La politique étrangère russe: le même tandem après le roque

© RIA Novosti . Yana Lapikova / Accéder à la base multimédiaVladimir Poutine
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Les relations russo-américaines ont commencé de manière saisissante avec l'arrivée de Poutine-3. Le président russe a annoncé à son homologue américain qu'il n'assisterait pas au sommet du G8 à Camp David parce qu'il était très occupé.

Les relations russo-américaines ont commencé de manière saisissante avec l'arrivée de Poutine-3. Le président russe a annoncé à son homologue américain qu'il n'assisterait pas au sommet du G8 à Camp David parce qu'il était très occupé.

L'entourage de Barack Obama s'est demandé à son tour s'il fallait se rendre en automne à Vladivostok pour le sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC). D'autant plus que le président américain aura sans doute aussi d'autres choses à faire avec le début de la phase décisive de la campagne présidentielle.

Evidemment, tout le monde se casse la tête pour savoir quelle est le motif de cette décision inattendue – car le mois dernier les parties avaient délicatement convenu de transférer la rencontre de Chicago à Camp David, pour ne pas faire de vagues inutiles à cause du sommet de l'Otan.

Le spectre des versions est très large, allant de la version officielle peu convaincante (le besoin urgent de travailler à la formation du gouvernement, mais en l'absence du premier ministre) à la version officieuse – remettre la Maison blanche à sa place et montrer tout de suite que les Etats-Unis ne sont pas le centre de l'Univers. Quoi qu'il en soit, le plus intéressant ce ne sont pas la forme ou les gestes, mais le contenu.

Tout d'abord, cela n'avait aucun sens de débattre aujourd'hui de quelque chose de concret. Comme l'a honnêtement reconnu Barack Obama dans une conversation à Séoul avec Dmitri Medvedev qui n'était pas destinée au public, avant la présidentielle il a les mains complètement liées par la campagne électorale. Et la souplesse dans la question palpitante de la défense antimissile (ABM) ne sera possible qu'après le vote de novembre. Plus précisément, pas avant février-mars, lorsque la nouvelle administration commencera à établir ses priorités en matière de politique étrangère.

A l'heure actuelle, même la mention du fait qu'Obama et Poutine ont parlé de quelque chose fera du président la cible d'attaques virulentes de la part de ses adversaires républicains.

On assistera à une situation similaire au G20 au Mexique, où les deux chefs d'Etat comptent apparemment se rencontrer, et surtout au sommet de l'APEC à Vladivostok.

Ainsi, il est faux d'affirmer que l'absence du président russe à Camp David ne permettra pas d'avancer dans la discussion de questions importantes – il ne sera possible d'avancer nulle part dans les mois à venir.

Toutefois, la communication elle-même dans la politique est parfois tout aussi importante que le résultat, notamment pendant des périodes politiquement actives, comme aujourd'hui pendant les campagnes électorales dans les deux pays.

Ce n'est certainement pas l'avis de Poutine. Il est au pouvoir depuis la fin des années 90 et il a depuis longtemps passé l'âge auquel le processus international et l'apparition à la télévision réjouissent les politiques. A un certain moment, il a commencé à s'en lasser, car en principe il vise un résultat rapide et des accords concrets.

Ce n'est pas un hasard si Poutine communique plus volontiers avec les représentants des grandes entreprises occidentales – on sait ce qu'ils veulent, ce qu'ils peuvent apporter et comment traiter avec eux.

Les conventions politiques dont déborde la routine diplomatique sont étrangères à Vladimir Poutine. Il ne croit tout simplement pas en la sincérité des arguments des dirigeants américains et européens sur la démocratie et les droits de l'homme, considérant que c'est un moyen de couvrir les intérêts économiques et géopolitiques. Et il ne juge pas utile d'user d'une éloquence choisie, à l'exception peut-être de ses métaphores à la limite du correct qui font toujours parler d'elles, mais il n'est pas recommandé d'en abuser.

Dans l'ensemble, la situation de 2008-2012 était plus que convenable pour Poutine, lorsqu'il était premier ministre, et Dmitri Medvedev avait assumé toutes les obligations protocolaires et représentatives. Il exprimait rarement son point de vue en public, seulement dans les rares occasions où quelque chose ne lui convenait pas.

De toute évidence, en devenant président, Vladimir Poutine a l'intention de conserver le tandem sous cette forme, en laissant au premier ministre un plus large champ d'action sur la scène internationale. La constitution le permet – elle mentionne le rôle du premier ministre dans la politique étrangère, et le reste relève d'arrangements.

D'autant plus que Medvedev n'est pas un premier ministre ordinaire, il était il y a encore très peu de temps président, et c'est la personne de confiance la plus proche du président actuel. De cette manière, tout ce qui sera discuté avec Dmitri Medvedev sera directement transmis à Poutine.

Et le président assistera aux activités les plus importantes. Soit aux événements où l'absence du chef de l'Etat peut être interprétée comme un manque de respect (par exemple en Asie, cela explique que Poutine se prépare activement au sommet de l'OCS), ou autres forums où des décisions concrètes peuvent être prises.

On ignore encore dans quelle mesure ce modèle de politique étrangère russe sera efficace dans les relations en général, et avec les Etats-Unis en particulier. Cela pourrait élargir l'inventaire si on parvenait à rendre le poids politique du premier ministre équivalent à celui du président. Quelque chose de similaire à la version chinoise, lorsque la visite du premier ministre Wen Jiabao attire autant l'attention que l'arrivée du président Hu Jintao.

Medvedev, premier ministre, devra donc acquérir un poids équivalent à celui de son prédécesseur à ce poste. Et personne ne soupçonnera que l'absence de Poutine à un événement international est une démarche politique, et la réaction ne sera pas aussi indignée qu'aujourd'hui.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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