L'Europe se dresse contre le modèle anticrise allemand

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La politique d’austérité a atteint ses limites en Europe, a déclaré le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Berlin – principal défenseur d’une politique économique stricte et de la réduction des dépenses – a de moins de moins de soutien, écrit le quotidien Novye Izvestia du 24 avril 2013.

La politique d’austérité a atteint ses limites en Europe, a déclaré le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Berlin – principal défenseur d’une politique économique stricte et de la réduction des dépenses – a de moins de moins de soutien, écrit le quotidien Novye Izvestia du 24 avril 2013.

Il y a encore peu de temps Bruxelles soutenait Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui imposent à la zone euro une sortie "économe" de la crise de la dette. Cette fois la Commission européenne appelle à abandonner cette stratégie. José Manuel Barroso sous-entend que les sanctions pénales contre les Etats qui n'arrivent pas à réduire leur déficit budgétaire jusqu'à 3% du PIB ne seront pas appliquées.

Le président de la Commission européenne estime que les débats enflammés sur les avantages de l’austérité ou de l'augmentation des dépenses sont inutiles car la vérité se trouve au milieu.

Selon lui la solution la plus efficace consiste à combiner réduction et augmentation des dépenses. "Au sens social et politique, trouver des solutions impliquant uniquement l'économie est inefficace, a déclaré le président de la Commission européenne. Nous étions sur le mauvais chemin… La politique d’austérité a atteint sa limite car elle a perdu le soutien politique et social."

José Manuel Barroso est arrivé à cette conclusion après avoir analysé la politique économique du Royaume-Uni, privé la semaine dernière de la plus haute note de crédit par l'agence Fitch.

La directrice du Fonds monétaires international (FMI) Christine Lagarde a déclaré que les faibles résultats de l'économie britannique ne lui laissaient pas d'autre choix que de s'adresser au ministre des Finances britannique George Osborne pour demander de revoir la politique économique austère adoptée par le gouvernement de David Cameron.

Les propos de José Manuel Barroso sont une reconnaissance rare des erreurs de Bruxelles - ou au moins de la perte d'efficacité de la politique de réduction des dépenses menée par l'UE sous la pression de l'Allemagne depuis trois ans. Le président de la Commission européenne a également ajouté qu'il ne voyait aucune utilité dans le fait d'accumuler des dettes pour la croissance économique de la zone euro. "La croissance basée sur la dette est artificielle, a-t-il déclaré. C'est la principale leçon à tirer de la crise."

Bill Gross, PDG du plus gros fonds obligataire du monde – Pimco - a également appelé à assouplir la politique d’austérité. "Le Royaume-Uni et pratiquement toute l'Europe ont tort de croire que l'économie contribue à une croissance réelle. Ce n'est pas le cas. Il faut dépenser de l'argent", a-t-il déclaré.

Les statistiques de 2012 montrent également que cette politique donne de moins en moins de résultats. Selon les informations d'Eurostat, le déficit total de tous les membres de la zone euro s'est réduit de 391 à 353 milliards d'euros entre 2011 et 2012. Cependant ces résultats n’ont été atteints que grâce à l'Allemagne. De plus, malgré la réduction du déficit budgétaire des pays de la zone euro, leur dette totale est passée de 87,3% du PIB à 90,6%.

Comment Berlin réagit à la critique ? Le gouvernement allemand ne semble pas avoir l'intention de baisser les bras. A quatre mois des législatives, Angela Merkel estime qu'il faut davantage serrer les vis. Elle est persuadée que les pays de la zone euro devront sacrifier une partie de leur souveraineté en termes de politique économique afin de sortir de la crise.

A en juger par les événements récents, un grand débat est attendu entre les dirigeants européens sur la politique économique et financière de la zone euro. Bruxelles pourrait prendre parti pour Paris qui s'oppose aujourd'hui ouvertement à son ancien allié (avant l'arrivée de François Hollande) – Berlin. Il est désormais impossible de cacher les signes de refroidissement entre les deux puissances économiques européennes.

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