La tentation et l'appréhension des nouvelles sanctions contre la Russie

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L'épopée avec les sanctions contre la Russie a atteint son point culminant. Une impression se crée que le désir persistant de Washington d'accuser la Russie du crash de l’avion malaisien est lié notamment avec le fait que Washington se rend bien compte : la situation va se compliquer sensiblement si les Etats-Unis n'obligent pas l'Union européenne à introduire les sanctions contre la Russie tout de suite.

L'épopée avec les sanctions contre la Russie a atteint son point culminant. Une impression se crée que le désir persistant de Washington d'accuser la Russie du crash de l’avion malaisien est lié notamment avec le fait que Washington se rend bien compte : la situation va se compliquer sensiblement si les Etats-Unis n'obligent pas l'Union européenne à introduire les sanctions contre la Russie tout de suite.

Mais c’est bien l’Union Européenne et non les Etats-Unis, qui devra payer pour les sanctions antirusses en cas de leur introduction. Washington n’y perdra pas grand-chose car les relations commerciales des Etats-Unis avec la Russie sont beaucoup moins importantes.

D'où cette pression de la part des Etats-Unis à l’égard de la Russie et de l'Union Européenne. En effet, si l'on oblige les Européens à croire que l'avion a bien été abattu par les Russes, les leaders des pays de l'UE auront du mal à résister à l'appel américain de fustiger la Russie et « l'accuser de tous les maux ». L'enquête sur le crash vient à peine de commencer que la représentante des États-Unis à l'ONU Samantha Power déclare déjà avec certitude que l'avion était abattu par un missile lancé par les rebelles de l’Est de l’Ukraine soutenus par la Russie.

Les États-Unis appliquent depuis longtemps déjà les sanctions contre l’Iran. Les relations entre les États-Unis et l'Iran se sont détériorées pendant la révolution islamique de 1979. Aujourd'hui, l'Iran est un pays différent, mais les États-Unis menacent toujours Téhéran de sanctions, parfois au détriment de leurs relations avec l'Iran. Cette approche politique ne provoque pas l'indignation générale, tout simplement parce que l'isolement de l'Iran se poursuit déjà depuis plus de 30 ans, et tout le monde est habitué à subir des pertes dans ce domaine.

Avec la Russie, la situation est différente. Au cours de ces derniers 25 ans qui ont suivi la perestroïka, plusieurs sociétés de l'Union Européenne ont pris l'habitude de considérer les Russes comme des partenaires commerciaux.

Et puis, nous ne vivons plus dans les années 1980. La Russie et la Chine sont des jeunes économies grandissantes qui ont trouvé leur part dans la répartition mondiale du travail, où l’Europe occidentale et l’Amérique jouaient autrefois un rôle dominant. Dans cette répartition du travail, les États-Unis se réservent de plus en plus souvent le rôle de l'usurier qui prête de l'argent à tout le monde moyennant les intérêts, mais ne produit rien. C’est exactement ce que notait dans son interview Paul Craig Roberts, l'ancien secrétaire à la trésorerie des États-Unis à l'époque de la présidence de Ronald Reagan à La Voix de la Russie.

Les dernières sanctions contre les entreprises militaires et énergétiques russes visent en réalité les banques américaines. Jusqu’à récemment, celles-ci octroyaient des crédits à ces entreprises et elles y gagnaient. Mais les Russes ne devraient pas emprunter aux Américains, ce serait une erreur stratégique ! Il ne fallait pas se joindre au système financier américain ! Si les Russes ont besoin de l’argent, ils peuvent en demander à l'Europe ou à la Chine. En Chine, il y a plus de crédits accessibles qu’à Washington.

D’après Paul Craig Roberts, les sanctions deviennent de plus en plus impopulaires, parce que tout le monde se rend bien compte : les sanctions n'aident aucunement les droits de l'Homme ou la sécurité. Les craintes au sujet du programme nucléaire de l'Iran vont probablement s’avérer tout aussi mythiques que la fameuse arme de destruction massive de Saddam Hussein. Et pourtant, on appliquait les sanctions contre l'Irak et l'Iran, car ces pays, soi-disant, pouvaient fabriquer une bombe nucléaire.

Finalement, c'est un casse-tête pour les fonctionnaires de l'Union européenne : comment « punir » la Russie sans en payer le prix fort ? Ainsi, aujourd'hui, les pays occidentaux ont pris la décision de « punir toutes les sociétés qui porteraient atteinte à la souveraineté de l'Ukraine ». Comment interpréter cette décision? Une entreprise, qui livre le gaz à l'Ukraine, un hydrocarbure vital pour son économie et la vie de ses citoyens, serait-elle en train de porter atteinte à la souveraineté de Kiev ? Ou serait-elle en train d'affirmer cette souveraineté ? Les actions de l’UE deviennent aussi absurdes que celles de l'Union Soviétique à l'époque, où l'URSS luttait contre le capitalisme, mais gardait des rapports d’amitié avec le milliardaire Armand Hammer parce que ce dernier avait autrefois rencontré Lénine. Du point de vue moral, cela se justifiait de la manière suivante : oui, Hammer est un capitaliste, mais grâce à ses rapports avec Lénine, il discrédite objectivement le système capitaliste auquel il participe. En on peut retrouver des aspects similaires dans les sanctions de l'Union européenne : une tentative de dégrader les relations avec les pays qui porteraient atteinte à la souveraineté de l'Ukraine, combinée avec la volonté de ne pas subir des pertes financières importantes.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

La Voix de la Russie

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