Les malencontreuses aventures de Robert Ford en Syrie

© J. Scott ApplewhiteL’ancien Ambassadeur des Etats-Unis en Syrie Robert Ford (Archives)
L’ancien Ambassadeur des Etats-Unis en Syrie Robert Ford (Archives) - Sputnik Afrique
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L’ancien Ambassadeur des Etats-Unis Robert Ford en Syrie a indiqué que son départ des structures diplomatiques américaines était lié à son désaccord concernant la politique de la Maison-Blanche par rapport à la Syrie. Le futur enseignant du Middle East Institute ne disait certainement pas la vérité.

L’ancien Ambassadeur des Etats-Unis Robert Ford en Syrie a indiqué que son départ des structures diplomatiques américaines était lié à son désaccord concernant la politique de la Maison-Blanche par rapport à la Syrie. Le futur enseignant du Middle East Institute ne disait certainement pas la vérité.

Après une participation bâclée aux côtés de l’opposition lors des pourparlers avec les partisans du gouvernement syrien, Ford, qui était alors l’Ambassadeur américain en Syrie, s’est retrouvé tout à coup sans travail. En hiver, il pouvait prétendre au poste d’Ambassadeur des États-Unis en Égypte, mais Le Caire a fait clairement comprendre que sa candidature ne le satisfaisait pas, et le secrétaire d’Etat des Etats-Unis a même refusé de proposer sa candidature au Sénat.

Il était évident que Ford devait réaliser certains plans d’Obama en Syrie. Lorsque la majorité républicaine au Sénat s’est opposée à la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie, Obama a nommé Ford Ambassadeur. Arrivé à Damas à deux mois avant le début des émeutes dans le pays, Ford s’est penché sur les questions de lutte contre le terrorisme, et a même compati pour les pertes des forces syriennes dans la lutte contre les groupes islamistes.

En parallèle, il a commencé à montrer ouvertement le soutien des Etats-Unis au mouvement « laïque » et protestataire en Syrie. Son arrivée avec l’ambassadeur français à Hama sans l’autorisation du gouvernement de Syrie en été 2011 fut un tournant, car on pouvait déjà y voir des postes de contrôle avec des pneus qui brûlent. Ce qui s’est passé ensuite était assez prévisible. Mais Ford a affirmé calmement : « Je ne suis pas très inquiet du mécontentement du gouvernement syrien, car nous pouvons montrer notre solidarité avec les participants pacifiques des protestations. »

C’est après ce voyage à Hama que la guerre civile a éclaté. Le président américain souhaitait-il un tel développement des événements ? Ce n’est pas si sûr. Trois ans après le début de la guerre civile, Ford s’est plaint que « l’administration ne voulait pas influer de manière décisive sur les affrontements entre les autorités et l’opposition ». Mais le diplomate considérait que sa mission était d’aggraver la situation, et il y est parvenu. Cependant, les Etats envoient des Ambassadeurs dans d’autres pays pour qu’ils travaillent avec les gouvernements dans ces pays, et non pas pour qu’ils se battent contre eux.

En s’ingérant dans un nouvel conflit interne, les Etats-Unis ont obtenu le résultat escompté, y compris sur le plan diplomatique. Après les succès des forces gouvernementales dans la guerre civile, des représentants des pays d'Europe et du Moyen-Orient ont commencé à affluer en masse à Damas. Et même en France, l’allié le plus actif des États-Unis dans l'organisation du renversement du régime actuel, on reconnaît que Paris devait soutenir dès le début la décision de Damas de mener les réformes au tout début du conflit.

Il est évident que Ford ne cherchait pas en Syrie la gloire d’un Lawrence d'Arabie. Il a surtout réussi à entacher sa réputation lors de sa mission dans le pays en participant à des actions douteuses de soutien des forces d’opposition, exactement comme ce fut le cas lors de ses missions diplomatiques en Algérie, au Bahreïn et en Irak. Pas étonnant donc que la rumeur de sa nomination comme Ambassadeur en Egypte ait provoqué des protestations dans le pays.

Robert Ford a déclaré en août 2011 dans l’émission This Week de Christiane Amanpour qu’Assad et son gouvernement feraient bientôt partie du passé. Mais le destin en a décidé autrement : c’est désormais Ford qui relève de l’histoire ancienne.

La Voix de la Russie

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