Une manifestation pour la Journée de la lutte contre l'homophobie se tiendra aujourd'hui à Tbilissi. Les homosexuels et l'ONG Identité qui les soutient s'apprêtent à organiser à midi un flash mob au centre de la capitale, devant l'ancien bâtiment du parlement, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 17 mai 2013.
Les opposants à cette "gay pride", portés par les prêtres de l''Eglise orthodoxe géorgienne et d'autres personnalités publiques, veulent organiser une manifestation 500 mètres plus loin.
Les autorités de Tbilissi sont convaincues que cette proximité ne fera pas bon ménage.
Il y a un an, la gay pride de Tbilissi avait été empêchée avant d'avoir commencé. A peine les homosexuels s'étaient-ils rassemblés sur l'avenue Roustaveli qu’ils avaient été attaqués de tous les côtés par leurs opposants, convaincus que ces manifestations sont inadmissibles dans un pays orthodoxe qui cultive les valeurs traditionnelles. Aucune victime n’avait été à déplorer et la police avait réussi à séparer les manifestants.
D'après les communiqués de Tbilissi, la grande majorité de la société s'oppose de manière bien plus déterminée à l'activité annoncée par l'organisation Identité. Mais cette dernière veut prendre le risque.
Sur les réseaux sociaux circule un plan d'action détaillé pour vendredi : comment, où et par groupes de combien les gens doivent se réunir, quel transport emprunter, quand sortir les affiches et drapeaux, comment éviter la confrontation avec les opposants, comment se disperser après la manifestation. Les homosexuels sont d'autant plus motivés qu’un groupe de diplomates accrédités à Tbilissi a fait part de son souhait d'être présent en tant qu'observateur.
"La gay pride n'a pas sa place en Géorgie ! Ce genre de trucs est devenu l'indicateur du niveau de développement de la démocratie mais à mon sens ça n’a aucun rapport. En tant que Géorgien je ne souhaite pas voir cette parade dans ma patrie", a déclaré l'ex-président
Edouard Chevardnadze, commentant l'événement à venir.
Le premier ministre géorgien Bidzina Ivanichvili a tenu des propos plus modérés et a appelé la population à faire preuve de tolérance. Mais on soupçonne que cette déclaration sur les droits des homosexuels n'ait pas été facile à prononcer pour le père de famille modèle qu'est Ivanichvili – il fallait voir son visage lorsqu'il en parlait.
L'avocat Kote Tchikviladze a déclaré que la foule allait très probablement se battre avec les manifestants ou chercherait à le faire. "Ce n'est pas de l'homophobie en tant que telle ni une réaction à l'orientation sexuelle de tel ou tel individu mais à la perversité et à la mise en évidence ostentatoire de cette orientation". Et d’ajouter : "De plus, ce jeudi a été proclamé en Géorgie journée de deuil – un groupe de militaires géorgiens avait péri en Afghanistan. Serait-ce normal d'organiser le lendemain un rassemblement gay ?! D'après Tchikviladze, la détermination des organisateurs n’est pas raisonnable.
"Les minorités sexuelles ont toujours été présentes dans le pays, quel que soit le régime. J'ai vécu toute ma vie à Tbilissi mais je n'avais jamais entendu dire qu'un individu avait été licencié pour son orientation sexuelle, ou qu'on lui avait refusé d'accorder une assistance médicale.
Par conséquent, ces discussions sur les droits et les devoirs semblent étranges et exagérées",
a déclaré Tchikviladze.
Au moment de la publication de cet article, il a été annoncé que le Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie Ilia II avait demandé à la mairie de Tbilissi d'annuler l'autorisation délivrée à l'ONG Identité d’organiser cette manifestation.
