Chine-USA: échange poli de sérieuses mises en garde

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Le secrétaire à la Défense américain Chuck Hagel a été écouté en Chine avec politesse et respect. Mais à chaque mise en garde sérieuse de l'invité, les hôtes ont réagi très fermement, parfois à la limite de l'indécence.

Le secrétaire à la Défense américain Chuck Hagel a été écouté en Chine avec politesse et respect. Mais à chaque mise en garde sérieuse de l'invité, les hôtes ont réagi très fermement, parfois à la limite de l'indécence.

M.Hagel a été le premier militaire étranger à voir le premier porte-avions chinois Liaoning et à rencontrer des journalistes. Mais lorsqu'il a appelé la Chine à ne pas remanier les frontières des Etats en Asie, Pékin lui a répondu que si besoin la Chine ferait la guerre et la remporterait.

L'altercation entre les ministres de la Défense des deux pays s'est produite lors d'une conférence de presse à Pékin – un événement qui a marqué la visite de quatre jours du chef du Pentagone en Chine. Chuck Hagel a appelé la Chine à ne pas faire usage de la force dans le litige avec le Japon. Son homologue chinois Chang Wanquan a contré en disant que les Etats-Unis n'avaient pas à s'ingérer dans le litige entre la Chine et le Japon. L'invité a rappelé que les Etats-Unis protégeraient leur allié. Ce à quoi Chang Wanquan a répondu que Pékin ne créait aucune difficulté, mais qu'il ne les craignait pas non plus. La Chine ne fera aucun compromis, consensus ou transaction commerciale dans les questions concernant l'intégrité territoriale. Et elle ne tolérera pas la moindre agression.

La visite du chef du Pentagone en Chine a mis à nu les divergences conséquentes entre les parties, estime Alexandre Larine de l'Institut de l'Extrême-Orient. Et même les accords sur le développement des contacts militaires n'ont pas permis d'atténuer toute la profondeur des différends.

La visite de Hagel est révélatrice de l'état actuel des relations sino-américaines. Les parties souhaitent développer la coopération et accordent même une importance particulière aux relations militaires. Mais les différends demeurent profonds et considérables. Ils sont pratiquement insurmontables. On s'imagine donc qu'à terme, la coopération militaire entre la Chine et les Etats-Unis sera très limitée. Il s'agira de visites, de l'évocation de problèmes pertinents et de divers exercices principalement neutres – opérations de sauvetage, liquidation des catastrophes anthropiques, lutte contre le terrorisme. La coopération s'arrêtera là. Vladimir Evseïev, directeur du Centre de recherches sociopolitiques, est enclin à apprécier le résultat de la visite de Chuck Hagel à Pékin dans le contexte des relations russo-chinoises:

La principale motivation de ce voyage était très probablement la tentative d'arracher la Chine à la Russie, empêcher leur rapprochement. Dans un contexte de rapprochement entre Pékin et Moscou, la Russie pourrait, par exemple, louer des sous-marins nucléaires polyvalents. Et à terme – contribuer à la création sur le territoire chinois d'un système de prévention des attaques de missiles. Compte tenu d'un tel scénario, Chuck Hagel a proposé à la Chine d'élargir la coopération militaire. Cette dernière sera accompagnée par des manœuvres, y compris navales. De toute évidence, la Chine a clairement laissé entendre aux USA que les relations avec la Russie étaient primordiales et qu'aucune digression n'était possible. C'est un fond favorable pour la rencontre de Vladimir Poutine et de Xi Jinping en mai en Chine.

Le chef du Pentagone a complimenté les hôtes. La Chine est une grande puissance et les Etats-Unis respectent ses intérêts. Cependant, il a affirmé que les USA défendraient leurs alliés en cas de conflit militaire entre la Chine et le Japon ou les Philippines pour les îles contestées. Cet avertissement est un coup de bluff, estime Vladimir Evseïev.

Les Etats-Unis sont contraints d'envoyer deux destroyers en mer Noire. Ils songent à la possibilité de renforcer au moins la défense antiaérienne de la Pologne et leur présence dans les pays baltes. Ajoutez à cela le maintien de la présence militaire dans le Golfe. Par conséquent, les Etats-Unis n'ont pas la capacité d'envoyer des forces navales significatives pour appuyer leurs alliés en Asie. Dans ces conditions il ne reste plus que la rhétorique en affirmant que les USA accroîtront leur présence en Asie-Pacifique, ce qui sous-entend la dissuasion de la Chine. Les Chinois ont parfaitement conscience que les Etats-Unis n'ont rien qui pourrait réellement les dissuader. C'est la raison pour laquelle la Chine laisse ouverte l'option d'une solution militaire des problèmes territoriaux.

Pékin a brusquement remis à leur place les Américains pour leur ingérence dans la situation à Taïwan. Chuck Hagel a entendu des propos de mécontentement et des objections fermes concernant la fourniture de nouvelles armes américaines sur l'île. Dans ce sens, le vice-président de la Commission militaire centrale de Chine Fan Changlong a appelé les Etats-Unis à faire davantage de démarches utiles à la stabilité de la région et au développement de l'amitié entre les armées des deux pays.

 

 

La Voix de la Russie

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