L'abaissement des notes de crédit de l'Espagne et de Chypre

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Les efforts des autorités européennes pour sauver la zone euro de la crise de la dette commencent à sembler inutiles, et la confiance dans les économies des pays de la région concernée continue de chuter, comme en témoigne l'abaissement la nuit dernière des notes de crédit de Chypre et de l'Espagne par l'agence de notation Moody's de deux et trois crans respectivement.

Les efforts des autorités européennes pour sauver la zone euro de la crise de la dette commencent à sembler inutiles, et la confiance dans les économies des pays de la région concernée continue de chuter, comme en témoigne l'abaissement la nuit dernière des notes de crédit de Chypre et de l'Espagne par l'agence de notation Moody's de deux et trois crans respectivement.

La situation en Espagne est pire qu'ailleurs
La note de crédit de l'Espagne a été abaissée de trois crans à la fois, de A3 à Baa3, de crainte que l'intention des autorités espagnoles de demander à l'Union européenne une aide à hauteur de 100 milliards d'euros n'augmente davantage la dette publique du pays, ainsi qu'en raison de l'exposition de l'économie espagnole aux risques de troubles.

"La décision de Moody's à l'égard de l'Espagne montre que les marchés n'ont pas été rassurés par la décision des autorités de la zone euro d'accorder aux banques espagnoles jusqu'à 100 milliards d'euros", a déclaré Clay Lowery, vice-président de Rock Creek Global Advisors LLC.

Selon lui, le plus important pour une agence de notation est la solvabilité de l'emprunteur, et la charge de la dette de l'Espagne continue à s'accroître en aggravant les problèmes économiques du pays.

L'optimisme a cédé la place au scepticisme
Samedi dernier, l'Eurogroupe (conseil des ministres de l'Economie et des Finances des pays de la zone euro) a jugé possible d'accorder à l'Espagne une recapitalisation des banques en difficultés jusqu'à 100 milliards d'euros grâce aux fonds européens. Selon des informations officieuses, dans le cadre de cette aide l'Espagne pourrait recevoir un crédit pour un délai de 10-15 ans avec un taux d'intérêt de 3%, et un mémorandum d'entente avec l'UE devrait être signé à cet effet entre le 21 et le 28 juin.

Cette décision a apporté une vague d'optimisme sur les marchés, mais son effet a été éphémère. En particulier, les marchés boursiers mondiaux n'ont réagi positivement à celle-ci que durant une journée, puis ils ont été rongés par le doute concernant la capacité de ces mesures à empêcher la propagation de la crise dans la zone euro.

La hausse du taux de rendement de la dette espagnole à 10 ans prouve également que les investisseurs se posent des questions – il continue de croître rapidement chaque jour, et atteint déjà jeudi 6,9%, en s'approchant du seuil critique de 7%.

"Les marchés de la dette nous montrent que les investisseurs n'ont pas été rassurés par la décision d'apporter de l'aide aux banques espagnoles, et la prochaine étape pourrait être la "capitulation" du gouvernement [espagnol] et la demande d'aide créancière pour toutes les institutions financières de l'Etat", estime James Stewart, analyste chez AX Markets.

Le monde se réjouit, les marchés s'y attendaient
Mais dans l'ensemble, la réaction de Moody's était attendue, car la semaine dernière une autre agence, Fitch, avait également rétrogradé le note de crédit espagnole de trois crans en raison des craintes pour le secteur bancaire du pays.

Certaines puissances mondiales ont pris avec optimisme la décision du soutien international du système bancaire espagnole – cette mesure a été approuvée par l'Allemagne et les Etats-Unis, et Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI), a réagi avec optimisme.

La veille, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a déclaré que la décision concernant l'Espagne est le signal concret de la ferme volonté des autorités européennes de former une union bancaire en Europe, une mesure aussi importante étant capable de réduire la pression de la crise.

Qui sera le cinquième?
Cependant, le scepticisme des investisseurs mondiaux n'était pas infondé: immédiatement après l'abaissement de la note de crédit de l'Espagne, l'agence s'est attaquée à Chypre - sa note de crédit a été revue à la baisse de deux crans, de Ba1 à Ba3. L'agence l'a expliqué par la hausse significative de la probabilité de la sortie de la Grèce de la zone euro et, par conséquent, par l'augmentation du soutien public qu'il sera nécessaire d'accorder aux banques chypriotes.

Ces derniers temps, les rumeurs d'éventuelle demande d'aide financière formulée par Chypre se répandent sur les marchés: de cette manière ce pays pourrait devenir la cinquième victime de la crise de la dette, incapable de s'en sortir sans l'aide extérieure. Néanmoins, les autorités de l'île n'ont encore donné aucune confirmation au sujet d'une telle mesure.

La veille, la presse a prétendu que Chypre pourrait obtenir de la Russie un crédit d'un montant pouvant s'élever à 5 milliards d'euros.

"Les investisseurs ont peur d'investir de l'argent sur les marchés des pays qui, selon eux, pourraient suivre le chemin de la Grèce", estime Shane Oliver d'AMP Capital Investors Ltd.

Chypre a connu des difficultés financières lorsque le gouvernement chypriote a décidé de recapitaliser la deuxième plus grande banque de l'île, Cyprus Popular Bank. L'augmentation du capital coûtera 1,8 milliard d'euros, soit 10% du PIB de l'Etat insulaire. Chypre a jusqu'à fin juin pour trouver l'argent nécessaire. Le pays finance déjà une partie de ses engagements courants grâce au crédit intergouvernemental de la Russie à hauteur de 2,5 milliards d'euros.

Le calme règne sur les bourses
Les marchés boursiers mondiaux ont faiblement réagi aux décisions nocturnes de l'agence de notation: les indices européens varient très peu, et le cours de l'euro sur le marché Forex avoisine jeudi la marque de 1,2560 dollars, ce qui est proche du niveau à la fermeture de la veille.

A Moscou, sur MICEX, l'euro a gagné près de 20 kopecks et vaut un peu plus de 41 roubles.

Selon les estimations des analystes, la baisse du cours de la parité euro/dollar est un signal modérément négatif qui, d'ailleurs, est déjà largement pris en compte dans les prix.

"Les économistes de l'agence se réfèrent aux données en possession depuis longtemps sur le marché et qui sont déjà prises en compte dans les prix: Madrid pourrait avoir besoin d'environ 100 milliards d'euros pour recapitaliser son système bancaire, et cela ne fera qu'accroître la pression sur les indices de dette du pays", déclarent les analystes de la société Investcafe.


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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