Le président d'Ukraine Piotr Porochenko a fêté le 15 septembre ses 100 jours de présidence. Il serait prématuré d'affirmer qu'il a passé cet anniversaire véritablement au pouvoir. Pour le moment le président Porochenko ne s'est pas débarrassé de l'héritage malin du Maïdan, qui limite son pouvoir.
Bien que Porochenko soit aujourd'hui l'unique homme politique ukrainien à essayer de rétablir la paix, le "parti de la guerre" dans son entourage, dans le gouvernement et d'autant plus dans la Rada Suprême (parlement) est tellement fort que tout geste imprudent du cinquième président d'Ukraine pourrait réduire ce pouvoir en cendres.
On ne saurait évaluer les acquis enregistrés par Porochenko pendant les 100 jours de son séjour à la présidence.
Le cessez-le-feu dans le Sud-Est de l'Ukraine qui est en vigueur depuis dix jours est pour le moment son acquis principal. L'espoir que Piotr Porochenko s'appuiera dans sa politique sur les intérêts des Etats et du peuple subsiste. Cela concerne non seulement l'arrêt de la guerre civile mais aussi le rétablissement des relations avec la Russie, dit le directeur de la filiale ukrainienne de l'Institut des pays de la CEI Denis Denissov. Où et quand ses protecteurs à Washington et le "parti de la guerre" en Ukraine délimiteront un "strict cadre", avertit Denis Denissov.
"Nous comprenons tous que Porochenko n'est pas une personnalité entièrement indépendante, il dépend des facteurs intérieurs: de son entourage, des oligarques. Il prend sans doute en considération leur opinion. Le parti de la guerre est actuellement très fort. Il ne faut pas oublier que Porochenko tient compte de la critique et des souhaits des représentants américains et de certains pays européens et peut accepter les «compromis» qu’ils imposent."
Porochenko se heurte actuellement à des problèmes plus douloureux qu'auparavant. Parviendra-t-il à poursuivre la politique modérée de paix malgré la résistance du "parti de la guerre"?
Aussi triste soit-elle, la situation qui s'est créée en Ukraine est plus ou moins normale, estime le politologue ukrainien en vue Alexandre Doudtchak:
"Il y aura sans aucun doute des remaniements au sein de toute l'équipe politique qui est aujourd’hui au pouvoir. Ce sont des kamikazes. Mais cela les arrange, semble-t-il, beaucoup d’entre eux ont choisi des portefeuilles de ministres. Je crains des troubles de masse d'ici la mi-octobre, surtout au début de l’hiver."
Piotr Porochenko et l'Ukraine indépendante endureront l'épreuve la plus sérieuse le 26 octobre lorsque les législatives anticipées seront engagées dans le pays. Le président Porochenko n'a aujourd'hui aucun appui au parlement.
La Rada Suprême sera colorée à plus de moitié après le 26 octobre en couleurs radicales, nationalistes et néo-nazies. Il est possible qu'en tant que pacificateur, Porochenko ne réussisse pas à survivre au premier anniversaire de sa présidence.
