L’Irak ou le monde des marchands de mort

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Les dirigeants des factions politiques de la Chambre des représentants des Etats-Unis n’ont pas lu la lettre de leur homologue syrien Jihad al-Lahham, qui appelle à ne pas armer les opposants "modérés" au régime de Bachar al-Assad.

Les dirigeants des factions politiques de la Chambre des représentants des Etats-Unis n’ont pas lu la lettre de leur homologue syrien Jihad al-Lahham, qui appelle à ne pas armer les opposants "modérés" au régime de Bachar al-Assad.

C’est la raison pour laquelle il affirmait dans sa lettre que ce sont des opposants " modérés " qui ont vendu aux militants de l’Etat islamique le journaliste américain, qui a été par la suite exécuté. Il est fort probable qu’il s’agit du journaliste Seteven Sotloff. Cependant, certains arguments de l’homme politique syrien se sont avérés exacts.

Le New York Times évoquait déjà l’année dernière le fait que les membres de l’opposition vendent des armes aux islamistes. L’un des chefs de guerre avait alors indiqué que des " brigades fictives de l’Armée syrienne libre "affirment que ce sont des révolutionnaires, et en se dotant des armes, ils les revendent".

En outre l’AFP a indiqué le 9 mars 2013 qu’aucun ordre du président américain n’est nécessaire pour que des armes soient envoyées en Syrie. L’agence site l’article du journal croate Jutarnji List, qui explique qu’en l’espace de quelques mois, près de 3000 tonnes d’armements ont été envoyée depuis Zagreb par 75 vols cargos opérés par des compagnies turques et jordaniennes "pour lutter contre le régime d’Assad". C’est l’Arabie saoudite qui payait pour le transport de ces armes, organisé par les Etats-Unis.

Une chose étonnante : les parties impliquées dans ce scandale nient tout en bloc. Le directeur de la compagnie cargo aérienne Jordanian International Air Cargo (JIAG) ne se souvient plus du fait qu’il organisait des vols à destination de la Croatie. Et lorsque le représentant du réseau du transport aérien régional a confirmé que ces vols ont bien eu lieu, le directeur a fait semblant d’ " oublier " que JIAG possède des avions cargo Iliouchine (Il), alors que les photos de deux Il-76MF se trouvent bien sur le site Internet du transporteur. L’histoire a été ensuite étouffée.

Mais 18 mois plus tard, ces armes ont soudain ressurgi en Irak. Un récent rapport de la société londonienne Conflict Armament Research (CAR), qui assure le monitoring du déplacement des armes illégales, a indiqué que parmi les trophées confisqués à l’armée du "califat", et à l'exception des fusils américains M16, on y retrouve aussi la carabine croate Elmech EM 992, et des lance-roquettes antichar M-79 Ossa. En comparant les données sur l'approvisionnement de l'Armée syrienne libre avec des missiles des lance-grenades de type Ossa en 2013, CAR arrive à la conclusion qu’il s’agit bien de ces missiles.

Il n’est donc plus exclu que cet armement puisse être dirigé contre l’armée irakienne. Les militaires américains ont déjà rassuré leurs compatriotes, que des versions allégées du char M1 Abrams, destinées à l’exportation, étaient livrés en Irak.

Ces mêmes chars " en carton " ont été livrés à l’Etat islamique. Immédiatement après la prise de Mossoul, on a appris que les troupes du " califat " ont détruit l’équipement militaire, confisqués pour un montant de plusieurs millions de dollars. Il s’agissait de chars Abrams, de blindés M113, et de camions équipés de protection antimine (MRAP). Des photos récentes ont montré que l'armée du " califat " maîtrise parfaitement ces machines. C’est aussi le cas d’une cinquantaine d’obusiers américains M198 de 155 mm et de 4000 Kalashnikov.

Il s'est avéré que les "groupes terroristes disparates" avaient déjà en leur possession une trentaine de chars T-55. Ces chars ont été confisqués en Syrie où ils étaient déjà utilisés. Une dizaine de chars T-72 se sont ajoutés, avec plusieurs modèles qui ressemblent à des Abrams. En outre, l’Etat islamique a reçu 200 véhicules tous-terrains et des camions, dont une partie a été envoyée en Syrie. L’Etat islamique a aussi reçu " un cadeau " qui vient d’Istanbul. Il s’agit des blindés de la société turque Otokar - des modifications Scorpion et Sobra. Le " califat " peut se doter également de se propres forces aériennes, s’il arrive à réparer plusieurs hélicoptères Mi-8 et Mi-17 de l’armée syrienne, en panne actuellement. Ces machines sont aussi l’héritage de l'Armée syrienne libre.

Cependant, la plupart des arsenaux du " califat " - ce sont des trophées qui viennent des entrepôts de l'armée irakienne. Ainsi, les pilotes irakiens, français et américains vont détruire toutes ces cibles " coûteuses " avec des armes aussi coûteuses, produites par les meilleures sociétés occidentales d’armement.

Lorsqu’un obus valant 70.000 dollars atteint un char qui coûte un ou deux millions de dollars, la question de la livraison de nouveaux missiles pour détruire les autres chars se pose. Un seul lot de 5000 missiles Hellfire avec les équipements appropriés et les pièces de rechange a coûté 700 millions de dollars à l’Irak. Ces acquisitions sont bénéfiques aux vendeurs de l’armement, et ils désirent que ce processus puisse durer le plus longtemps possible…

Actuellement le président américain est en passe de signer la loi sur la formation et l’armement des " rebelles syriens modérés ". On ignore à quel point les instructeurs enseignent bien ces techniques aux soldats de l’armée. Mais ces armes serviront certainement un jour, cela ne fait aucun doute. Pour l’instant on ignore à qui.

La Voix de la Russie

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