Les Etats-Unis plus radicaux que l'Europe vis-à-vis de l'Ukraine

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Je ne pense pas que le programme "Partenariat oriental" soit prometteur sous sa forme actuelle. Il était évident depuis le départ que le principal objectif de ses initiateurs, à Bruxelles, consistait à aspirer les pays de l'espace postsoviétique dans l'orbite de l'Union européenne.

Je ne pense pas que le programme "Partenariat oriental" soit prometteur sous sa forme actuelle. Il était évident depuis le départ que le principal objectif de ses initiateurs, à Bruxelles, consistait à aspirer les pays de l'espace postsoviétique dans l'orbite de l'Union européenne.

Personne ne se demandait quel serait le sort de ses membres (l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie, l'Ukraine) en cas de succès ou d'échec de l'objectif fixé.

Indéniablement, la tragédie ukrainienne a résulté principalement des actions de l'UE,
y compris dans le cadre du Partenariat oriental. C'est pourquoi l'institution européenne doit tirer les conclusions adéquates sur l'efficacité de ce programme. Puis avec la Russie, qui fait partie intégrante de l'Europe, et d'autres pays, tenter d'établir un ordre du jour unificateur pour tout le continent européen. Mais tant qu'on répétera à la Russie qu'elle n'est pas concernée et qu'elle ne fait pas les choses comme il faut du point de vue de l'UE, ce processus de réconciliation s'enlisera, voire reculera comme dans le cas de l'Ukraine.

L'ordre du jour de la coopération entre la Russie et l'UE est connu depuis quelques années. Il comprend la création d'espaces communs, la levée des visas et bien d'autres démarches de rapprochement dont l'Union européenne, pour une raison qu'on ignore, préfère ne pas se souvenir. Dans les années 1990 la Russie a sincèrement contribué à la mise en place d'une Europe unie sans lignes de démarcation, mais on lui répondait en permanence: sur ce plan vous nous intéressez, mais ici on se passera de vous. Il est impossible de rester éternellement dans une telle situation et finalement, les relations sont arrivées dans une impasse.

Les stéréotypes de la Guerre froide

Ce Partenariat oriental s'apparente en fait à un "recrutement" de pays ne faisant pas encore partie de l'UE, afin qu'ils se renforcent dans leur position antirusse. Le facteur américain ne pouvait pas non plus être ignoré. Cependant les intérêts de l'Amérique et de l'Europe sont loin de coïncider dans tous les domaines. Par exemple, les USA adoptent un comportement bien plus radical dans le contexte ukrainien car dans cette histoire, ils nourrissent des intérêts géopolitiques et non économiques. Dans tous les cas l'Amérique en sortira gagnante: que les relations russo-ukrainiennes se dégradent pour longtemps, que les divergences russo-européennes s'exacerbent, que l'Ukraine se désintègre – tous les scénarios conviennent aux USA. Il s'agit d'une situation où il est très avantageux de semer le chaos, puis tenter de le maîtriser. Mais cette situation ne convient ni à l'UE ni à la Russie, qui sont bien plus interdépendantes. Il serait certainement tout aussi préférable pour l'UE et la Russie que l'Ukraine soit un Etat prospère, intègre, et un partenaire prévisible.

Les intérêts de l'UE dans le contexte ukrainien sont bien plus proches des russes que des américains, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Malheureusement, le stéréotype de la réflexion transatlantique datant de la Guerre froide n'a pas été repensé depuis longtemps en Europe. Le monde, lui, a radicalement changé. La Russie a également évolué et elle est prête à travailler sur un nouvel ordre du jour. Mais par vieille habitude, on nous ressort les mêmes clichés: soit vous êtes avec nous, soit contre nous. Ce choix n'en est pas un.

La signature de nouveaux accords d'association avec l'UE est prévue le 27 juin prochain et les autorités de trois pays – la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine – se sont dites prêtes à entamer cette démarche. Mais la Géorgie a-t-elle analysé les conséquences juridiques de cet accord? Lorsque l'Ukraine de Viktor Ianoukovitch allait vers la signature d'un tel document, on savait exactement qu'aucune analyse n'avait été faite. Ce n'est pas une réaction de la Russie aux événements, mais une simple crainte concernant les conséquences pour tel ou tel pays d'une prise d'engagements conséquents dans le cadre d'une association. C'est une bonne chose si la Géorgie reste persuadée que cette démarche n'engendrera aucun obstacle supplémentaire au développement de ses relations avec la Russie.

De son côté, la Russie n'a certainement pas l'intention de menacer de conséquences quelconques les pays souhaitant s'associer avec l'UE. Il est important pour Moscou que ces pays ne se fassent pas imposer de facteurs extérieurs, d'obstacles au maintien et au développement de relations normales avec la Russie. Bien que les peuples restent proches et sympathisent, les obstacles purement extérieurs deviennent de plus en plus nombreux.

La Russie ne crée pas d'agents d'influence

Il est parfaitement évidement que le projet du Partenariat oriental a été pensé comme antirusse. Pour certains, c'était le sens principal de la participation au programme et d'autres n'imaginaient pas le niveau de risque. Une chose est sûre: ce programme détruit un projet de plus grande envergure pour la création d'une Europe véritablement unie. Ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine, y compris par le biais du Partenariat oriental, doit servir de leçon pour ses initiateurs.

La solution la plus simple consiste à mettre ses erreurs sur le compte des concurrents: quoi qu'il arrive, c'est la Russie qui est responsable. On l'accuse souvent de mener une "activité séparatiste" alors qu'elle n'a jamais créé d'agents d'influence. L'agence pour la coopération Rossotroudnitchestvo cherche seulement à constituer, à l'étranger, des cercles de personnes comprenant les intentions de la Russie et trouvant leur propre intérêt dans des relations amicales et constructives avec la Russie.

Le principal facteur qui complique les relations de la Russie avec l'Occident semble être une concurrence déloyale. Bien avant la tragédie ukrainienne, l'un des arguments des partenaires occidentaux sous-entendait que l'intégration eurasiatique, en adhérant à l'Union douanière, revenait à rétablir l'URSS, et que la Russie voudrait ainsi dominer la région en utilisant l'économie comme une arme politique. Ce facteur de discréditation a été utilisé dans la mesure du possible dans les débats sur l'association entre l'UE et l'Ukraine.

Alors que la Russie, cherchant des arguments convaincants pour le rapprochement entre l'Ukraine et l'Union eurasiatique, n'avait aucune intention de discréditer l'UE ou de la présenter comme une menace dangereuse. Aucun tiers n'a été évoqué dans le dialogue
russo-ukrainien. Sachant que les pays occidentaux placent les pays voisins de la Russie face à un faux choix: soit vous êtes avec la Russie, soit avec la démocratie. En réalité, il serait bien plus productif de créer pour l'Europe des projets utiles à tous ses habitants.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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