Belgrade prêt à se résigner à l'existence du Kosovo

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La Serbie et le Kosovo ont convenu de normaliser leurs relations. A la fin de la semaine dernière, les représentants de Belgrade et de Pristina ont adopté à Bruxelles des accords déjà qualifiés d'historiques, écrit le quotidien Kommersant du 22 avril 2013.

La Serbie et le Kosovo ont convenu de normaliser leurs relations. A la fin de la semaine dernière, les représentants de Belgrade et de Pristina ont adopté à Bruxelles des accords déjà qualifiés d'historiques, écrit le quotidien Kommersant du 22 avril 2013.

La Serbie a fait un pas réel vers la reconnaissance du Kosovo en échange d'une véritable autonomie pour les Serbes du Kosovo. Toutes ces déclarations ouvrent à Belgrade son accès à l'intégration européenne. La Serbie a pris cette décision douloureuse après la visite du premier ministre serbe à Moscou - elle sera donc perçue comme convenue avec la Russie.

La décision prise à Bruxelles a été interprétée par les deux camps comme leur propre victoire.

Le premier ministre serbe Ivica Dacic a annoncé que pour la première fois, la communauté serbe du Nord-Kosovo était internationalement reconnue. De plus, des garanties ont été données que l'armée kosovare ne pourra pas entrer au nord du Kosovo sans l'autorisation de la Kfor et de l'Otan. A son tour, le premier ministre kosovar Hashim Thaci a déclaré que de jure, cet accord était une reconnaissance du Kosovo par la Serbie.

En fait, les deux dirigeants sont dans leur droit. Belgrade a réussi à obtenir des concessions de la part de Pristina et de Bruxelles sur bien des questions, suite à quoi l'autonomie serbe du Nord-Kosovo est devenue plus réelle. Quant à Pristina, elle a obtenu de Belgrade l'accord pour la normalisation des relations et pour l'adhésion aux organisations internationales, ce qui est un grand pas vers la reconnaissance du Kosovo par la Serbie.

De ce point de vue, Ivica Dacic n'a pas tort lorsqu'il dit que la proposition faite à Bruxelles était le maximum de ce que pouvait attendre la Serbie aujourd'hui et qu’elle devrait désormais sauver ce qui pouvait encore l’être. Sans cela, Belgrade aurait pu dire adieu à la perspective d'adhérer à l'UE tandis que le 22 avril déjà, Bruxelles devait donner son accord pour entamer les négociations à ce sujet.

La décision prise par les autorités serbes est très douloureuse, comme le rappellent les nationalistes serbes. Le premier ministre Dacic et le vice-premier ministre Alexandre Vucic (les deux ont participé aux négociations à Bruxelles) reçoivent fréquemment des SMS avec des injures et des menaces comme "Tu mourras comme Zoran Djindjic". Pendant l’inauguration du marathon de Belgrade, une affiche a également été déployée sur un bâtiment portant l’inscription "Vous avez trahi le Kosovo".

La Serbie a pris cette décision douloureuse juste après la visite du premier ministre à Moscou le 10 avril. Bien que beaucoup à Belgrade voient cette visite comme le "début d'une nouvelle ère dans les relations serbo-russes", Dacic n'a apparemment pas réussi à obtenir tout ce qu'il souhaitait à Moscou. Belgrade demandait un crédit de 1 milliard de dollars mais n'a obtenu que la moitié sur le principe et seulement 300 millions de dollars réellement - la Russie a promis de donner le reste après la signature d'un accord de stabilisation avec le FMI, ce qui est très problématique.

Mais surtout Moscou a adopté une position modérée à l'égard du Kosovo. "Bien sûr, nous soutiendrons toujours nos amis serbes", a déclaré le premier ministre russe Dmitri Medvedev en ajoutant : "Mais c'est à la Serbie de faire avancer ce processus". En d'autres termes, la Russie a laissé entendre qu'elle soutiendrait toute décision prise par la Serbie concernant le Kosovo, sans pour autant lui forcer la main.

La position de la Russie à l'égard du Kosovo est plutôt pragmatique, d'autant que ces dernières années Belgrade menait lui-même les négociations avec l'UE à ce sujet. Néanmoins, la décision prise par les autorités serbes sera perçue par beaucoup de Serbes comme convenue avec la Russie qui en partagerait indirectement la responsabilité.

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