Première guerre mondiale : les USA plus rusés que les autres

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La seconde bataille de la Marne entre les troupes allemandes et anglo-franco-américaines a eu lieu en juillet-août 1918. C'était la dernière offensive générale des troupes allemandes dans la Première guerre mondiale qui s'est soldée par un échec et a prédéterminé la défaite de l'Allemagne dans la guerre.

Les Etats-Unis se sont engagés dans les hostilités plus tard que leurs alliés mais en ont tiré de gros profits. Par la suite les Américains ont souvent recouru à la même pratique.

Vers le début du XX siècle les Etats-Unis ont devancé le monde entier en termes de production industrielle pour devenir la plus grande puissance industrielle. En 1913 ils produisaient plus de fonte, d'acier et de charbon que la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France prises ensemble. Cependant un an plus tard l'économie américaine a été frappée par une crise. La production a baissé de moitié. A ce moment la Première guerre mondiale a éclaté qui a permis de faire monter en flèche l'activité économique. Notamment grâce à la coopération avec les pays de l'Entente en état de guerre et en proie à des difficultés immenses. Les historiens écrivent que les matières chimiques et explosives américaines ont servi à tuer des quantités d'hommes immenses. Les batailles dans le théâtre européen ont vite enrichi les Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne s'empressaient pas de s'engager dans la guerre préférant le rôle d'arbitre moral pour reprendre un propos du président Wilson. Mais au fur et à mesure que le dénouement se rapprochait, Washington s'est inquiété de ne pas être invité au festin des vainqueurs après la conclusion de la paix. En 1917, le gouvernement, soucieux de l'anti-américanisme grandissant et face aux actions de l'Allemagne, a adopté une décision appropriée. 85 000 Américains ont participé à la bataille de la Marne. Une moitié d'entre eux a été tuée. Au total les pertes américiaines dans la Grande guerre n'ont pas dépassé 55 000. A ce moment les alliés ont perdu des millions d'hommes. L'historien militaire Andreï Malov évoque les circonstances et les objectifs de l'entrée des Etats-Unis dans la guerre :

« Les Etats-Unis ont commercé assez longtemps avec tous les belligérants. Ils ont tiré des bénfices, ont développé leur industrie et ont réduit le chômage. Ils sont entrés dans la guerre alors que tout était décidé et il ne restait qu'à partager le gâteau. Il était clair que l'Allemagne et ses alliés allaient essuyer une défaite. Il fallait arriver à temps pour participer au partage. Et les Etats-Unis l'ont fait ».

Leur activité après la guerre était sans précédent. Car il s'agissait, au fond, du repartage du monde auquel les Américains ont pris une part vive et intéressée en tant qu'un des vainqueurs. Après la fin de la guerre Woodrow Wilson a prôné dans son message la création de la Société des Nations, la libération de la Belgique, la restitution à la France de l'Alsace et de la Lorraine, l'accès de la Serbie à la mer et le rétablissement de la Pologne.

Cela témoignait de la volonté des Etats-Unis de prendre en main l'organisation du monde. D'autant plus que la politique économique américaine pendant la guerre leur a permis de concentrer 40 % des réserves d'or mondiales tandis que la dette totale des pays étrangers face aux Etats-Unis s'est élevée à près de 12 milliards de dollars, une somme exorbitante pour l'époque. Le candidat en histoire Sergueï Bouranok note que les stratèges actuels de Washington ont fait leurs les projets de Wilson et de ses successeurs:

« De nombreux partisans contemporains des théories géopolitiques chantent les louanges à Wilson et à son successeur Roosevelt. Ce sont les soi-disant néoconservateurs qui trouvent les origines de leur idéologie de politique extérieure dans les idées de Wilson : les Etats-Unis en tant que modèle de démocratie doivent l'enseigner à d'autres peuples par tous les moyens ».

A la fin de la Première guerre mondiale les principaux pays d'Europe sont devenus les débiteurs des Etats-Unis pour deux générations à venir. Des touristes américains bénéficiant d'une grande différence du taux de change ont envahi les hôtels de luxe du Vieux continent. Les jeunes Européens se sont mis à imiter les Américains et leur mode de vie avec leurs fruits du progrès technique, leur glamour et leur publicité.

Les Etats-Unis sont ainsi devenus non seulement le créancier de l'Europe, mais aussi le maître de pensée et l'arbitre des élégances. Cela a permis au 29e président des Etats-Unis Warren Harding qui a remplacé Wilson de déclarer : « en un siècle et demi les Américains ont fait pour le développement de l'humanité plus que tous les peuples du monde pris ensemble de toute leur histoire ». Ce fut la profession de foi de l'hégémonie globale des Etats-Unis, l'hégémonie que ce pays ne cesse pas d'imposer. Bref, l'explication de la dépendance totale de l'Union européenne de nos jours vis-à-vis des Etats-Unis doit être cherchée dans l'histoire.

La Voix de la Russie

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