Courrier des lecteurs JRM, 2014-10-02 18:10

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Le séminaire de Yalta, organisé à Kiev par un oligarque ukrainien bien connu a été marqué d'un optimisme pour le moins insolite.

Le séminaire de Yalta, organisé à  Kiev par un oligarque ukrainien bien connu a été marqué  d'un optimisme pour le moins insolite. Devant un parterre bigarré, composé des oligarques locaux où  un premier ministre espagnol à la retraite côtoie Hunter Biden junior, patron de la mirobolante société des gaz de l'est ukrainien, la  représentante du ministère des finances concède volontiers l'effondrement du PNB ukrainien, qui va tomber de "gnigni-pourcent" cette année et encore de 14 % l'an prochain. Mais, selon elle, rien n'est perdu. Au contraire : l'essentiel de la dette publique est due à la banque centrale (faute d'investisseurs privés) de sorte que l'Ukraine échappe à la banqueroute. Sauf qu'avec un tel raisonnement, la monnaie ukrainienne va s'effondrer sur le marché des changes, ce qui va peser définitivement sur sa balance commerciale déjà déficitaire du pays. Bref, l'Ukraine se trouve là où était la Russie en 1989. La reprise économique, toujours selon cette belle Dame, est garantie : il suffit d'appliquer à  la lettre le plan du FMI de réduction des dépenses ! Comme en Italie, en quelque sorte. On jure que la sidérurgie ukrainienne va trouver, en Europe, des débouchés plus intéressants qu'en Russie. Encore faudrait-il reconstruire Donetsk qui est le centre sidérurgique de l'Ukraine (Akmetov était absent de cette conférence). On élude la délicate question des impôts (que les pauvres n'ont pas les moyens et que les riches n'ont pas l'intention de payer). On se réjouit de vendre des hélicoptères à des armées étrangères. En résumé, tout le mal vient de la Russie à laquelle l'Ukraine est contrainte bien malgré elle de refuser ses exportations!  Et le président de conclure la séance en disant à M. Kravtchouk, qui ne parle pas l'anglais, "on vous reprendrait bien comme président; dommage que la constitution ne nous permet pas de vous relire". Sachant que l'intéressé, 80 ans, a jadis constitué le lobby des oligarques qui dirigent l'Ukraine depuis son indépendance jusqu'à sa récente implication aux côtés de néo-nazis. Quant aux visiteurs étrangers venus prospecter l'Ukraine, un conseillé issu de l'extrême droite leur confirme que l'investissement en Ukraine reste très risqué, mais qu'il ne faut pas hésiter au motif que "des compagnies étrangères ont bien investi dans des pays africains en guerre" (sic). Pas rassurant pour l'investisseur présent, muet, bouche bée. Celui qui, dans cette rubrique, comparaît l'avenir de l'Ukraine à celui du Sierra Leone n'avait donc pas si tort...

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