Denis Sassou-Nguesso: "œuvrer au nom du renforcement de la coopération russo-congolaise"

© RIA Novosti . Alexey Druzhinin / Accéder à la base multimédiaLe président congolais Denis Sassou-Nguesso
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Le président congolais Denis Sassou-Nguesso a accordé une interview à l'agence RIA Novosti à l'occasion du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques russo-congolaises.

Le président congolais Denis Sassou-Nguesso a accordé une interview à l'agence RIA Novosti à l'occasion du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques russo-congolaises.

RIA: Monsieur le président, vous aviez effectué plusieurs visites à Moscou du temps de l'Union soviétique, de la Russie, à votre avis, quelle leçon peut-on tirer de l'histoire de ces relations?

- Avant tout, il convient de dire que nous n'avons pas été à l'origine de ces relations. Ce sont nos prédécesseurs qui [ont engagé ces relations] au cœur même de la "guerre froide", [époque qui a coïncidé] avec la lutte de libération des peuples dans le monde et notamment en Afrique. A cette période-là, l'Union soviétique s'était engagée aux côtés des peuples d'Afrique. Et, c'est donc dans ce contexte global que nous avons établi des relations diplomatiques et signé des accords de coopération dans tous les domaines: diplomatique, politique, économique, social et culturel. Avec des résultats très importants. Donc, on peut dire que cette période de nos relations a permis de renforcer l'amitié entre nos peuples, les peuples russe et congolais.

Donc voilà, deux peuples qui se sont ainsi retrouvés dans les luttes et se sont mutuellement soutenus. Et donc, nous pouvons aujourd'hui nous réjouir du fait que ces cinquante ans de relations entre la Russie et le Congo aient donné de très bons fruits.

Monsieur le président, quelles sont, d'après vous, les perspectives de développement de ces relations?

-    Je pense qu'en dépit des changements intervenus dans le monde notamment après la chute du Mur de Berlin et des changements, nous avons réussi, le président Vladimir Poutine et moi, (…) à relancer cette coopération. Et je pense que (…) nos relations vont connaître un nouveau départ. D'ailleurs, on nous annonce dans les prochains mois, la tenue d'une grande commission mixte entre la Fédération de Russie et le Congo. Je crois qu'au cours de ces rencontres, on ira au plus près des projets, des objectifs.

Quels domaines privilégiez-vous dans ces relations? S'agit-il du commerce, des hydrocarbures, des industries ou des relations militaires? Qu'est-ce qui est le plus important?

-    Dernièrement nous nous sommes retrouvés avec les cinq pays, les BRICS, dont la Russie, en Afrique du Sud. Les cinq pays des BRICS ont déclaré qu'ils allaient créer une banque pour le développement de l'Afrique, notamment, pour le développement des infrastructures de base. Vous savez, en Afrique, ce qui manque le plus, le NEPAD l'a d'ailleurs souligné, ce sont les infrastructures de base sans lesquelles on ne pourrait pas réellement aller au développement. Donc, avec la création de cette banque des BRICS, nous pensons que la Russie jouera un rôle important dans le développement des infrastructures en Afrique, y compris au Congo. Ceci concerne tous les secteurs : les hydrocarbures, l'agriculture, les mines, les forêts, la formation, l'éducation des hommes. Parce qu'il n'est pas possible d'aller à l'émergence sans former des hommes compétents à tous les niveaux. Nous entendons œuvrer au sens de renforcement de la coopération entre le Congo et la Fédération de Russie. 

Il faut dire que depuis cinquante ans, votre pays, le Congo, a beaucoup changé: stabilité politique, développement économique, progrès social important. Comment voyez-vous le Congo d'aujourd'hui et quel objectif vous vous fixez dans le domaine social et économique?

-    Comme vous le savez, notre pays a connu une période difficile il y a une quinzaine d'années avec une guerre civile qui a détruit le pan entier de notre patrimoine économique et social. Il nous a fallu de grands efforts pour ramener la paix, la stabilité, la réconciliation nationale. C'était une démarche politique importante. Aujourd'hui, notre pays recouvre la paix, la stabilité, la vie politique normale. Il a engagé des programmes importants de développement de manière globale. Et nous disons que dans le cadre de la recherche de l'émergence d'ici à 2025, nous voulons nous engager dans le programme de modernisation et d'industrialisation du pays. L'industrialisation qui va s'appuyer sur le développement de l'agriculture, donc l'agro-industrie, le secteur forestier, le secteur minier. Donc, nous pensons que notre pays a ses atouts pour aller vers la modernisation et l'industrialisation. Mais, (…) pour atteindre ces objectifs (…) il faut travailler, travailler davantage.

Il faut dire que le Congo est impliqué dans la résolution de plusieurs crises, notamment vous êtes le médiateur dans le conflit centrafricain. On dit que Brazzaville est devenue la capitale diplomatique de l'Afrique. Comment voyez-vous ce processus, surtout en Centrafrique?

-    S'il n'y a pas de paix, de sécurité, les peuples ne pourraient pas aller au développement. Voilà pourquoi, que ce soit dans le cadre de la CEMAC, de la CEEAC, et même des grands lacs, nous travaillons activement au nom de la paix, de la stabilité et de la sécurité.  Nous contribuons comme nous le pouvons, à la recherche des solutions aux crises là où elles apparaissent. Notamment en RCA. C'est tous les partenaires internationaux qui se retrouvent ici à Brazzaville. Ils se sont déjà retrouvés à Brazzaville une fois, une autre fois à Addis-Abeba, à Bangui même (...). Nous travaillons fortement pour que la crise que connaît ce pays qui est une crise sérieuse, ne soit pas oubliée et pour que la communauté internationale se mobilise fortement afin d'aider ce peuple à sortir de cette impasse.

Propos recueillis par Nadim Zuaui, chef du bureau de RIA Novosti à Dubaï

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