Les particularités du séparatisme aux Etats-Unis

© RIA Novosti . Denis VoroshilovLes particularités du séparatisme aux Etats-Unis
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C’est au XIXème siècle que pour la dernière fois, les USA ont traversé des épisodes séparatistes.

C’est au XIXème siècle que pour la dernière fois, les USA ont traversé des épisodes séparatistes. 11 Etats avaient quitté l'Union entre 1860 et 1861, après l'élection d'Abraham Lincoln, pour créer une confédération indépendante. Un épisode qui avait entraîné la guerre de Sécession, à l'issue de laquelle l'Union était rétablie en 1865. Ce conflit a été le plus sanglant de toute l'histoire américaine.

Que s'est-il passé? Qui sont-ils?

Selon la législation américaine, il faut recueillir au moins 25 000 signatures pour soumettre une pétition au gouvernement: une démarche suivie récemment par sept Etats américains, plus particulièrement les habitants de régions traditionnellement républicaines qui souhaitent quitter l'Union - le Texas, la Louisiane, la Caroline du Nord, l'Alabama, la Géorgie et le Tennessee.
Ils ont été rejoints par la Floride, traditionnellement démocrate.

En tête de liste des "séparatistes" on retrouve le Texas, où plus de 106 000 personnes se sont prononcées en faveur de l'autonomie. Cet Etat dispose du "droit moral" de devenir un pays indépendant car contrairement à d'autres, il fut une république indépendante pendant 10 ans, entre 1836 et 1846. "Comme le Texas a un budget équilibré et représente la 15ème plus grande économie du monde, sa sortie de l'Union pourrait être mise en pratique", déclare la requête présentée, avec la demande d'autres Etats, sur le site internet de la Maison blanche dans la rubriques "Nous, le peuple".

Quels sont les arguments des séparatistes?

Outre l'argument économique, le Texas se réfère à la "violation flagrante de ses droits" par divers services fédéraux, y compris par l'Agence nationale américaine de sécurité dans les transports (TSA), dont le personnel fouille les passagers dans les aéroports.

Mais si, dans leur pétition pour la division des USA, les habitants du Texas ont donné des arguments concrets, les Louisianais ont exprimé leur souhait de "quitter pacifiquement les Etats-Unis d'Amérique pour créer leur propre gouvernement", s'appuyant sur la Déclaration d'indépendance de 1776.

En vertu des canons de la démocratie américaine prescrits par les pères-fondateurs, "chaque fois qu'une forme de gouvernement devient destructive, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir pour en établir une nouvelle". La pétition de Louisiane a recueilli 34 723 signatures.

Enfin, 31 550 habitants de Floride "constatent que le gouvernement fédéral est incapable de diriger honorablement le pays dans le monde contemporain". C'est pourquoi ils souhaitent également accéder à l'autonomie, pour instaurer un nouveau gouvernement. Les pétitions d'autres Etats convoquent des arguments similaires.

Va-t-on les laisser partir?

Toutes les pétitions affichées sur le site de la Maison blanche et réunissant plus de 25 000 signatures nécessitent une réponse officielle. Selon les experts, les chances que le président étudie sérieusement ces demandes sont nulles.

Cependant cette démarche, résultant de la confrontation politique accrue aux Etats-Unis et de la division, au sein de la société, sur l'évolution du pays, nécessitera davantage d'attention de la part de l'administration.

Quels sont les précédents?

C’est au XIXème siècle que pour la dernière fois, les USA ont traversé des épisodes séparatistes. 11 Etats avaient quitté l'Union entre 1860 et 1861, après l'élection d'Abraham Lincoln, pour créer une confédération indépendante. Un épisode qui avait entraîné la guerre de Sécession, à l'issue de laquelle l'Union était rétablie en 1865. Ce conflit a été le plus sanglant de toute l'histoire américaine.

En dépit de l'issue affligeante de cette guerre de quatre ans, les tendances séparatistes des Etats américains ont demeuré. Le Texas est allé plus loin : il est le seul Etat autorisé à hisser son drapeau au niveau de l’étendard américain. Ceux des autres Etats sont hissés sur des mâts moins élevés.

En 2005-2007, un mouvement politique est apparu à Vermont visant à diviser les USA au nom de la préservation de la démocratie. Le principal argument des séparatistes était la transformation du pays en un empire incontrôlable – trop grand, corrompu et ne représentant plus les intérêts de ses concitoyens.

A la fin des années 1990, près de 150 activistes de quatre Etats - La Floride, la Géorgie, le Texas et la Virginie - ont proclamé à leur congrès la formation du Parti du sud et ont annoncé leur programme de leur séparation pacifique des USA. Aux élections de 2000, ils avaient l'intention d'avancer leurs candidats dans au moins 16 Etats pour des postes au congrès mais aussi de gouverneurs, de maires et de députés de tout niveau.

Le séparatisme, particularité de la démocratie américaine?


La liste des manifestations séparatistes dans la société américaine est loin d’être complète. Traditionnellement, les Etats américains sont plutôt autonomes. Ils disposent de leurs propres parlements, de leurs lois qui ne ressemblent pas à celles des autres Etats, de leur police, de leur type de permis de conduire et de plaques d'immatriculation spécifiques. La Californie possède même sa propre douane. L’élection du gouverneur, à l'échelle d'un Etat, se déroule parfois de façon plus dramatique que l'élection présidentielle.

Dans ce contexte, le séparatisme ressemble à un mouvement tout à fait démocratique. En effet pourquoi, s'il existe le principe d'inviolabilité du domicile, ne pas faire du Texas – ou, disons, du Vermont - un Etat indépendant.

Est-ce une gêne pour le pays ? Indiscutablement, le séparatisme n'est jamais le phénomène le plus agréable. Il peut d’ailleurs devenir extrêmement sanglant. Il en existe de nombreux exemples: les Kurdes en Irak et en Turquie, la séparation du Soudan du Sud et du Timor oriental, le problème du Sahara occidental.

Cependant, le séparatisme américain peut être perçu comme un phénomène à part. Il est constitué, dans l'ensemble, de gens pacifiques, qui toutefois oublient périodiquement de déclarer qu’ils possèdent un train blindé. Même le Texas "extrêmement autonome", ne rechigne pas pour demander de l'aide au centre fédéral en cas de catastrophe. Et le gouvernement de Washington n'engagera jamais aucune action qui puisse être néfaste pour les habitants d'un Etat "insurgé" - pour parer les sentiments séparatistes.

Conformément à la législation américaine, si le président américain proclame un Etat "zone de catastrophe", cela permet automatiquement à ce dernier de bénéficier d'une assistance du budget fédéral, chose dont profite régulièrement le Texas, souvent frappé par des ouragans tropicaux et des incendies de grande ampleur.

Et ce n'est qu'un exemple des avantages apportés par le gouvernement central, malgré toutes les allégations séparatistes prônant la sortie des USA.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

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