Le nœud transcaspien

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Le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergei Lavrov a déclaré hier que dans la question sur la construction des conduites du gaz et du pétrole sur la Caspienne, on voyait les tentatives des forces extérieures d'imposer leurs solutions aux États caspiens. Où est le problème ? Qui est pour, qui est contre ?

Le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergei Lavrov a déclaré hier que dans la question sur la construction des conduites du gaz et du pétrole sur la Caspienne, on voyait les tentatives des forces extérieures d'imposer leurs solutions aux États caspiens. Où est le problème ? Qui est pour, qui est contre ?

La question sur les livraisons du gaz à l'Europe était toujours mêlée à la politique. C’était ainsi du temps de l’URSS, c’est ainsi aujourd'hui. À présent, la Russie couvre un peu plus de 30 % des besoins gaziers de l'Europe, mais dans plusieurs pays est-européens, cette dépendance atteint près de 100 %.
La recherche des itinéraires de l'acheminement des hydrocarbures en Europe, sans passer par la Russie, a commencé il y a longtemps. La crise ukrainienne a initié de nouveau les débats sur la diversification des sources des livraisons du gaz en Europe. Et de nouveau, la Caspienne avec ses stocks immenses d’hydrocarbures s'est trouvée dans le centre d'intérêt.

D’après les estimations de la compagnie gazière et pétrolière « BP », les stocks confirmés du gaz naturel dans la région de la Caspienne font 145 billions de mètres cube, soit 45 % des stocks mondiaux. L'intérêt particulier de l'Union européenne est centré sur deux pays caspiens – le Turkménistan dont les stocks atteignent, selon différentes sources, de 17 jusqu'à 25 billions de mètres cube et l'Azerbaïdjan - 2,6 billions de mètres cube.

Conformément aux plans, le gaz azerbaïdjanais sera canalisé par le gazoduc transanatolien (TANAP – la mise en service prévue pour 2018) via la Turquie jusqu'à sa frontière occidentale. Puis, il passera par le gazoduc transadriatique (TAP), croisera la Grèce, l'Albanie et la mer Adriatique, et en Italie, il sera intégré au système de distribution gazière existant déjà. Le début de l'exploitation du gazoduc est prévu pour l'année 2019.

Cependant, d’après l'avis de l’UE, pour la création du « couloir énergétique du sud », dans ce système, ce qui manque, c’est, bien évidemment, l'essentiel – le gaz turkmène. Pour la livraison des ressources énergétiques turkmènes sur le marché européen, Bruxelles trouve optimal le projet de la pose du gazoduc (300 kilomètres) par le fond de la Caspienne.

Ce projet « sous-marin » est considéré comme étant non légal à Moscou ainsi qu'à Téhéran. Sans aucun doute, il lèse les intérêts nationaux - économiques (et politiques aussi) de la Fédération de Russie et de l’IRI. Le Chef du Ministère des Affaires étrangères de Russie Sergei Lavrov a déclaré que la question de la construction des conduites transcaspiennes devait être résolue seulement dans le cadre de cinq États riverains de la Caspienne- la Russie, l'Azerbaïdjan, l'Iran, le Turkménistan et le Kazakhstan, ayant souligné que cette question restait aigue et non réglée dans le cadre du travail de la Convention sur le statut juridique de la Caspienne.

Achkhabad, à son tour, trouve que pour la pose du gazoduc dont le statut n'est pas encore défini par le fond de la Caspienne, l’accord des parties (le Turkménistan et l'Azerbaïdjan) par le territoire desquels il passe est suffisant. L'Azerbaïdjan exprime la volonté d'accorder son territoire, ses possibilités de transit et l'infrastructure pour la réalisation du projet.

Tout récemment, le 20 octobre, le président de la Turkménie M. Berdymoukhamedov a chargé le vice Premier ministre M. Moukhammedov de continuer le travail sur le projet de construction du gazoduc transcaspien qui permettra au Turkménistan d'être connecté au « couloir énergétique du sud » et de livrer le gaz naturel en Europe. Il est possible que cette décision du président du Turkménistan ait provoqué une telle réaction du ministre russe des affaires étrangères.

La position de l’Iran à ce sujet est assez ambiguë. L'IRI se produit, d'une part, contre le gazoduc transcaspien mais, d’autre part, le président Hasan Rohani déclare la volonté de Téhéran de transporter le gaz iranien en Europe. Il n'est pas exclu qu'après la levée des sanctions, l'Iran puisse se joindre au « couloir énergétique du sud ».

La situation avec ce couloir est difficile et embrouillée. Ici, le business et les intérêts économiques des parties impliquées sont mêlées avec la politique et les ambitions. Les enjeux sont trop grands. Il n'y a pas de doute que pour dénouer ce nœud, les diplomates doivent accomplir un travail dur pour trouver des compromis acceptables. Il nous reste d’espérer la meilleure solution et d’attendre.

La Voix de la Russie

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