A Tchoukotka, la fonte des glaces a provoqué la rencontre des ours avec les habitants

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La fonte des glaces à Tchoukotka, suivie de la famine des ours polaires - ces animaux chassent sur la glace - ont conduit à des affrontements entre les prédateurs et les hommes, déclarent à RIA Novosti les représentants russes de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), membres du groupe de travail sur l'ours polaire.

La fonte des glaces à Tchoukotka, suivie de la famine des ours polaires - ces animaux chassent sur la glace - ont conduit à des affrontements entre les prédateurs et les hommes, déclarent à RIA Novosti les représentants russes de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), membres du groupe de travail sur l'ours polaire.

Deux faits tragiques ont eu lieu la semaine dernière : des ours polaires inscrit au Livre rouge des espèces protégées ont été abattus. Le 24 septembre, dans un village côtier d'Ianranaï, un policier a tué un ours qui avait attaqué une habitante locale en état d'ébriété, alors qu'elle essayait de nourrir le prédateur. Cinq jours plus tard, un policier a dû en abattre un second à la station polaire de Valkarkaï, située à 50km du village d'Ianranaï. L'ours tentait de s'introduire dans la maison des chercheurs.

"Les ours ne viennent pas sur le rivage parce qu'ils sont devenus plus nombreux mais parce que les glaces disparaissent. Leur sortie signale une grande détresse. De nombreux éléments montrent qu'ils sont déjà mal en point à Tchoukotka et, si cette tendance perdure, ils risquent de disparaître", estime Nikita Ovsiannikov, directeur adjoint de la réserve "Île Wrangel".

Selon les informations du Centre national américain de la neige et de la glace (NSIDC), la superficie de la banquise en Arctique a atteint son minimum annuel le 16 septembre, soit 3,41 millions de mètres carrés. C'est l'indice le plus bas de toute l'histoire des observations satellites des glaces dans cette région, qui ont commencé en 1979.

Les conflits étaient prévisibles

Toutefois, l'apparition des ours dans les villages était prévisible, déclare Andreï Boltounov, expert à l'Institut de recherche pour la protection de la nature auprès du ministère russe de l'Environnement.

"Début septembre, les observateurs du programme "Patrouille des ours" nous signalaient déjà qu'un vent fort et persistant en provenance du nord avait amené vers la côte beaucoup de glace, transportant les ours avec elle. On savait que la situation allait s'aggraver.

Comme on pouvait s'y attendre, la glace n'a pas tenu longtemps et tous les ours blancs se sont retrouvés sur le rivage. A la recherche de nourriture, les prédateurs ont commencé à visiter les villages et les lieux de pêche de la population locale. Malheureusement, force est de constater qu'il n'existe en Russie aucun moyen visant à empêcher les conflits avec les ours polaires sur la côte arctique. Les incidents dans le village d'Ianranaï et à la station polaire Valkarkaï ont montré que l'unique moyen de régler le conflit aujourd'hui était d'abattre l'animal", a-t-il déclaré.

Stanislav Belikov, chef du laboratoire de protection des écosystèmes maritimes et côtiers à l'Institut de recherche pour la protection de la nature, estime que la situation actuelle est critique.

"Il faut souligner que la présence des ours polaires près des villages ne veut pas dire que les animaux se sont reproduits et représentent une menace pour l'homme. Au contraire, cela signifie que le prédateur est dans une situation de détresse", estime-t-il.

Effrayer sans tuer

Par ailleurs, les experts estiment que les policiers doivent empêcher le rapprochement et le contact des ours polaires avec les habitants, qui n'hésitent pas à les approcher pour les nourrir ou les prendre en photo. Ils doivent également veiller à ce que les personnes en état d'ébriété ne s'approchent pas des ours.

"L'ours polaire n'a rien à faire dans les rues des villages côtiers ou devant les fenêtres des stations polaires. Il existe depuis longtemps de nombreuses méthodes pour repousser les animaux avec des balles en caoutchouc, des sirènes, du gaz poivre ou des chiens spécialement dressés. Les territoires des stations polaires et d'autres sites isolés doivent être entourés par un filet spécial. Des moyens doivent être investis dans cette mission mais il faut garder à l'esprit que la côte arctique est le milieu de vie d'un prédateur unique. Tant qu'on ne mettra pas en place un système permettant d'empêcher un conflit entre la population et l'ours, des hommes et des animaux mourront", estime Viktor Nikiforov, responsable du projet "Patrouille des ours" auprès du Fonds mondial pour la vie sauvage (WWF) en Russie.

Toutefois, il ne faut pas éduquer que les ours, soulignent les experts. La population doit aussi faire cet effort.

"Le comportement de ceux qui provoquent un conflit doit être interprété comme une menace pour la vie de l'homme et une provocation menant à l'abattage d'un prédateur protégé par l'Etat. Des mesures administratives sous forme d'amendes doivent être appliquées dans ces cas-là. A Svalbard par exemple, tout animal tué fait l'objet d'une enquête et si cette action n'est pas justifiée ou résulte d'une provocation, le coupable tombe sous le coup d'une sanction administrative. C'est le seul moyen de faire marcher le système de dissuasion sans tuer chaque ours apparu dans un village", conclu Nikita Ovsiannikov.

Les ours blancs sont inscrits sur la liste des espèces menacées de l'UICN et dans le Livre rouge des espèces protégées de la Fédération de Russie. Ils sont près de 5 à 6 000 spécimens sur le territoire russe en Arctique mais aucune donnée plus exacte n'est disponible. A l'heure actuelle, près de 21 000 ours blancs vivent dans les régions polaires de l'hémisphère nord.

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