Sanctions antirusses: quelles retombées pour les pays de l'UE ?

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Par un groupe de chercheurs membres du Conseil scientifique pour les questions d'intégration économique eurasiatique, de modernisation, de compétitivité et de développement durable auprès du conseil de l'Académie des sciences de Russie, sous la direction de Dmitri Mitiaev.

Par un groupe de chercheurs membres du Conseil scientifique pour les questions d'intégration économique eurasiatique, de modernisation, de compétitivité et de développement durable auprès du conseil de l'Académie des sciences de Russie, sous la direction de Dmitri Mitiaev.

La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que la Russie risquait de subir un "immense préjudice économique et politique si elle ne renonçait pas à sa politique en Ukraine". Elle a ajouté devant le Bundestag – le parlement allemand - que cette politique changerait les relations entre l'UE et la Russie et "serait également une catastrophe, pas uniquement pour l'Ukraine".

Cette note analytique vise à donner une appréciation générale des conséquences de cette "catastrophe" pour les pays de l'UE, notamment pour l'Allemagne, leader économique et principal partenaire commercial de la Russie.

La Russie, garante de la stabilité du marché énergétique européen

Bien que la part de la Russie dans les exportations allemandes soit de 3,5% (36 milliards d'euros sur plus de 1 000 milliards d'euros), les relations commerciales russo-allemandes sont bien plus importantes en réalité. La Russie fournit pratiquement la moitié du pétrole et le tiers du gaz consommés en UE. Ces dernières années l'Allemagne, après la construction du gazoduc Nord Stream, est devenue centrale pour la réception et la répartition d'une grande partie du gaz russe - les compagnies allemandes sont co-investisseurs et copropriétaires du Nord Stream. Sans compter les investissements conséquents et les prêts allemands dans l'économie russe.

Si l’on analyse la situation sur le long terme, le problème n’est pas à chercher dans de brèves perturbations des livraisons - qui pourront toujours être comblées grâce aux réserves, pouvant couvrir 1/5 de la consommation annuelle. Il s’agit de la stabilité du marché énergétique européen et, par conséquent, de l'économie allemande et européenne. Voyons le rôle de la Russie sur ce marché.

L'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne ont importé en 2012 233,6 milliards de mètres cubes de gaz (dont 195 milliards de mètres cubes par le gazoduc et 38,8 milliards de mètres cubes de GNL). Sur ces 195 milliards de mètres cubes, la part de Gazprom s'élève à 30% - soit 57,3 milliards de mètres cubes.

Les pays de la zone euro consomment 9,5 millions de barils de pétrole et de produits pétroliers par jour, et leur déficit intérieur en hydrocarbures avoisine 98% : c’est-à-dire que presque tous les pays en importent de l'étranger. En 2012-2013 on estime que les importations ont représenté 370 à 380 milliards de dollars par an. Les pays de l'UE, la Norvège et la Suisse consomment près de 13 millions de barils par jour. Les dépenses totales pour la consommation de pétrole et de produits pétroliers s'élèvent à 510-520 milliards par an. Le déficit intérieur des hydrocarbures en UE atteint 75% en tenant compte de la Norvège, et jusqu'à 90-92% sans la Norvège. Les importations compte tenu de la Norvège atteignent 380 à 400 milliards de dollars.

La Norvège produit 1,9 million de barils par jour, le Royaume-Uni – 0,9 million de barils par jour. Tous les autres pays européens produisent 0,5 million de barils par jour. Il n'existe aucune ressource permettant d'accroître la production pétrolière en Europe.

La consommation de pétrole diminue aussi bien dans la zone euro qu'en UE en général. Cette baisse a commencé en 2006 et se poursuit jusqu'à présent. La consommation de pétrole est aujourd’hui à son niveau du milieu des années 1980.

En cause notamment : l'amélioration de l'efficacité énergétique. Mais sur ces cinq dernières années les économies de nombreux pays de l'UE sont en baisse en raison de la récession et de la stagnation générale.

Qui importe du pétrole en Europe ?

La dépendance du pétrole russe en Europe est même plus importante que celle du gaz. Pratiquement la moitié des importations arrivent des pays de l'ex-URSS, dont 90% sont assurés par la Russie et le reste par le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. La Russie livre en Europe près de 5 millions de barils par jour.

Qu'arriverait-il en cas de perturbations des livraisons ?

Tout problème avec les livraisons pétrolières de Russie entraînerait une hausse inévitable du prix des hydrocarbures de plusieurs dizaines de pourcent, voire l'effondrement de l'économie européenne à long terme car la dépendance aux hydrocarbures russes dépasse 40%.

Pour l'Europe (en l'absence de fournitures de gaz et de pétrole russes) cela pourrait signifier :

- l'arrêt ou de sérieux problèmes pour 25-30% des centrales nucléaires en UE ;
- l'arrêt ou des perturbations pour 50% des raffineries et 60% compagnies métallurgiques ;
- des hivers froids garantis sans chauffage pour un tiers de la population de l'UE (plus de 100 millions de personnes), si le problème des livraisons russes n'était pas réglé pour la prochaine saison froide ;
- une crise des transports publics, privés et commerciaux (suite à la pénurie de carburant) ;
- la suspension du travail pour la majorité des usines chimiques ;
- la chute du PIB des pays de l'UE allant jusqu'à plusieurs dizaines de pourcent.

Le préjudice total serait largement supérieur à la crise de 2008-2009 et à l'embargo pétrolier des pays arabes au début des années 1970.

Telle est l'appréciation général préliminaire d'un éventuel embargo sur les fournitures pétrogazières russes sur le marché européen et/ou du blocus financier de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne, ainsi que d'une éventuelle  déconnexion des banques russes du système SWIFT (comme dans le cas de l'Iran).

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