Partenariat transpacifique: la nouvelle ruse de Washington

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Le partenariat transpacifique, ou TPP, est un ensemble de nouvelles règles économiques qui vont s'appliquer à 800 millions de personnes – les citoyens américains, mexicains, canadiens et japonais si Tokyo rejoignait les négociations – et encore 200 millions d'habitants de la région Asie-Pacifique.

Par Daniel Zoubov, Centre du journalisme international "Rossyia Segodnya"

Le partenariat transpacifique, ou TPP, est un ensemble de nouvelles règles économiques qui vont s'appliquer à 800 millions de personnes – les citoyens américains, mexicains, canadiens et japonais si Tokyo rejoignait les négociations – et encore 200 millions d'habitants de la région Asie-Pacifique.

Pour reprendre les propos de l'ex-premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, "le partenariat transpacifique n'est qu'une ruse des USA pour faire face à une probable continuation de la croissance économique chinoise, en réunissant dans la même poche tous les pays de la région Asie-Pacifique".

Une partie essentielle de l'accord est gardée secrète, à l'abri du regard de ceux qui seront justement soumis à ses dispositions. Cependant, certains termes ont fuité dans la presse et permettent de comprendre les intentions des États qui ont rédigé ce document, notamment sur la protection de l'environnement et de la propriété intellectuelle.

Dans la section "Mécanismes volontaires d'amélioration de la protection de l'environnement", les parties s'engagent à reconnaître que les "mécanismes souples construits sur une base de volontariat, comme un audit volontaire et la publication de ses résultats, les stimulations de marché, l'échange volontaire d'information et d'expérience et le partenariat public-privé peuvent contribuer à la création et au maintien d'un niveau élevé de protection de l'environnement et compléter les mesures nationales de réglementation".

Comprendre: une reddition totale face aux corporations énergétiques, qui risque d'entraîner des victimes humaines et des catastrophes écologiques d'envergure, comme les Américains et les Australiens ont pu s'en convaincre à leur dépens.

Le gouverneur de Caroline du Nord Pat McCrory, qui travaillait auparavant chez Duke Energy, appelait activement à renoncer au rôle régulateur de l’État dans la protection de l'environnement et à octroyer à la compagnie un droit d'"autorégulation". En février 2014, Duke Energy a été responsable du déversement de cendres de charbon et des égouts dans la rivière Dan, empoisonnant cette source d'eau pour des milliers d'habitants de l’État.

Sans entrer dans les détails des autres termes de cet accord, on comprend facilement que les auteurs du document ont été guidés par les intérêts des compagnies énergétiques. Le texte indique également que les gouvernements doivent encourager ces compagnies à promouvoir leurs produits en partant de "l'authenticité, de la véracité et en tenant compte des informations scientifiques et techniques". Les autorités américaines et canadiennes prônent aujourd'hui la production d'huile de schiste. La question est de savoir si ses consommateurs connaîtront la vérité sur la nuisance de ce procédé pour l'environnement. Ou si les gouvernements d'autres pays se soumettront également aux compagnies énergétiques en dissimulant la réalité.

Le sénateur républicain de l’État d'Oklahoma, James Inhofe, qui présidera la commission pour l'environnement et les travaux publics, insiste sur le fait que le réchauffement climatique est une "grandiose mystification". Inutile de dire que sa campagne électorale a été généreusement financée par l'oligarchie pétrolière et gazière, qui tirera beaucoup de profit du futur poste de son protégé. Le même profit se cache derrière les exigences américaines — que la "réglementation volontaire" soit la norme pour l'exploration et l'exploitation des sources d'énergie dans les pays du TPP.

La subordination de la protection de la santé et de l'environnement aux intérêts des multinationales, obtenue au cours de négociations secrètes, est présentée comme un moyen de développer l'économie de la région Asie-Pacifique.

Il se pourrait que les pays asiatiques participant à ces négociations tels que Brunei, la Malaisie, le Viêt Nam et Singapour utilisent ce fait comme moyen de pression sur la Chine. Avec pour objectif de parvenir à signer un accord sur la création de leur propre version du TPP – une zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP).

La tentative des USA de renforcer leur influence dans le bassin Pacifique ne s'arrête pas là. Ces dernières années, on note une intensification de la coopération militaire entre les USA, la Corée du Sud et le Japon — Séoul et Tokyo sont ainsi devenus les principaux alliés de Washington hors Otan.

L'ampleur de leur coopération militaire est un autre sujet. Dans le contexte de l'accord commercial, elle se présente comme une tentative agressive des USA de déstabiliser la situation dans la région tout en isolant et en encerclant la Chine et la Russie par une ceinture d'États amis de Washington.

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