L’Italie souhaite transformer l’Union européenne en 6 mois

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A partir du 1er juillet, l’Italie prend les rênes du Conseil européen. Son jeune et ambitieux Premier ministre, Matteo Renzi, a l’intention de tout mettre en œuvre pour relancer la croissance économique sans recourir aux douloureuses mesures d’austérité durant les six mois de la présidence italienne.

A partir du 1er juillet, l’Italie prend les rênes du Conseil européen. Son jeune et ambitieux Premier ministre, Matteo Renzi, a l’intention de tout mettre en œuvre pour relancer la croissance économique sans recourir aux douloureuses mesures d’austérité durant les six mois de la présidence italienne. Poletti Arlo, professeur de science politique à l’université LUISS-Guido Carli de Rome a partagé son analyse avec La Voix de la Russie:

"Je tiens tout d’abord à souligner que cette présidence sera quelque peu inhabituelle dans la mesure où, durant cette période, l’ensemble des directions des principales institutions de l’UE va changer. Je m’attends à ce que, d’un côté, la présidence de l’Italie soit hors pair mais difficile ; et de l’autre à ce que Rome ait l’occasion de s’exprimer pleinement et d’avoir une influence décisive sur le développement futur de la politique européenne."

LVdlR : Quelle Europe Matteo Renzi veut-il construire ? Quels sont les principaux points de son programme ?

Poletti Arlo : Matteo Renzi a clairement fait savoir qu’il avait l’intention d’obtenir une révision de la stratégie économique de l’Union européenne. Il voudrait notamment que l’ordre du jour ne se limite pas au renforcement de la composante fiscale, mais qu’il intègre des dispositions en matière de croissance économique et de lutte contre le chômage. Je pense que sa priorité sera d’assurer, si ce n’est une complète révision, au moins un maximum de flexibilité dans l’interprétation de certaines dispositions du Pacte européen de stabilité et de croissance. Cette innovation vise à donner une plus grande marge de manœuvre aux membres de l’UE qui ne se sentent pas trop à l’aise avec la discipline budgétaire actuelle.

LVdlR : Pensez-vous que l’Italie et la personne de Renzi ont un poids politique suffisants pour mettre en œuvre des objectifs si ambitieux ?

Poletti Arlo : Je pense que le fait que Renzi est un leader qui a remporté les élections européennes en Italie, et qu’un certain nombre de facteurs structurels se font jour au sein même de l’Union européenne, devraient permettre de réussir. Il faut traduire ces priorités en mesures concrètes. De mon point de vue, ce n’est pas seulement grâce à Renzi qui, est un homme politique qui inspire confiance car il a gagné une élection très importante dans le pays, qu’un changement de cap est possible, mais aussi grâce à des conditions actuellement réunis au niveau de l’Union européenne. En outre, le résultat des dernières élections au Parlement européen, où les eurosceptiques ont obtenu le soutien d’une large part de l’électorat, a convaincu les plus ardents partisans des mesures d’austérité qu’il était temps de changer la politique économique de l’UE.

LVdlR : Récemment, Matteo Renzi a proposé la création des"Etats-Unis d’Europe ». Cette idée est presque aussi vieille que l’Europe elle-même. Pensez-vous néanmoins qu’il soit possible de réaliser ce projet étant donné que la présidence italienne arrive au moment où le Parlement européen se compose d’un nombre impressionnant d’eurosceptiques ?

Poletti Arlo : L’idée de créer les Etats-Unis d’Europe est peut-être démesurément ambitieuse dans les conditions où nous nous trouvons aujourd’hui. Cependant, il ne fait aucun doute qu’un changement d’approche dans la politique économique de l’UE pourrait renforcer la confiance des populations des Etats membres de l’UE, et mettre un terme à l’insatisfaction qui a permis la victoire des eurosceptiques. Les conditions nécessaires à la poursuite du développement seraient ainsi réunies. Je suis convaincu que cette politique peut avoir des résultats concrets à long terme.

LVdlR : La question des migrants se précipitant vers les rives italiennes et trouvant la mort dans les eaux de la Méditerranée, sans atteindre leur but, n’est toujours pas réglée. A votre avis, l’Italie sera-t-elle de trouver une solution universelle qui sera soutenue par l’ensemble des Etats membres de l’UE ?

Poletti Arlo : Cette question est également l’une des thématiques prioritaires que le Premier ministre, Matteo Renzi, entend porter durant la présidence italienne du Conseil européen. Il y a déjà des signes montrant que les dirigeants européens sont prêts à soutenir une partie des propositions italiennes. Par exemple, le texte, que Van Rompuy prépare pour la fin de la session du Conseil, mentionnera la nécessité d’une participation plus active des Etats membres de l’UE dans la gestion des flux d’immigration et soulignera l’importance d’assister les pays européens les plus vulnérables sur cette question. Je ne peux pas dire pour l’instant quelle forme revêtira cette initiative, mais je pense que sur cette question Renzi a toutes les chance de réussir.

LVdlR : Quels changements sont à attendre, bien sûr si changement il y a, dans les relations UE-Russie dans les six prochains mois ? L’Italie, partenaire historique et stratégique de la Russie, s’attachera-t-elle à les améliorer ?

Poletti Arlo : C’est ce que j’ai lu ces jours-ci dans les publications de plusieurs agences de presse qui indiquent que, selon toute vraisemblance, l’Italie va s’efforcer de se positionner contre l’imposition de sanctions à l’encontre de la Russie. Je pense que ce n’est pas seulement le cas de l’Italie. Ce point de vue est partagé par beaucoup d’Etats-membres de l’UE aujourd’hui, qui souhaitent d’une part conserver des relations commerciales avec la Russie, mais sont d’autre part favorables à une résolution pacifique du conflit en Ukraine. Je pense donc que les pays européens éviteront les actions pouvant nuire au processus de négociation.

La Voix de la Russie

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