2014 - sinon l'Algérie procéderait à un vote anticipé. D'après la revue El Watan, immédiatement après le départ du président à Paris, les forces de l’ordre en liaison avec l'armée ont commencé à chercher des éventuels candidats au poste présidentiel. L'un des éventuels successeurs est l'ex-premier ministre Ahmed Benbitour – il a déjà effectué plusieurs voyages à travers le pays, qualifiés par les experts "d'électoraux".

Par ailleurs, les analystes ne sont pas persuadés que le changement de gouvernement se déroulerait dans le calme et sans provoquer une crise politique qui, à son tour, renforcerait les positions des islamistes. "Le gouvernement arrive pour l'instant à maîtriser les radicaux musulmans. Cependant il est possible que l'éventuelle déstabilisation politique joue en faveur des islamistes", avertit Mansouria Mokhefi.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала