La Yougoslavie est toujours le baril de poudre des Balkans

© Sputnik . Yulia PetrovskayaLa Yougoslavie est toujours le baril de poudre des Balkans
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La Yougoslavie, un pays multiethnique, a été secouée par des guerres civiles dans les années 1990. C’est la Slovénie qui a proclamé son indépendance la première, provoquant le conflit le plus court de seulement 10 jours.

La Yougoslavie, un pays multiethnique, a été secouée par des guerres civiles dans les années 1990. C’est la Slovénie qui a proclamé son indépendance la première, provoquant le conflit le plus court de seulement 10 jours.

En même temps, la Croatie s’est prononcée en faveur de l’indépendance de la Yougoslavie. Cette guerre que les Croates considèrent comme une guerre civile, a duré quatre ans. Cependant, c’est le conflit bosniaque, qui est considéré comme le plus grave. Les affrontements en Bosnie se poursuivent même à l’heure actuelle, des dizaines d’années après la guerre en Yougoslavie, car le problème du Kosovo n’a toujours pas été résolue.

Le mélange du caractère explosif des peuples des Balkans avec l’héritage historique complexe, ajouté à la volonté de l’indépendance à tout prix des peuples de la région, a déjà transformé cette région en un véritable un baril de poudre. C’est d’ailleurs ici qu’a éclaté la Première Guerre mondiale. Et les Etats de l’ex-Yougoslavie n’ont toujours pas de vision unanime sur les événements de l’époque. En Bosnie-Herzégovine, on a érigé un monument à Gavrilo Princip, qui a tiré sur l’archiduc François-Ferdinand, alors que pour la population musulmane de Croatie, Prinicip est un terroriste. Des contradictions semblables et des points de vue opposés sont également survenus lors du conflit sanglant interne après l’éclatement de la Yougoslavie.

Au début des années 1990, cette région était embrasée par des conflits. Le conflit bosniaque fut le plus complexe, ayant duré plusieurs années. La guerre a éclaté après le référendum sur l'indépendance de 1992. Et après la régularisation du conflit serbe, croate et bosniaque, la situation au Sud de la Serbie est devenue explosive. Le Kosovo a déclaré unilatéralement son indépendance, et les Albanais de Macédoine ont également obtenu leur autonomie grâce aux armes.

Ces affrontements sur le territoire de l’ex-Yougoslavie sont liés à la confrontation de plusieurs idéologies, considère Petr Iskanderov, le chercheur en chef de l’Institut des Etudes slaves sous l’égide de l’Académie des Sciences de Russie

« D’un côté, il y a l'idéologie du nationalisme serbe, qui sous-entend que les Serbes forment l’Etat de la Serbie. D'autre part, il y a le nationalisme croate croissant, basé sur les traditions médiévales. Même si historiquement les Croates n’avaient d’Etat-nation leur appartenant, certaines formes de gouvernement étaient bien mises en place. C’est pourquoi il y a eu un affrontement entre les Serbes qui sont des partisans du concept d’un Etat puissant et des Croates qui ont misé sur le nationalisme ethnique «.

Un des côtés dans ces guerres était toujours soutenu par l’Occident qui faisait tout pour éviter d’éteindre le conflit. Dans le conflit serbo-croate, l’Union européenne a pris le parti de la Croatie. L’UE a également accéléré la reconnaissance de la Slovénie, devenue indépendante. Les États-Unis ont occupé une position clairement antiserbe, soutenant l’indépendance du Kosovo, en dépit du fait que cette décision viole les principes du droit international. En outre, l'OTAN est intervenue dans le conflit non seulement au niveau politique. En 1995, l’aviation des pays membres de l’alliance a mené l’opération Deliberate Force, en détruisant les positions serbes en Bosnie. A la fin des 1990, les forces de l'OTAN, sous prétexte d’une intervention humanitaire, sont entrées en Serbie, en accusant les autorités locales de nettoyage ethnique. Belgrade et d’autres villes de la république ont alors été frappées.

La désintégration du pays fut tellement violente précisément parce que le désir des peuples de devenir indépendants était alimenté de l’extérieur et était sorti du champ juridique. Si la communauté internationale avait abordé ce problème du point de vue juridique, ces problèmes auraient pu être résolus pacifiquement et sans problème, est persuadée Elena Gouskova, docteur en sciences historiques et directrice du Centre de recherche sur la crise des Balkans à l’Institut des études Slaves.

« Si les organisations internationales se comportaient différemment, ne désirant pas prendre la position antiserbe, et avaient vraiment mis tous leurs efforts pour régler le conflit, elles auraient pu y parvenir en une journée. Une conférence internationale se serait réunie dans les années 1990-1991 et aurait pu dire: « mettez-vous d’accord, et nous autoriserons la désintégration de la Yougoslavie «. Mais les organisations internationales ont agi autrement. Elles ont immédiatement reconnu l'effondrement de l'Etat, puis plongé dans le chaos qui a surgi «.

Les échos de cette guerre sont entendus même à l’heure actuelle. Le déminage des villes qui étaient alors bombardées par l’OTAN continue de nos jours. Plus de 12.000 objets explosifs ont déjà été neutralisés.

Malgré toute une série de questions non résolues, ces conflits sont presque totalement passés dans le domaine politique. Il n’y a plus de différends ethniques ou religieux entre les peuples, note l’experte des Balkans Maria Marjanovic (?).

« Je ne dirais pas qu’il y a franchement de l'inimitié entre ces peuples. Oui, ils peuvent plaisanter, dire quelque chose un peu trop émotionnellement, ou regarder les uns les autres avec du mépris, mais tout cela reste limité au contexte émotionnel, ce qui est caractéristique aux populations des pays méridionaux. Chaque Serbe ou Croate a de la famille en Bosnie, Slovénie et en Macédoine. Ils vivent presque tous sur le même territoire et voyagent d’un pays vers un autre. C’est surprenant, qu’avec l’existence d’un nombre de religions aussi grand et varié, ces peuples ne se sont pas encore entretués. La guerre des années 1990 fut le seul conflit basé sur les hostilités ethniques «.

Pour résoudre ce conflit, il faut le faire passer vers le domaine juridique. C’est le cas notamment en ce qui concerne la question du Kosovo. Et des efforts dans cette direction ont déjà été déployés. Un tribunal international, qui sera en charge des crimes à partir de 1998, pourrait être créée dans la région dès l'année prochaine. Une commission spéciale va déposer plainte contre certains membres de « l'Armée de libération du Kosovo « suite aux crimes d'après-guerre commis dans cette région, et notamment le nettoyage ethnique.

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