Grande braderie du patrimoine public ukrainien

© RIA Novosti . Sergei Polyakov / Accéder à la base multimédiaOdesski priportovy zavod
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L'Ukraine est au bord de la liquidation totale. Le gouvernement a validé la liste des entreprises à privatiser en 2014. Cette vente d'envergure des actifs publics menace d'aboutir à un nouveau repartage du patrimoine et à une guerre des oligarques.

L'Ukraine est au bord de la liquidation totale. Le gouvernement a validé la liste des entreprises à privatiser en 2014. Cette vente d'envergure des actifs publics menace d'aboutir à un nouveau repartage du patrimoine et à une guerre des oligarques.

D'ici la fin d'année l'Ukraine se propose de vendre 164 entreprises. Il s'agit souvent d'entreprises stratégiques considérées auparavant comme intangibles et plus particulièrement de plusieurs grandes centrales électriques, de l'usine de constructions mécaniques Azovmach, du plus grand producteur d'engrais chimiques Odesski priportovy zavod, de plusieurs sociétés houillères et agro-alimentaires.

Kiev compte que la privatisation rapportera 2 milliards de dollars de rentrées budgétaires. Selon les autorités ukrainiennes, les entreprises en question pourraient être achetées par d'importants fonds d'investissement habitués à travailler dans des conditions à risque.

De nombreux experts reconnaissent cependant que le moment n'est pas propice à la privatisation. Le directeur adjoint de l'Institut de l'information scientifique sur les sciences sociales Dmitri Efremenko estime qu'un investisseur qui se respecte n'achètera pas dans une Ukraine en proie à un conflit militaire :

« La situation est plus que défavorable à la privatisation. Le pays est, de fait, en proie à une guerre et l'économie est au bord du collapse. Seuls les investisseurs prêts à travailler dans une situation de risque politique et économique extrême pourraient acheter des actifs ukrainiens à prix discount pour en vue de leur revente ultérieure. Quant aux investisseurs stratégiques, ils s'engageront à condition d'avoir des garanties politiques sérieuses, les garanties délivrées non pas par le gouvernement de Kiev, mais par les Etats-Unis et l'UE ».

De l'avis des experts, le programme de privatisation en Ukraine pourrait devenir la plus grande action de partage du patrimoine public. Les milliardaires et les  millionnaires lésés par Ianoukovitch espèrent profiter de la situation pour accaparer les actifs qui restent encore sous le contrôle de l'Etat et, d'un seul coup, éliminer les concurrents. Les deux cibles principales sont le « roi du Donbass » Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine, actuellement en disgrâce, et le baron de la chimie Dmitri Firtach. Selon le directeur du Centre des études eurasiatiques de Donetsk Vladimir Kornilov, l'oligarque gouvernant la région de Dnepropetrovsk Igor Kolomoïski a déjà proposé de nationaliser leurs actifs :

« A l'époque où il était à la tête de l'opposition Arseni Iatseniouk s'est vivement opposé aux projets du président Ianoukovitch de dénationaliser les entreprises qu'il veut maintenant lui-même privatiser. Bien qu'il n'en parle pas à haute voix, Arseni Iatseniouk est poussé à la privatisation et, de fait, à la reprivatisation par le sponsor principal de l'EuroMaïdan Igor Kolomoïski. Celui-ci a déclaré en public qu'il fallait exproprier les gens qu'il considérait comme impliqués dans le financement de ceux qu'il appelle les séparatistes terroristes. Mais nous comprenons parfaitement à qui Kolomoïski veut transmettre cette propriété. L'idée maîtresse du plan de privatisation globale annoncé a été implicitement formulée par Kolomoïski : reprivatiser, exproprier les oligarques liés d'une façon ou d'une autre à Viktor Ianoukovitch et remettre leur propriété aux personnes proches de Porochenko, e Iatseniouk et, bien sûr, de Kolomoïski en personne ».

Une chose dont on ne parle pas c'est la question de savoir en quoi cela profitera aux simples Ukrainiens. Si l'Etat avait certains engagements envers le personnel de ses entreprises, les propriétaires privés en feraient fi. Cela signifie des coupes massives dans les emplois, une brusque hausse du taux de chômage et une montée de la tension sociale. Quant aux bénéfices retirés de la privatisation, les autorités ukrainiennes ne les investiront pas, de toute évidence, dans des programmes sociaux mais dans la poursuite de l'opération militaire dans l'est du pays.

La Voix de la Russie

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