La Russie a convaincu Damas. Au tour de l'opposition

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Il existe désormais un espoir d'empêcher d'éclater la guerre civile qui est en train de couver en Syrie. Cependant, le niveau de méfiance entre le gouvernement et l'opposition dans ce pays est si fort que toute étincelle accidentelle pourrait à nouveau provoquer une escalade de la violence.

Il existe désormais un espoir d'empêcher d'éclater la guerre civile qui est en train de couver en Syrie. Cependant, le niveau de méfiance entre le gouvernement et l'opposition dans ce pays est si fort que toute étincelle accidentelle pourrait à nouveau provoquer une escalade de la violence. Comment y faire obstacle et comment agir en cas d'échec? Cette question est abordée ce mercredi 11 avril à Washington par les ministres des Affaires étrangères du G8.

Jusqu'au 12 avril
Les ministres préparent le sommet du G8 qui se tiendra à Camp David à la mi-mai, et auquel Vladimir Poutine participera. Il est possible que d'ici là l'avenir de la Syrie, qui préoccupe la communauté internationale, soit plus clair. Parmi les thèmes tout aussi importants de l'ordre du jour – les programmes nucléaires iranien et nord-coréen, ainsi que l'ABM américain en Europe.

Cependant, c'est à la Syrie que sera consacrée la réunion à huit clos d'aujourd'hui (11 avril) du Conseil de sécurité des Nations Unies à New York. La situation en Syrie est trop fragile, les camps en conflit sont trop près du seuil d'une longue guerre civile, et étant donné la détérioration incessante de la situation, il reste trop peu de temps pour les manœuvres diplomatiques.

Il n'y a pas 36 solutions. Soit on parvient dès cette semaine à un cessez-le-feu, puis à une entente politique sur la réforme du régime jusqu'à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. Soit la violence continue, et les pays occidentaux avec la Turquie et les partenaires arabes devront s'impliquer de plus en plus dans le dangereux conflit syrien. Les moyens de pression sont assez limités: de la menace de nouvelles sanctions à une intervention militaire en Syrie.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est arrivé à Washington porteur de nouvelles informations communiquées par son homologue syrien Walid Mouallem. Ce dernier s'est rendu à Moscou en début de semaine pour un entretien, qui a provoqué beaucoup d'agitation chez les journalistes, mais n'a pas donné au public de réponse à la question de savoir s'il sera possible de cesser le feu dans le délai imparti de 2 jours.

Toutefois, le ministre syrien a dit quelque chose d'important: les troupes gouvernementales quittent les zones de contact avec l'opposition, et la suite dépend principalement du camp opposé et de ses parrains.

Le décompte a commencé le 10 avril à 6h00, heure de Damas. Dans exactement 48 heures, c'est-à-dire avant 6h00 le 12 avril les unités gouvernementales doivent regagner leurs casernes et quitter les communes où ils ont participé depuis un an à la répression de l'opposition.

Qui donnera des garanties?

Les témoins en Syrie rapportent qu'on entend par endroits des coups de feu, et au cours des dernières 24 heures les victimes n'ont pas pu être évitées. La situation reste tendue en raison du flux des réfugiés et des tentatives des trafiquants d'armes pour traverser la frontière de la Syrie avec la Turquie, le Liban et l'Irak.

Le fait que le gouvernement syrien ait accepté le plan de paix conçu par l'ancien secrétaire des Nations Unies Kofi Annan est largement à mettre au crédit de la diplomatie russe. Il était difficile pour les autorités syrienne de commencer à retirer leurs troupes, comme l'exige ce plan en six points.

"Après tout, beaucoup de pays discutent déjà ouvertement de l'approvisionnement de l'opposition syrienne en armes. Où sont alors les garanties que l'opposition ne lancera pas une offensive armée contre le régime immédiatement après que les troupes gouvernementales se seront retirées des villes?", a récemment déclaré l'académicien Evgueni Primakov, orientaliste russe. Il connaît bien le président syrien Bachar al-Assad et son ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, et comprend ce qui se trouve derrière l'exigence de garanties écrites de l'opposition sur le respect par cette dernière des clauses de l'accord.

Mais de toute évidence, à Moscou il a été expliqué au ministre syrien qu'il était inconcevable d'obtenir de telles garanties de l'opposition, qui plus est écrites, comme l'avait annoncé deux jours auparavant le MAE syrien. L'opposition est divisée et agit de manière désordonnée. Mais quant aux garanties de la part de ceux qui peuvent influencer l'opposition, par exemple le médiateur principal dans le règlement de la situation en Syrie, Kofi Annan, c'est une autre question.

Walid Mouallem a évoqué cette nécessité devant les journalistes à la veille de son départ pour la Russie. A son tour, Sergueï Lavrov a également promis qu'il discuterait de cette question à Washington pendant sa rencontre avec Annan et ses collègues occidentaux.

Après avoir fait pression sur le gouvernement syrien, la Russie cherchera à faire en sorte que les Etats-Unis, la France et d'autres pays forcent l'opposition à s'abstenir de déclarations politiques virulentes, ainsi que d'attaques armées.

"On espère que ceux qui sont d'une manière ou d'une autre impliqués dans cette situation travailleront également sans arrière-pensée, sans arrières plans géopolitiques, en partant des intérêts fondamentaux du peuple syrien", a déclaré mardi Sergueï Lavrov à l'issue de son entretien avec Walid Mouallem.

Les casques bleus des hauteurs du Golan
Si la situation évoluait positivement, il faudrait régler au fur et à mesure les questions techniques. Par exemple, pour déterminer qui contrôlera le respect du cessez-le-feu et comment empêcher une récidive.

Selon le ministre russe Sergueï Lavrov, "il est nécessaire d'envoyer en Syrie des observateurs internationaux le plus rapidement possible." Il existe des raisons de supposer que Kofi Annan est également de cet avis. Pour commencer il pourrait être question de la participation au règlement du conflit syrien des officiers de l'Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) au Proche-Orient.

Des casques bleus de ce genre ont, par exemple, été déployés depuis plusieurs années sur les hauteurs du Golan occupées par Israël pendant la guerre contre la Syrie en 1967. Il serait facile d'en projeter une partie en Syrie, dont des Russes, à partir de ce territoire frontalier. Plus tard, on pourrait les renforcer par des observateurs venus spécialement. Le plus important est que cela soit efficace et que les deux camps en conflit l'acceptent.

Le général norvégien Robert Mood, qui commande l'ONUST, négocie actuellement ce point à Damas.

Quoi qu'il en soit, la Russie a laissé entendre qu'elle avait accompli sa tâche, à savoir qu'elle a obtenu le maximum possible du gouvernement syrien, car le retrait des troupes a commencé tant bien que mal. Quelle sera la réaction de l'opposition et dans quelle mesure la situation contribuera-telle à un dénouement pacifique? Ces questions restent ouvertes pour l'instant.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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